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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 14:28
Chalandon Sorj, Profession du père

C’est le dernier roman de Sorj Chalandon et il me tardait de le lire. Voilà je l’ai lu, d’une traite. C’est encore un roman à la première personne. Cette fois, c’est Émile qui raconte, Émile Choulans, ce fils qui ne fait qu’écrire sur la ligne « Profession du père » de ses fiches de rentrée scolaire. Il est vrai que ce père ne quitte jamais la maison sauf pour aller s’assoir chez le garagiste d’à côté. Pourtant il revêt robe pastorale noire à rabats blancs et étole violette pour confesser son fils et même, une fois, pour l’exorciser, il a un béret rouge de parachutiste sur la plage arrière de sa voiture, il est chanteur mais a sacrifié sa carrière pour permettre aux Compagnons de la chanson de réussir la leur, il est un rebelle de l’OAS aux côtés de Salan, Challe, Jouhaud et Zeller, il est aussi agent secret.
Émile vit seul avec son énigmatique père et avec sa mère. Tous deux subissent les brimades et la violence d’André Choulans, le père. La mère la subit en silence, parce que c’est ainsi. Quand son époux bat Émile ou quand il le contraint à un entrainement militaire en pleine nuit, elle l’ignore ou elle vient ensuite vers Émile en lui disant qu’il le sait bien, que son père est comme ça.
Outre le sujet poignant de ce récit, ce que je trouve intéressant c’est le regard d’Émile comme narrateur. Il est Émile enfant, prêt à tuer le général de Gaule quand son père le lui demande, prêt enrôler un camarade dans l’OAS pour faire comme son père, prêt aussi à se mettre en boule, en position fœtale pour subir les coups de ceinture de son père, pleurant avant et après les coups mais jamais pendant. Et on le voit jeune adulte chassé de chez lui, jeune papa venu présenter son enfant et ne rencontrant qu’indifférence de ses parents puis homme racontant leur histoire familiale aux médecins de l’hôpital où son père a été interné et puis en 2011 seul avec sa mère : « Nous n’étions que nous, ma mère et moi. Lorsque le cercueil de mon père est entré dans la pièce, posé sur un chariot, j’ai pensé à une desserte de restaurant. Les croque-morts étaient trois. Visages gris, vestes noires, cravates mal nouées, pantalons trop courts, chaussettes blanches et chaussures molles. Ni dignes, ni graves, ils ne savaient que faire de leur regard et de leurs mains. J’ai chassé un sourire. Mon père allait être congédié par des videurs de boîte de nuit. »

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commentaires

M
Tout d’abord, Sorj Chalandon a voulu se confesser sur son enfance. En effet, ce roman a marqué un tournant dans sa vie. Il a pour commencer raconté dans chacun de ses 7 autres livres quelques caractéristiques de son père. A sa mort, l’auteur a voulu se confier à travers Emile, il n’a pas voulu montrer que son père était un « salaud » mais qu’il aurait préféré une vie normale. C’est pourquoi Sorj Chalandon a eu beaucoup de mal à l’avouer mais ce roman est autobiographique. De ce fait, ce n’est pas une fiction mais sa vie écrite sur du papier.<br /> <br /> Nous suivons la vie d’Emile de petit garçon à adulte dans les années 60. Le roman débute sur son enfance étrange avec un père qui change de métier chaque jour, passant de chanteur à footballeur, pasteur, espion, professeur de judo et parachutiste ce qui explique le titre du roman. Ensuite Emile idéalise son père et vit dans son monde. Même lorsque celui-ci lui demande de tuer le général de Gaulle pour cause de trahison il ne se pose aucune question. Emile a aussi un parrain. Un espion américain, héros qui ne possède qu’un seul bras, ami de son père, qui doit venir en France pour rejoindre l’OAS et rendre l’Algérie à la France…<br /> A ce moment précis, Emile n’a plus de père et n’est plus un enfant, il devient un soldat accompagné de son supérieur.<br /> D’ailleurs la comparaison avec le roman le Quatrième Mur est facile étant donné que l’auteur se compare aux deux personnages principaux Georges et Emile avec une narration intradiégétique. Il passe donc sa vie d’adulte près des guerres et son enfance embrigadé dans un conflit imaginaire. Dans ces deux roman, le lecteur est près du personnage principal il ressent ses émotions et le soutient.<br /> Ce livre fait partie des choses que l’on n’oublie pas facilement avec des thèmes comme la maltraitance, le mensonge, la maladie et la violence physique et mentale. Autant de noms pour montrer l’injustice que subit Emile tout au long de sa vie. Bien que le lecteur puisse identifier le problème du père dès le début, c’est un mythomane dont les mensonges sont plus gros les uns que les autres, il y a clairement une évolution. Passer d’une enfance tourmentée à la réalité de la vie est dur pour Emile. Surtout que son père change souvent de comportement. L’enfant ne peut donc pas se rendre compte que c’est illogique et qu’il n’a pas à subir toutes ces violences. La comparaison avec la première guerre mondiale est visible du plan des violences physiques et psychologiques comparables à celles des soldats des tranchées. Donc Emile est un soldat.<br /> <br /> En lisant ce roman j’ai pu ressentir de nombreuses émotions contraires. Par exemple, ce livre est dérangeant avec l’évocation de « la maison de correction » cet endroit où est enfermé le protagoniste lorsqu’il fait des bêtises ou encore les repas de famille qui sont austères. Le foyer d’Emile est clos, les fenêtres sont cachées et personne ne peut y entrer ce qui donne une atmosphère pesante. Cet endroit pourrait être considéré comme une secte. De surcroît la fin est tout simplement émouvante. Sorj Chalandon mérite d'être lu et apprécié à sa juste valeur. Il m'a d'ailleurs donné envie de lire "mon traite" qui pourrait s'avérer une merveilleuse découverte.
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E
<br /> On peut facilement en effet comparer ces deux livres de Sorj Chalandon – « Profession du père » et « Le Quatrième mur »- puisque ceux-ci témoignent sur la vie de l’auteur. Cela ne se déroule pas à la même période de sa vie (respectivement l’enfance et sa vie d’adulte).<br /> Ce livre –malgré les quelques moments choquants- reste vraiment intéressant. En effet, le père d’Emile est très violent avec sa famille comme par exemple quand sa femme est allée à un concert, il l’oblige à dormir devant la porte ou encore quand son fils n’obéit pas à son père ; celui-ci enferme son enfant dans un placard avec l’interdiction de bouger et ce, pendant plus d’une nuit. Ce placard est durement nommé « la maison de correction » ce qui amplifie la méchanceté de ce père de famille. De plus, le père n’a aucune retenue avec son fils, il lui raconte des faits vraiment choquants pour un enfant de 12 ans. Pourtant, Emilie est tellement admiratif pour son père qu’il est prêt à se comporter comme lui. Comme il ne reçoit aucune autre éducation, son père est un véritable héros. <br /> La fin de ce roman est vraiment poignante et inattendue même si au fond, on n’attend que cette fin depuis le début de l’histoire.<br /> Anne-Claire<br /> <br />

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