Je viens d'achever la lecture de ce roman de Laurent Mauvignier, un auteur dont j'avais déjà présenté ici "Des Hommes"
Continuer est un roman très différent par son sujet mais qui lui aussi vous tient en haleine jusque la fin, laissant le lecteur s'interroger sur le sens de l'histoire qui mêle questions sociales, questions psychologiques, actualité et universalité jusqu'au dénouement.
Continuer est l'histoire d'un adolescent à la dérive, victime "collatérale" du divorce de ses parents. Et puis c'est aussi l'histoire du couple de ses parents qui se déchire. Et puis l'histoire d'une femme qui semblait avoir lâché prise depuis très longtemps et soudain rompt avec tout ce qui lui restait et part au Kirghizistan, à cheval, seule avec son fils. Enfin c'est l'histoire d'une blessure qui peine à cicatriser et contamine la vie. L'auteur semble tenir tous ces fils à la fois sans que l'on puisse saisir le lien avant la fin, une fin bouleversante.
Cela nous vaut quelques dialogues réalistes et peut-être un peu trop prosaïques, des scènes de tension où la communication semble impossible mais aussi des récits introspectifs où l'on peine à démêler rêve et réalité avant le dénouement et de belles pages poétiques qui nous transportent dans les lointains paysages de ce pays d'ex-URSS.
"Alors ce soir, ils montent encore et, après les futaies, après les arbres, une large plaine s'ouvre. Des yourtes apparaissent ici et là, de loin en loin, comme d'énormes champignons sur un sol herbeux. À chaque fois c'est plus ou moins la même histoire, alors ce soir non plus ils be sont pas surpris de voir venir à eux deux jeunes Kirghizes à cheval qui se précipitent et insistent, tout sourire, pour qu'ils viennent avec eux" (p 155)