Ce roman paru en 2000 et adapté au cinéma dès 2001 par l'auteur lui-même a été couronné du prix Relay du Roman d'évasion.
Le cadre spatio-temporel du récit est la Chine de Mao entre 1971 et 1974 c'est à dire à l'époque de la Révolution culturelle qui a conduit à considérer tout intellectuel comme ennemi du peuple et en conséquence à exiler les enfants de ces ennemis dans les contrées les plus reculées et les moins alphabétisées du pays, ici dans les hautes montagnes où des paysans convertis à la cause se chargent de plier les jeunes gens aux volontés du pouvoir.
Le narrateur et son ami Luo, jeunes fils d'ennemis du peuples âgés de 17 et 18 ans sont ainsi condamnés à travailler dans les rizières et dans les mines, ils n'ont pas plus de 3 chances sur 1000 d'y échapper un jour.
Pourtant l'objectif de cet exil échappe en grande partie aux commanditaires : les jeunes garçons s'emparent de livres cachés par un autre exilé et découvrent avec gourmandise d'abord Ursule Mirouët puis Le Père Goriot et Eugénie Grandet de Balzac et aussi Jean-Christophe de Romain Rolland et beaucoup d'autres romans occidentaux interdits.
"Le Binoclard hésita-t-il longtemps avant de choisir de nous prêter ce livre? Le pur hasard conduisit-il sa main? Ou bien le prit-il tout simplement parce que, dans sa valise aux précieux trésors, c’était le livre le plus mince, dans le pire état? La mesquinerie guida-t-elle son choix? Un choix dont la raison nous resta obscure, et qui bouleversa notre vie, ou du moins la période de notre rééducation, dans la montagne du Phénix du Ciel.
Ce petit livre s’appelait Ursule Mirouët.
Luo le lut dans la nuit même où le Binoclard nous le passa, et le termina au petit matin. II éteignit alors la lampe à pétrole, et me réveilla pour me tendre l’ouvrage. Je restai au lit jusqu’à la tombée de la nuit, sans manger, ni faire rien d’autre que de rester plongé dans cette histoire française d’amour et de miracles."
Ils ne se contentent pas de découvrir les romans, ils partagent aussi leurs découvertes avec la fille du tailleur local. C'est par là surtout que les objectifs maoïstes sont déjoués : la petite tailleuse chinoise se cultive et s'émancipe. Un jour, elle s'en va, elle quitte les montagnes pour "une grande ville" et ainsi s'achève le roman.