Ce roman d’Anne-Laure Bondoux paru le 4 octobre 2018 chez Fleuve Editions nous raconte l’histoire de Valentine et de son frère Fred qui suivent à tour de rôle toute une série de cataclysmes dans leur vie personnelle : avant le début du récit, ils ont perdu leur mère, Monette.
Ce décès semble inattendu et Valentine en particulier en subit le contrecoup au point que son frère s’inquiète pour elle. Il faut dire que Valentine doit aussi se remettre d’une séparation avec son conjoint. Celui-ci, enfant de réfugiés grecs est très engagé en politique et vient de se joindre à la campagne électorale en vue des présidentielles en faveur de Macron. Comme il s’attend à la victoire, il souhaite être blanc comme neige et pour cette raison, il demande à Valentine de quitter l'appartement HLM qu’il détient depuis de nombreuses années abusivement. Perdre sa mère, son appartement, son conjoint, et savoir ses enfants loin, c’est un très gros poids pour notre héroïne. Mais son frère, Fred, n’est pas nécessairement plus avantagé : au fil de l’histoire il va découvrir lui aussi bien des surprises qui vont le déstabiliser.
L’histoire est un hymne à la fraternité, à la solidarité et à l’amitié. Ce sont les trois valeurs qui vont permettre à Fred et à Valentine de surmonter d’énormes déconvenues auxquelles ils vont être confrontés dans le récit.
J’ai bien aimé ce roman, très humain, plein de tendresse et simplement agréable à lire. Les 406 pages se lisent avec délectation. Il rejoint dans ma bibliothèque les plus beaux romans d'amitié parmi lesquels je range Des Souris et des hommes de John Steinbeck et La Petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel,
Extrait de la première partie :
Léon pénétra le premier dans la cuisine avec son allure de président du conseil. Le poil propre, la moustache fournie, il ne lui manquait qu’une paire de lunettes rondes pour ressembler définitivement à Blum, son homonyme humain. Il fit le tour de la table, vint se frotter contre les jambes de Valentine, puis sauta sur une chaise, et au même moment, Monette apparut sur le seuil.Contre toute attente, elle n’était pas en robe de chambre. Les traits détendus, légèrement maquillée, elle semblait presque sortir de chez le coiffeur et portait sur les épaules ce châle à grosses mailles que Valentine lui avait offert pour un anniversaire. Son regard flottait derrière les verres épais de ses lunettes.
— J’ai rêvé de toi cette nuit, dit-elle sans prendre le temps d’un bonjour. Quand je t’ai vue descendre du taxi, tout à l’heure, ça m’a fait drôle.
Elle vint déposer une bise sur la joue de sa fille.
— Tu aurais pu me prévenir, cocotte. Rien n’est prêt. Mais ça me fait plaisir que tu sois là. Très plaisir.
— Vraiment ? fit Valentine, déconcertée par tant de douceur. Eh bien… moi aussi je suis contente d’être là. J’ai fait du café.— C’est bien. C’est très bien.
Monette jeta un coup d’œil vers la fenêtre ; le rideau de pluie qui arrosait les coteaux progressait à présent vers la maison à la façon d’un arrosage automatique. Elle serra un peu plus le châle sur ses épaules, et lorsqu’elle fut assise, le chat quitta la chaise pour s’installer sur les genoux de sa maîtresse.
— Gros père, sourit Monette en lui grattant le dos.
Valentine remplit les tasses. Alors qu’elle se levait pour reposer la cafetière sur son socle, elle sentit le regard de sa mère peser sur elle."