"Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pour enfants parce qu’il n’avait pas trouvé mieux que l’empêchement, l’éloignement, la privation, la restriction, l’enfermement et un tas de choses qui n’existent qu’entre des murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c’est-à-dire des gens qui filent droit."
Ainsi commence Le ciel par-dessus le toit. Le titre bien sûr nous rappelle le poème de Verlaine dans Sagesse et il sied comme un gant à ce court roman où l’on enferme un jeune Loup, frère de Paloma et fils de Phénix, en prison où devenu « Écrou 16587 », il pense à ce poème appris quand il était à l’école, qui parlait du ciel par-dessus le toit mais ce n’est pas la même chose. » La prison pour mineurs, la vie de Loup, de sa sœur Paloma, de sa mère Phénix autrefois Aliette, non tout cela n’a pas grand-chose à voir avec le poème de Verlaine. Aliette, victime de l’amour de ses parents, s’est retirée de la civilisation pour devenir Phénix et vivre en marge de la ville. Elle a couvert son corps de tatouages, un énorme dragon grime dans son dos, elle a deux enfants de pères inconnus et leur a donné des noms d’animaux, Paloma et Loup pour les protéger des humains. C’est sans compter l’irrépressible besoin de tendresse et d’amour qui malgré ses efforts fera tout pour ramener la famille au monde humain.
La poésie du récit est aussi saisissante, poésie des images, des sons et des parfums : Phénix « sent la sueur, le fer, l’essence et, étonnamment, le jasmin ». Paloma a acheté des anémones et « Elle se penche sur elles, émerveillée de ce qu’elle découvre, c’est bien la première fois qu’elle remarque ce changement de couleur bien que ce ne soit pas la première fois qu’elle achète des anémones sur le quai du tram et elle chuchote C’est beau bleu.
Doucement, gentiment.
Elle sourit encore et c’est le même effet que le chatoyant de tout à l’heure et même si c’est bancal, c’est une phrase sincère qui sort de sa bouche et ce n’est pas rien. Plus tard, peut-être qu’elle reformera ces mots sans bruit pour se rappeler qu’elle a été une fois dans sa vie capable de parler aux fleurs, de dire quelque chose comme ça, quelque chose qui n’ait de sens que dans l’instant, qui n’ait de beauté que dans son imperfection. »
J’ai beaucoup aimé ce court récit, plein de fraicheur, de poésie et d’humanité.