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12 novembre 2021 5 12 /11 /novembre /2021 19:09

Comment écrire le roman d'une passion amoureuse après Anna Karénine ou après Belle du Seigneur _ que notre auteur admire et qui reçut en son temps (1968) comme Mon maître et mon vainqueur cette année le Grand Prix du roman de l’Académie française ? L'amour et la passion ne sont-ils pas des chimères d'un temps révolu à l'époque de Tinder ou de YouPorn ?  Désérable relève le défi et c'est une réussite magistrale.

Enfin, j'ai retrouvé ce que j'attends d'un roman : une histoire sublime, une belle écriture qui conjugue poésie et fantaisie, des personnages bien campés, drôles comme le juge ou le greffier, émouvants comme Tina et comme Vasco, captivant et drôle comme le narrateur, du suspense aussi même la tragédie et son fatum sont annoncés bien avant l'issue... Cette tragédie d'ailleurs se mue en comédie.

Le narrateur est au tribunal face à un juge, il est présent comme témoin et ami de  Vasco et de Tina. Or tout le débat tourne autour d’un banal cahier Clairefontaine, sur la couverture duquel est écrit au feutre noir, « Mon maître et mon vainqueur ». Dans ce cahier, Vincent Ascot dit Vasco a consigné son histoire mais sous forme de poèmes qu'il convient de lire et d'interpréter. C'est que Tina est une grande admiratrice de Verlaine et que Vasco est poète jusque dans ses actes :

"Ni Colt ni Luger

Ni Beretta ni Browning

Bois ta soupe Edgar"

est par exemple un haïku dont le sens s'éclaire par le récit.

Étrange ballotage finalement du lecteur tantôt amusé par les jeux d'esprit, les références littéraires, tantôt ému par le lyrisme ou par la tragédie. Comment rester indifférent ?  Je peine à choisir un extrait à citer tant j'ai envie de tout retenir, car c'est un roman vraiment exceptionnel.

Voici quand même un extrait du cahier de Vasco :

 

Nous avions la nuit pour adresse

Pour compagnons d'âpres vins blancs

Au fond des yeux plein de tendresse

Et quelque chose de troublant

 

Nous étions assis face à face

Dans ce café en clandestins

Où nous écrivions ce qu'effacent

À présent les tours du destin

 

J'avais tes yeux d'un vert agreste

Rien que pour moi et pour cela

Je pourrais donner ce qui reste

De ma vie pour ces heures-là

 

Ces heures qui soudain revient

Dans la scansion de mes vers

Je voudrais que tu t'en souviennes

Comme d'un beau ciel bleu l'hiver

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