Algérie,la conquête relate des événements passés, une histoire oubliée, même si ce n’est ni la conquête romaine de l’Algérie, celle des vandales, des arabes quand la population était berbère ni,au XVIe siècle,la domination espagnole.
La conquête en question ici est celle de l’Algérie par la France au XIXe siècle.
En 1830, l’Algérie est un État autonome intégré à l’empire ottoman. Elle est redoutée en raison de multiples actes de piraterie qu’elle exerce en Méditerranée.
Pour les peuples européens qui commercent en Méditerranée, l’Algérie est un élément qu’il faut contrôler et dont il faut vite arrêter les exactions.
C’est un événement diplomatique_le dey d’Alger frappe avec son chasse mouche le consul de France_ qui conduit Charles X à enclencher le processus de la conquête de l’Algérie.
Le 14 juin 1830, le corps expéditionnaire parti de Toulon comprenant 65 000 hommes à bord de 460 navires débarque à l’Est d’Alger, à Sidi Ferruch.
Les soldats français font face à des forces arabes et turques importantes de 40 000 hommes qui connaissent le terrain. Après 20 jours de combat, les troupes françaises obtiennent le 5 juillet la reddition du dey d’Alger
Pour la France, la conquête et la prise d’Alger qui avait pour but d’arrêter la piraterie et ainsi sécuriser la Méditerranée pour le commerce va évoluer en une opération militaire plus globale visant à occuper toute la côte, d’Oran à l’Ouest jusqu’à Bône à l’Est.
En France, sur la même période, des événements font tomber le gouvernement de Charles X et c’est le roi Louis-Philippe qui lui succède.
L’opération militaire française de sécurisation de la Méditerranée est réussie. Pourtant, bien que la France dispose d’une force militaire importante, le processus de conquête de l’Algérie va être entravé par le refus de soumission des peuples autochtones. La figure de la résistance à l’occupation française sera représenté par Abd el Kader. Proclamé sultan et calife en 1832, il mène une lutte permanente contre les forces françaises et travaille à l’unité des tribus jusqu’à décembre 1847, année où il décide de se soumettre.
L’auteur relate bien les violences exercées par les différents protagonistes sur toute la période de colonisation.
A travers ce livre on comprend mieux les difficultés que l’État français a rencontré avant d’arriver à une relative stabilité nécessaire à l’établissement d’une colonisation prospère et l’instauration d’une administration civile du pays.
A travers cet ouvrage on découvre aussi des personnages connus qui prennent ici une épaisseur particulière. Ainsi, Louis Philippe qui était prêt à abandonner l’Algérie et opte finalement pour une colonisation totale. Napoléon III qui souhaite l’assimilation des populations. « au lieu de suivre l’exemple des Américains du Nord qui poussent devant eux jusqu’à ce qu’elle soit éteinte la race abâtardie des Indiens, il faut suivre celui des Espagnols du Mexique qui se sont assimilé tout le peuple indigène».Abd el Kader apparaît ici dans toute sa complexité,à la fois un religieux, un politique et un guerrier.
D’autres protagonistes comme Yussuf ne sont pas connus mais entraînent le livre dans une dimension romanesque. De même, les témoignages de nombreux militaires viennent illustrer leur engagement et leur courage presque insensé dans des combats où certains perdront la vie.
Pour conclure, « Algérie, la conquête » m’a permis de sortir de la représentation que j’avais de la conquête de l’Algérie que je croyais jusqu’ici avoir été plutôt aisée et brève. Le processus de colonisation est clairement expliqué et donne aussi les prémices de ce qui aboutira aux accords d’Evian et à l’indépendance de l’Algérie.