Ce roman paru en 2012 a été gratifié de très grands prix, notamment le grand prix du roman de l'Académie française et le Goncourt des Lycéens ! je le découvre seulement cette année : les couvertures des romans de Dicker évoquent souvent l'Amérique du Nord et souvent j'ai pensé que ce n'était pas pour moi, même si par ailleurs j'aime beaucoup lire Philip Roth par exemple.
Alors ce roman commence de façon quelque peu pesante à mon goût, car les premiers chapitres mettent en place le personnage du narrateur, Markus, un jeune homme qui, faute de confiance en lui, ne s'affronte, en tout domaine, qu'aux plus faibles. Cette stratégie lui permet d'être toujours "Le Formidable". On peut rêver mieux comme narrateur ! Ce narrateur est d'ailleurs un auteur qui brûle de renouveler le succès remporté par une œuvre précédente, mais il peine à trouver un sujet et las de se confronter à la page blanche, il finit par se retirer chez son ex-professeur, lui-même écrivain à succès, Harry Québert. Or voilà qu'on découvre un cadavre dans le jardin de ce célèbre écrivain et voilà qu'il est inculpé du meurtre, trente ans plus tôt, de la jeune Nola Kellergan, disparue en 1975 alors qu'elle n'avait que quinze ans. Markus entreprend de faire des recherches dans l'espoir d'épargner son ami professeur de la chaise électrique. En effet, c'est ce qui guette un meurtrier dans cet État du New-Hampshire. Et puis, finalement, pourquoi ne pas en faire le sujet de son prochain livre ? Et le voila parti pour une enquête aux mille rebondissements et évidemment nous, lecteurs, sommes pris au piège, impossible de remettre à plus tard, il faut vite poursuivre ce récit de près de 600 pages ! c'est que l'auteur sait ménager le suspense mêlant rebondissements, retours en arrière, nouveaux rebondissements entrecoupés des conseils d'écriture du professeur Québert et des mises en demeure de plus en plus pressantes de l'éditeur de Markus sans oublier les appels de sa mère qui ne pense qu'à le marier. Bien sûr, on pense à La Tâche de Philippe Roth, on assiste ici à une sorte de réécriture qui contribue à superposer de multiples récits. C'est vertigineux !
En somme, un roman qui vous tient en haleine presque d'un bout à l'autre et vous fait vivre le temps de la lecture dans cette Amérique des affaires, de la course à l'argent, de la justice implacable, de la police plus ou moins corrompue, des pratiques religieuses extrêmes et variées, de l'élection de Obama, des années 1975 aux années 2008
Épilogue :
Il me regarda fixement et sourit.
— Vous allez avoir trente et un ans, Marcus. Voilà, vous y êtes arrivé : vous êtes devenu un homme formidable. Devenir le Formidable, ce n’était rien, mais devenir un homme formidable a été le couronnement d’un long et magnifique combat contre vous-même. Je suis très fier de vous.
Il remit sa veste et noua son écharpe.
— Où allez-vous, Harry ?
— Je dois partir maintenant.
— Ne partez pas ! Restez !
— Je ne peux pas…
— Restez, Harry ! Restez encore un peu !
— Je ne peux pas.
— Je ne veux pas vous perdre !
— Au revoir, Marcus. De toute ma vie, vous avez été la plus belle des rencontres.
— Où allez-vous ?
— Je dois aller attendre Nola quelque part.
Il me serra encore contre lui.
— Trouvez l’amour, Marcus. L’amour donne du sens à la vie. Quand on aime, on est plus fort ! On est plus grand ! On va plus loin !
— Harry ! Ne me laissez pas !
— Au revoir, Marcus.
Il repartit. Il laissa la porte ouverte derrière lui et je la laissai ainsi très longtemps. Car ce fut la dernière fois que je revis mon maître et ami Harry Quebert.