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8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 20:51

J’ai beaucoup aimé cette lecture.
Bretonne, je connais Belle-ile-en-Mer, les vestiges de la colonie pénitentiaire et quelques éléments de son histoire et j’avais déjà lu Paroles de Prévert et le magnifique poème « La chasse à l’enfant » et j’ai lu récemment Les mal aimés de JC Tixier.
C’est avec cet arrière-plan que j’ai lu et apprécié ce roman.


En effet, l’auteur connaît bien l’enfance maltraitée puisqu’il en a été victime et c’est avec ce regard particulier qu’il fait vivre celui que l’on surnomme « la Teigne » prisonnier des hauts murs de la colonie pénitentiaire, des gardiens, des gaffes ou surveillants et de l’île entourée par l’océan ! Avec lui, on observe la violence entre colons et de la part des gardes et on découvre le raffinement dans l’invention des sanctions : le bal notamment.
Mais Chalandon connaît aussi particulièrement bien par sa jeunesse et par ses relations avec les combattants d’Irlande du Nord le sujet de la révolte et il décrit ici la révolte des colons en 1934 après une sanction totalement disproportionnée à la faute : un colon avait mangé son fromage en premier au lieu de suivre l’ordre du repas ! Absurdement, les enfants profitent pour franchir le mur, oubliant qu’ils sont prisonniers de l’océan ! Tous sont capturés dès le lendemain grâce aux secours des « braves gens », belle-îlois et touristes, lancés aux trousses des enfants pour 20 francs de récompense ! Tous, sauf un : Jules Bonneau  (clin d’œil aux anarchistes) alias la Teigne.
Enfin, l’auteur est journaliste, ce qui donne un roman extrêmement bien documenté sur les journaux, les courants politiques, la marine à voile, les traditions des morbihannais, le travail de faiseuse d’anges et les risques encourus pour cette pratique illégale.
J’ai trouvé très touchante l’amitié qui unit le héros avec son patron et avec l’équipage du Sainte-Sophie. Cette amitié amène le héros à desserrer son poing pour serrer une main, à remiser « la Teigne » pour assumer son nom, Jules Bonneau.
En somme, un très bon roman, riche, émouvant, documenté.
Extrait :  Je l’ai regardé une fois encore. Sa tête de piaf. Son regard tombé du nid. Au pied des deux échelles, ils n’étaient plus que trois. Loiseau m’a donné une bourrade dans l’épaule.
— Allez, on y va, Bonneau !
Sans plus attendre, il a saisi le cordage qui pendait. Et il a commencé à descendre, sans me quitter des yeux. Il grimaçait de douleur.
— Allez viens, merde !
J’ai craché dans l’obscurité.
— Regarde-toi ! Tu ne pourras même pas marcher.
— Je n’ai pas le choix.
La sirène a repris. Il était dans l’herbe, une joue posée contre la corde.
— C’est trop tard, Bonneau. Tu as vu les dégâts ? On va le payer très cher !
Il avait raison, je le savais. Nous allions le payer. Mais pourquoi s’évader ? S’évader où ? Personne n’avait jamais eu l’intention de s’évader. Seulement avoir un peu de temps en plus. Voler quelques heures pour nous. Et puis leur faire mal. Que la peur change de camp.

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