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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 18:57
Martin, jeune polonais juif, vit au ghetto de Varsovie avec sa famille durant la Seconde Guerre Mondiale. Il trafique et passe le mur de Varsovie du côté aryen pour que sa famille ne manque de rien et mange à sa faim . Il réussit plusieurs fois à se sortir de situations délicates en s'enfuyant .
Mais il se fait arrêter avec sa famille et est déporté à Tréblinka. Sa mère et ses frères sont immédiatement gazés . Martin, lui,
doit travailler, jeter des cadavres dans des fosses ...

Il réussit à s'échapper en s'enfuyant et en
se cachant sous un camion.

Une fois libre , il ne pense qu'à venger les siens . Il s'engage d'abord dans la résistance puis dans l'armée soviétique : L'Armée Rouge. Puis, il part aux Etats-Unis rejoindre la seule famille qui lui reste : sa grand-mère maternelle. Il rencontre Dina, son grand amour avec qui il a quatre enfants : Nicole , Suzanne , Charles et Richard. Il part ensuite s'installer dans le Sud de la France. C'est par un été de 1970 que sa femme et ses enfants périront dans un incendie .
J'ai trouvé cette autobiographie bouleversante et très touchante.
Je le recommande, avec un paquet de mouchoirs à côté de soi.

EXTRAIT
L'incipit- Chapitre 1 : Je suis né avec la guerre
Je suis né avec la guerre. Les sirènes ont hurlé, les bombardiers passaient au ras
des toits, leur ombre glissait sur la chaussée, dans les rues les gens couraient
prenant leur tête entre les mains. Je suis né avec la guerre : nous dévalons l'escalier vers la cave, les murs tremblent et le plâtre par plaques blanches tombe sur nos cheveux. Ma mère est toute blanche, mes yeux brûlent, des femmes crient. Puis s'établit le silence précédant les klaxons des pompiers et à nouveau les cris des femmes. C'est septembre 1939 : les mois de ma naissance véritable. Des quatorze années qui précèdent ces jours je ne sais presque plus rien. Je ne peux même pas fouiller en moi, je ne veux pas. A quoi bon rappeler ce temps de la douceur ? Nous courions dans les rues derrière les droshkas jusqu'à la place de la Vieille-Ville au coeur de Varsovie. Mon père me prenait par la main et nous allions jusqu'à l'usine. Les machines venaient d'Amérique : il me montrait, gravés dans l'acier, le nom de
la firme et la ville, Manchester, Michigan. Je marchais fièrement près de mon père entre les machines. Mon père passait un bas ou un gant dans sa main. Il me faisait déchiffrer la marque, 7777, notre marque, et nous étions les associés d'une grande usine, nous vendions des bas, et des gants dans toute la Pologne, à l'étranger, et j'avais aussi des parents aux Etats-Unis, une grand-mère qui habitait New York. Parfois, nous allions vers la Vistule en suivant les Allées de Jérusalem jusqu'au
pont Poniatowski. Nous traversions les jardins Krasinski. Des Juifs marchandaient entre eux. Ils me semblaient toujours vêtus des mêmes pardessus noirs, ils étaient pauvres. Mais je ne savais pas ce qu'était la pauvreté. Je ne savais même pas vraiment que nous étions juifs. Nous célébrions les grandes fêtes mais nous avions des catholiques dans notre famille. Nous étions entre les deux religions et mon père, grand, droit, avec sa main forte, me paraissait être à lui seul le début du monde.
Nous rentrions, je traînais dans l'Ogrod Saski, les derniers jardins avant la rue Senatorska. Chez nous. Mon père ouvrait la porte : je me souviens encore d'une odeur douce, des cris de mes deux frères. Ma mère était là et la table mise. C'était avant ma naissance, bien avant, une époque de beau temps qui s'acheva avec l'été 1939. Brusquement, la guerre. Mon père est en uniforme d'officier, il me prend par
les épaules et je me rends compte que je suis presque aussi grand que lui. Nous laissons ma mère et mes deux frères à la maison et nous partons, tous les deux,
vers la gare. Dans les rues tout est déjà différent : des soldats en groupes, des camions, les premières queues devant les magasins. Nous marchons côte à côte
sur la chaussée, épaule contre épaule, il ne me tient plus par la main : je suis un homme. Il m'a crié quelque chose de la fenêtre de son wagon que je n'ai pas
entendu et je me suis retrouvé seul dans la rue. Il me semble que c'est ce jour-là
que nous avons eu le premier bombardement : j'ai regardé les bombardiers
argentés à croix noire qui volaient bas, en formation de trois. - Rentre ici. Un policier polonais hurlait dans ma direction depuis un porche où s'agglutinaient des passants affolés. Je me suis mis à courir dans la rue déserte : il faut que je rentre chez moi,
je n'obéis à personne. Et je voyais mon père qui criait quelque chose depuis son wagon. Il faut que je sois aussi fort que lui. Ma mère m'a poussé dans la cave : le plâtre est tombé, nous étouffions, les femmes criaient et pleuraient. De la fenêtre
nous avons vu, après la fin de l'alerte, les premiers incendies, vers Praga, dans les faubourgs ouvriers.
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