Dans ce récit autobiographique, Romain Gary présente son existence à partir de son plus jeune âge en Russie puis en Pologne puis à Nice jusqu'à la Libération et au retour triomphal à Nice en passant par Salon de Provence, Avord puis Londres, puis l'Afrique du Nord.
Or ce qui fait l'unité de ce récit, c'est bien plus la figure maternelle que celle du héros. Comédienne, créatrice de mode, marchande de bijoux de famille, restauratrice, cette mère élève seule son fils et surtout le convainc de la singularité de sa destinée : Romain sera écrivain, il sera diplomate, il sera aviateur, il sauvera le monde. Rien n'est trop grand pour son fils dont elle vante partout les qualités d'exception. En contrepartie, elle exige de lui qu'il défende sa mère à tout prix, dût-il se battre pieds et poings.
Mère-courage et mère romanesque, toute empreinte des amours d'Anna Karénine, elle avale des couleuvres lorsque son fils, seul sur trois cents postulants est refusé dans le rang des officiers de l'Air pour la simple raison que sa naturalisation est trop récente. A son retour à Nice, Romain Gary parvient à en faire une fierté pour sa mère en prétendant que son échec est une sanction pour avoir séduit la belle épouse du capitaine ! En réalité il devra attendre la fin de la guerre et les décorations (Croix de Guerre, Compagnon de la Libération, ...) pour enfin devenir capitaine. Trop tard pour que sa mere le sache.
Dans tout son livre, Romain Gary s'attache à illustrer à quel point cette mère a façonné sa vie. Il est en effet devenu écrivain et même deux fois prix Goncourt, (il s'est même battu en duel ! ), diplomate, aviateur, héros de la France Libre. Même morte, elle a continué à le pousser à aller toujours au plus fort, véritable phénix, en lui faisant porter des lettres qu'elle
avait écrites avant de mourir afin qu'il ne manque pas de soutien.
En somme dans ce récit tout à fait passionnant on en apprend beaucoup sur Romain Gary mais surtout on découvre un vibrant hommage à sa mère.