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28 novembre 2016 1 28 /11 /novembre /2016 21:47

J’observe

Guy de Maupassant a écrit « Pierrot ». Je connais déjà du même auteur « Aux champs » et « Coco ».   « Pierrot » a été écrit en 1882. Cette époque est importante car c’est l’année où l’instruction laïque et gratuite est instituée par la loi Ferry.

Ce texte, écrit en français à l’origine, est une nouvelle.

Je lis/ J’écoute  

Et je pense à des images, à une en particulier ; Je m’imagine Pierrot avec sa description farfelue : « un étrange petit animal tout jaune, presque sans pattes, avec un corps de crocodile, une tête de renard et une queue en trompette ».

Je comprends

Que Mme Lefèvre, une dame de campagne, et sa servante Rose, se font voler des oignons une nuit. Un fermier leur conseille de prendre un chien pour veiller à leur maison. Mme Lefèvre, ne souhaitant pas dépenser beaucoup pour un chien, en adopte un gratuitement. Elle décide de l’appeler Pierrot. Les deux femmes s’attachent à la bête. Mais un jour, la dame de campagne a dû payer une taxe pour garder son animal. Ne voulant pas la payer car trop avare, elle décide de s’en débarrasser. Elle le jette donc dans une fosse. Regrettant vite son acte, elle demande au puisatier de la récupérer. Il accepte en échange de quatre francs. Toujours aussi avare, elle refuse. Mme Lefèvre et Rose se mettent donc à nourrir le chien tout les matins. Mais un jour, elles découvrent qu’un gros chien occupe la fosse avec leur petit chien. Le gros chien, plus fort que le petit, réussit à manger le pain réservé à Pierrot. Les deux femmes décident donc d’arrêter de le nourrir.

L’action se passe à la campagne, au XIXe siècle. Les personnages principaux sont Mme Lefèvre, Rose et Pierrot. Mme Lefèvre et Rose adoptent Pierrot pour veiller sur elles et leur maison.

Je réagis

J’aime beaucoup la nouvelle malgré la fin très triste quand Mme Lefèvre et Rose abandonnent le chien. J’ai compris l’histoire. Je ne suis pas d’accord avec Mme Lefèvre sur le fait d’abandonner Pierrot pour payer une taxe.

J’interprète

 L’auteur a écrit ce texte pour faire passer un message : il veut que les gens arrêtent d’abandonner leurs animaux de compagnie. Il s’y est pris en émouvant les lecteurs.     Ce texte est destiné à tout le monde ; le narrateur ne s’adresse à personne en particulier.

Loane, 4D

La nouvelle de Maupassant que j’ai écoutée s’intitule « Pierrot », il s’agit d’une histoire réaliste et noire .Je vais vous présenter cette nouvelle.

C’est l’histoire de Mme Lefèvre, une veuve bourgeoise campagnarde et de sa bonne Rose.

Un jour , la servante Rose remarqua qu’on leur avait volé des oignons dans le jardin. Madame Lefèvre affolée prévint ses voisins. Elle raconta donc toute l’histoire et les hypothèses envisagées. Un fermier lui suggéra d’acheter un chien pour se protéger des voleurs. Les deux femmes se mirent donc à la recherche d’un chien, un petit chien pour ne pas avoir besoin de lui donner trop à manger. Ils ne trouvèrent que des gros. Seul celui du boucher correspondait à leurs attentes mais il était cher. Un beau matin, le boucher arriva chez les deux femmes : il apportait avec lui un petit chien bas sur pattes. Il s’appelait Pierrot, elles le trouvèrent joli, quoique laid ,et l’adoptèrent. Pierrot demandait sans cesse à manger mais les deux femmes se dirent que quand le petit chien commencerait à bien connaitre la maison et ses alentours , elles le laisseraient se débrouiller tout seul pour trouver à manger. Mais Pierrot demandait tous les jours à manger et ne surveillait pas vraiment la maison.

Un jour Madame Lefèvre eut la visite des impôts. Elle se rendit compte que pour son chien il lui en coûterait 8 francs, ce qui  est fort cher. Elle prit la décision de se débarrasser de son chien en le conduisant  au piquet du mat .

Le piquet du mat était une carrière, une mine abandonnée où on jetait les chiens dont on voulait se débarrasser. Le soir venu, les deux femmes se rendirent donc au piquet du mat pour y jeter Pierrot.

Elles jetèrent le chien dans le trou noir et profond. Le pauvre Pierrot aboya toute la nuit… il jappa , jappa… Madame Lefèvre ne put dormir cette nuit là, en pensant au pauvre chien tout seul abandonné au fond du trou.

Le lendemain, Rose et sa patronne décidèrent de retourner voir Pierrot qui jappait en les entendant arriver. Prises de remords, elle allèrent chercher le puisatier pour récupérer le chien mais celui-ci coûtait fort cher, elles décidèrent donc de revenir chaque jour nourrir le chien en lui lançant du pain beurré, comme pour se faire pardonner.

Un jour quand elle arrivèrent : Pierrot n’était plus tout seul, un gros chien occupait l’espace du trou prêt à ne faire qu’une bouchée du pain beurré et sans doute même du fameux Pierrot…

Désespérées de ne pouvoir récupérer leur chien, les femmes convinrent de ne plus se rendre à la mine, de ne plus nourrir Pierrot et  l’abandonnèrent à son triste sort… !

 

Cette nouvelle m’a particulièrement ému, moi qui aime les animaux, je n’ai pas du tout aimé le sort réservé à Pierrot. J’ai éprouvé beaucoup de tristesse et de gêne à la fin de l’histoire surtout, en imaginant la fin terrible du chien.

Je pense que cette nouvelle fait réfléchir sur le sort que l’on réserve parfois aux animaux,

Peut-être que Maupassant voulait par cette nouvelle présentée comme un fait réel enseigner quelque chose à ses lecteurs, montrer ce que peut provoquer l’avarice par exemple.

 

Marc 4D

L’auteur est Guy de Maupassant et je connais une autre œuvre ses « Aux champs ».

Elle  a été écrite le 1er octobre 1882.

Ce texte est une nouvelle.

Cette histoire se passe à la campagne chez une veuve pauvre qui habite en Normandie au centre du pays de Caux. Un matin quand la dame se réveille elle s’est fait voler une douzaine d’oignons. À la suite des conseils du voisin, elle décide d’acheter un petit chien. Le boulanger lui ramène un petit chien nommé Pierrot. Un jour arrive la taxe pour les mammifères qui coûte huit francs, elle décide de jeter Pierrot dans un trou profond où d’autres animaux étaient passés et n’avaient  pas survécu. Mais maintenant qu’elle avait jeté Pierrot dans le trou elle y rêvait toutes les nuits. Elle demande au puisatier si elle peut le sortir mais ça lui coûterait cinq francs, elle ne voulait pas payer. Donc chaque jour elle allait lui donner  du pain. Un matin quand elle arrive devant le trou elle entend deux aboiements, elle est contente sur le coup, quand elle commence à lancer le pain elle entend Pierrot aboyer. L’autre chien le mordait pour saisir le pain alors la vieille dame et sa servante, Rose rentrent a la maison.

Je n’aime pas l’histoire car elle m’inspire de la pitié, parce que le chien meurt dans le trou.

Ce texte est dédié à Henry Roujon.

Pierre 4D

Ce texte a été écrit par Guy de Maupassant au XIXe siècle; je connais d'autres œuvres de cet auteur: Aux champs, Coco. Sa langue d'origine est le français et c'est une nouvelle.

C'est une nouvelle que j'ai écoutée et, dans ma tête, je voyais des images de petits chiens en train d'aboyer au fond d'un trou noir et sale.
Le texte parle d'une femme et de sa servante qui vivent paisiblement à la campagne. Mais, une nuit, quelqu’un s'introduit dans leur jardin et vole douze oignons, alors elles décident d'avoir un chien pour garder la maison et aboyer pour les prévenir lorsque des gens viennent chez elles. Elles adoptent donc un petit chien nommé Pierrot, mais il n'aboie jamais, à part pour réclamer à manger, et ne satisfait pas les attentes des deux femmes. Elles décident alors de s'en débarrasser mais personne n'en veut, donc elles prennent la décision de le jeter dans une fosse de vingt mètres de profondeur où, lorsqu’on veut se débarrasser d'un chien, on le jette. Elles s'exécutent mais les aboiements du petit chien une fois au fond du trou leur brise le cœur et, chaque jour, elles vont lui apporter à manger pour ne pas qu'il meure de faim. Mais, un jour qu'elles allaient voir Pierrot, elles s'aperçoivent qu'il y a un autre chien, un nouveau venu dans la fosse. Plus gros que Pierrot, il le dévore vivant.
L'action se passe dans un village de campagne.

Les personnages principaux sont Mme Lefèvre et sa servante, Rose. Elles se font voler des oignons et jettent leur chien dans une fosse. Il y a aussi Pierrot, un petit chien, qui se fait adopter, jeter dans une fosse de vingt mètres de profondeur puis dévorer vivant par un autre chien plus gros que lui.

Je ne sais pas si j'ai aimé ou pas cette nouvelle car je l'ai trouvé très triste et je suis sensible à tout ce qu'on peut faire aux animaux, mais d'un autre côté, je pense que Guy de Maupassant dénonce justement le mal qui leur est fait et je suis d'accord avec ça. J'ai compris ce texte. L'auteur émeut et ses intentions sont faciles à percevoir. Je suppose qu'il veut dénoncer le mal fait aux animaux.
Ce texte est destiné aux gens qui font du mal à ces derniers.

Margaux, 4B

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27 novembre 2016 7 27 /11 /novembre /2016 14:43

DIDIER DEANINCKX- Solitude numérique télé

J’observe que l’auteur est Didier DEANINCKX. Je connais du même recueil  une autre nouvelle : «Le salaire du sniper ». Il a écrit en 1998 ce recueil intitulé « Passages d’Enfer ». Je ne sais pas si cette nouvelle année été traduite ou pas. Elle est écrite en français. C'est est une nouvelle réaliste.

Je lis/ j’écoute et je pense à un homme assis sur son canapé à regarder la télévision, aux jours où je regarde la télévision., à une musique forte qui dérange beaucoup de monde. La phrase que je retiens est «Martine fit une ultime tentative de renouer le dialogue avec Régis ».

Je comprends que le texte parle d’un et femme qui a offert pour son anniversaire un abonnement de football à la télévision à son mari. Elle pensait que grâce à ça elle aurait pu être un peu plus avec lui mais il ne veuf plus partir de devant la télévision. La femme essaye de lui parler mais rien à faire. Il n’y a presque pas d’action. Il y a de la description. L’histoire se passe  deux ans après que la femme lui a offert cet abonnement. Elle se déroule chez le couple. Les principaux personnages sont la femme, Martine. C’est elle qui a offert l’abonnement à son mari, elle en a marre qu’il regarde la télévision tout le temps. Le mari, Régis, regarde le football, ne bouge plus de son canapé et ne parle plus à sa femme.

Je réagis : J’aime bien cette histoire elle me fait éprouver un peu de tristesse pour la femme. J’ai compris cette histoire dès la première lecture, je suis d’accord avec la femme.

J’interprète : On  peut hésiter sur le sens du texte car on peut s’interroger sur le personnage principal entre la femme et le mari au départ. Les intentions de l’auteur sont cependant  faciles à percevoir. Il n’a pas dit à qui est destiné ce texte mais il veut nous dire que regarder tout le temps la télévision c’est mal car on peut être possédé par les écrans. Il s’y est pris en exprimant la tristesse de la femme à cause du mari qui ne veut même pas lui parler.

Manon, 4D, Novembre 2016

 

 « Solitude Numérique » de Didier Daeninckx est une nouvelle, extraite du livre « Passage d’enfer », parut en 1998 aux Editions Denoël.

Didier Daeninckx est un auteur Français, né à Saint-Denis en 1949. Il a écrit principalement des romans policiers, des nouvelles et des essais.

L’action se déroule en 1997, Martine et Régis sont en couple et Martine ne supporte plus que Régis passe tous ses samedis soirs et dimanches avec ses amis supporters au stade de foot. Pour le retenir à la maison Martine lui a offert un abonnement sportif à la télévision. Si au début l’idée de Martine a bien fonctionné, cela a vite dégénéré, car Régis a acheté d’autre matériel et abonnement et maintenant il passe son temps à regarder la télévision. Il n’a plus le temps de parler à Martine et celle-ci est seule et désespérée.

A travers ce texte l’auteur montre, que lorsqu’on passe trop de temps devant la télévision on s’isole et on rompt la communication avec son entourage.

Je partage l’avis de l’auteur, pour moi il est préférable de sortir et de rencontrer des gens pour échanger et discuter, plutôt que de rester seul devant son écran.

Fabian, 4D

 

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 13:17

Je crains de ne pouvoir écrire une critique digne de ce nom avant la date butoir alors en quelques mots : merci à Babelio Masse Critique pour cette découverte ! c'est un livre précieux, tellement bien écrit, qui me fait découvrir, telle qu'on ne me l'a jamais présentée, l'histoire des années 1919/1926 entre Allemagne Autriche Hongrie Pologne et Russie. Alors que l'histoire m'était jusque là connue par la lorgnette française, Joseph Roth me fait découvrir cette histoire par la lorgnette d'un journaliste juif allemand de terrain, fervent défenseur des régimes républicains, humaniste et pacifiste qui nous dresse des portraits et des scènes avec une plume incisive.

Je m'aperçois bien souvent en le lisant que la réalité est bien plus extraordinaire que la fiction : le procès de Hitler en 1924 ou le temps de l'anarchisme de Pierre Ramus à Vienne suivi du rattachement du peuple de la République d'Autriche allemande aux États Unis d'Amérique en vertu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ! Il y a dans cette anthologie bien d'autres articles étonnants et toujours très bien écrits ! Je vous racommande vraiment cette lecture !

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12 octobre 2016 3 12 /10 /octobre /2016 19:05

Je viens de finir la lecture de ce roman de Karine Tuil, c'est son dixième roman mais c'est le premier que je lis. Cela justifie peut-être, à moins que ce ne soit mon incurable goût du romanesque, l'attente qui m'a tenue longtemps en haleine pendant cette lecture d'une intervention magique rédemptrice. Le personnage de Marion en effet, être énigmatique qui relie deux des trois héros masculins du roman, me paraissait une figure propice, mi-Mata Hari, mi bonne fée, mi-Cassandre.

Mais, je me trompais, dans ce roman, hors la littérature et peut-être aussi l'amour et la nature, l'insouciance est impossible. Cet univers que recrée l'auteur est la réalité de ce début du XXIe siècle, celle de Romain, un jeune lieutenant chasseur-alpin originaire de la banlieue parisienne qui revient psychologiquement détruit de la guerre en Afghanistan ; celle d'Osman, un animateur social noir des banlieues qui, à la faveur des émeutes qu'il aide à apaiser, accède au pouvoir et côtoie le président à l’Élysée au risque de se brûler les ailes ; celle de François, un riche patron d'entreprise sur le point de signer une fusion avec une firme américaine et sur qui le sort s'acharne avec une impitoyable constance. Pourront-ils échapper à leurs origines ? À travers ces trois héros dont le seul lien est Marion, romancière et reporter, ce sont les entrailles de la réalité actuelle que l'auteur nous convie à fouiller : les haines exacerbées par le communautarisme qui réveille l'antisémitisme, l'esprit de revanche de peuples qui se sentent outragés par les interventions occidentales en Afghanistan ou en Irak et usent d'une violence si primitive qu'elle sidère, la vie de militaires engagés dans des conflits très inégaux où les lois de la guerre n'existent pas, le pouvoir des médias et surtout des réseaux sociaux, la montée des extrémismes de tous bords, ...

La lecture de la longue liste des remerciements à la fin du roman est fort instructive : cette fiction se fonde sur des enquêtes très poussées sur l'armée et l'aide aux blessés de guerre, sur l'Irak et les mercenaires qui y protègent les intérêts occidentaux, sur la vie à l’Élysée, sur la condition noire.

En somme 525 pages de plongée dans l'enfer moderne, celui que l'on oublie volontiers grâce au divertissement pascalien du quotidien et qui heurte de plein fouet quand l'actualité l'impose. Ce roman nous retient longuement dans ses méandres pour mieux en appréhender les ressorts.

"La vie était encore vivable. Il suffisait d'oublier, de le décider avec détermination, brutalement" est la phrase de L’Écriture ou la vie de Jorge Semprun que Marion trouve soulignée au stylo noir le "sixième jour". Peut-être est-ce là la seule rédemption envisageable, avec les mots et les phrases ! je ne résiste pas à la tentation d'en retenir ici quelques unes : "Blessés mais vivants, corps puissants entrelacés, s'aimant et jouissant, muscles tendus, voix vibrantes, cheveux et membres emmêlés, activant leur propre renaissance, le rythme s'accélère, il y a eu le ralentissement puis l'arrêt et ça revient, ils le sentent, ça flue et reflue, ils retrouvent le désir et le souffle, le rire et l'élan, ça monte, c'est la vie qui pulse et gagne, remplit et comble, les mots roulent, la phrase s'étire, on a de l'espace, on va plus vite, le rythme de la langue s'adaptant à cette nouvelle libration_l'espoir. Au-dehors,le soleil se couche sur un paysage ultramondain, éclats lamés diaprant le ciel_poésie alpine. Les blocs talqués de neige se détachent encore dans l'obscurité naissante, noir et blanc se fondent, jusqu'à prendre cette teinte mélanique qui annonce la douceur de l'aube à venir." (p.522)

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 17:16
Mauvignier, Laurent, Continuer

Je viens d'achever la lecture de ce roman de Laurent Mauvignier, un auteur dont j'avais déjà présenté ici "Des Hommes"

Continuer est un roman très différent par son sujet mais qui lui aussi vous tient en haleine jusque la fin, laissant le lecteur s'interroger sur le sens de l'histoire qui mêle questions sociales, questions psychologiques, actualité et universalité jusqu'au dénouement.

Continuer est l'histoire d'un adolescent à la dérive, victime "collatérale" du divorce de ses parents. Et puis c'est aussi l'histoire du couple de ses parents qui se déchire. Et puis l'histoire d'une femme qui semblait avoir lâché prise depuis très longtemps et soudain rompt avec tout ce qui lui restait et part au Kirghizistan, à cheval, seule avec son fils. Enfin c'est l'histoire d'une blessure qui peine à cicatriser et contamine la vie. L'auteur semble tenir tous ces fils à la fois sans que l'on puisse saisir le lien avant la fin, une fin bouleversante.

Cela nous vaut quelques dialogues réalistes et peut-être un peu trop prosaïques, des scènes de tension où la communication semble impossible mais aussi des récits introspectifs où l'on peine à démêler rêve et réalité avant le dénouement et de belles pages poétiques qui nous transportent dans les lointains paysages de ce pays d'ex-URSS.

"Alors ce soir, ils montent encore et, après les futaies, après les arbres, une large plaine s'ouvre. Des yourtes apparaissent ici et là, de loin en loin, comme d'énormes champignons sur un sol herbeux. À chaque fois c'est plus ou moins la même histoire, alors ce soir non plus ils be sont pas surpris de voir venir à eux deux jeunes Kirghizes à cheval qui se précipitent et insistent, tout sourire, pour qu'ils viennent avec eux" (p 155)

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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 17:02

Corniche Kennedy est un roman paru en 2008 soit six ans avant Réparer les vivants qui est aussi présenté ici. Le point de départ est voisin : des adolescents se dirigent avec impatience vers la mer. Ils sont enthousiastes et intrépides, bravent les dangers pour le plaisir de faire monter l'adrénaline. La suite des deux histoires est ensuite très différente. Dans Corniche Kennedy, on assiste à une fracture de plus en plus ouverte entre les jeunes de la bande, ceux qui bravent le danger en sautant graduellement de plongeoirs de plus en plus périlleux, Just-do-it et Face-to-Face et une société d'adultes dirigée par le Jockey, adepte de la tolérance zéro. Entre les deux, le commissaire Sylvestre Opéra tente de concilier les contraires, Le récit alterne l'histoire de la bande de la corniche et celle du commissaire. L'histoire se déroule à Marseille sans que cela soit dit : touristes, bourgeois, cités, trafiquants, prostituées, commissaire, on n'échappe pas aux clichés mais l'auteure semble s'en amuser. Au delà de l'histoire, c'est surtout la finesse du trait de l'auteure pour dresser les portraits de ses personnages, leur donner corps et dessiner le décor que je trouve intéressante. Ainsi les portraits de Sylvestre Opéra et du jeune Mario :

"Ils ont longé la corniche jusqu'aux plages du Prado avant de bifurquer vers le nord, Mario est assis à l'avant sur le fauteuil passager, la ceinture de sécurité lui cisaille la gorge, il fume une Lucky sans tousser, a tourné tous les boutons du tableau de bord, je peux mettre la radio? La ville est pleine et chaude encore, à cette heure, le trafic est dense derrière le port, les trottoirs essorent une population épuisée qui ne veut pourtant pas se coucher : touristes étrangers, estivants en goguette — faut profiter —, pickpockets, familles qui traînent aux terrasses des pizzerias, grand-mères en jeans cloutés et nourrissons endormis dans les poussettes, première vague de noctambules, adolescents en grand appareil. Mais bientôt ce ne sont plus que de grandes avenues frangées d'arbres fluorescents qui ne ventilent plus rien, parcourues de bagnoles nerveuses, pleines à ras bord, vitres baissées musique à fond, on approche des cités, les lumières sont blanches, les gens pendus aux fenêtres fument dans l'air nocturne et l'écho des télévisions, des jeunes sont regroupés au bas des immeubles ou traversent les immenses dalles de béton bleutées, leurs voix. résonnent sur l'esplanade lunaire, on leur crie de se taire, ils brandissent un doigt, il flotte dans l'atmosphère une odeur de joint, de plastique tiède, de vieilles épluchures et de papier journal. Mario se rapetisse dans le fauteuil, les oreilles bientôt descendues au niveau des épaules, il regarde celui qui l'accompagne, ce gros bonhomme frisé, le visage large, le nez camus, le double menton aussi volumineux que la fraise du duc de Nemours, la chemisette claire tendue sur la bedaine, il voudrait que le trajet dure, ne pas rentrer chez lui, ne jamais rentrer; tellement heureux d’être à l'avant de cette voiture, d'être comme un homme a côté d'un autre homme, connivents, la cigarette au bec– la Lucky Strike entre l'index et le majeur, au niveau des premières phalanges, de sorte que pour fumer il pose sa paume contre sa bouche, comme un héros, comme un Américain —, tellement content qu'ils habitent ensemble la nuit, la ville. Il a ouvert la fenêtre pour sentir le frais sur son front, le frais et le fétide, les peaux qui perlent puis, poissent sous les maillots de foot, l'été sans perspective, chaque tour coincée entre deux autres et l'enceinte de murs antibruits comme une ligne de démarcation, comme un écran entre ce monde et l'autre, les tags qui se décolorent sous les Abribus, les chiens énervés." (p. 121-122).

Un très beau roman en somme, sensible et vraiment bien écrit.

J Bicrel

Sujet

Dans un premier temps, nous pouvons observer que le titre de ce roman, Corniche Kennedy, fait référence à un lieu historique qui n’est autre que la corniche du Président John Fitzgerald Kennedy. Cette dernière est un boulevard situé à Marseille longeant la mer Méditerranée, en partant de la plage des Catalans jusqu’aux plages du Padro.

Quant à l’histoire, il s’agit d’une bande de jeunes qui se retrouvent chaque soir, le temps d’un été, sur le bord de la Corniche et s’amusent comme le feraient la plupart des adolescents de leur âge. Leur jeu est parti d’une simple baignade à des plongeons de plus en plus difficiles, défiant les lois de la gravitation. Le meneur du groupe, se nommant Eddy, assure la sécurité, afin que la bande s’amuse sans se blesser lors de ces sauts périlleux. Celui-ci se rapprocha d’une jeune fille, Suzanne, qui avait tenté de les voler mais qui finalement s’est fait prendre la main dans le sac et qui par la suite s’est intégrée au groupe. A cent mètres de cette corniche se trouve le bureau d’un policier diabétique dont le nom est Sylvestre Opéra. Ce dernier est le directeur de la sécurité du littoral et il va se retrouver à lutter contre ces jeunes de la corniche alors qu’il était chargé des affaires de transport de drogue. Les forces de l’ordre vont établir de nombreux moyens afin de les intercepter tandis que cette bande va poursuivre ses provocations. Lors de leurs ultimes sauts, Mario, Eddy et Suzanne, découvrent un paquet de stupéfiant au fond de l’océan, et décident de s’enfuir de Marseille avec cette trouvaille. Mais ils finiront interceptés par Sylvestre et ramenés chez eux.

Verbe:

« A vol d’oiseau, la distance entre la Plate et le bureau de Sylvestre Opéra couvre cent mètres, pas davantage, si bien que, posté sur la terrasse, on y tient du regard une belle portion de littoral : le rivage-le théâtre des opérations en somme - et, de part et d’autre, la ville - trouble, aléatoire, agitée - et l’horizon – lent, imperturbable.

C’est précisément cette latitude qui décida Sylvestre Opéra, nommé directeur de la Sécurité du littoral, à s’y établir il y a maintenant sept ans: il indexa l’amplitude de son champ d’action sur celle de son champ de vision (…)» (p.61)

Dans ce passage on nous décrit la perception, depuis son bureau, qu’a le policier sur le bord du littoral. Des adjectifs sont associés à la ville (trouble, aléatoire, agitée), ce qui nous permet d’en déduire que la ville s’agite avec le va et viens aléatoire des habitants ainsi que des touristes, mais qu’il reste des choses troubles, des actions qui s’y passent sans que personne ne l’interdise (référence à cette bande de jeunes qui défie les lois de la gravitation). La catégorie sociale de Sylvestre est aussi compréhensible à travers la phrase « nommé directeur de la sécurité du littoral », on comprend qu’il est de la classe moyenne et haut gradé. De plus, de façon indirecte, on peut laisser penser qu’il va lutter contre cette bande car il est dit « il indexa l’amplitude de son champ d’action sur celle de son champ de vision », nous devons avoir recours à notre intuition afin de comprendre qu’il ne va plus être chargé des affaires de transports de drogues (action de recherches) mais plutôt qu’il va surveiller depuis son bureau la ville de Marseille et ces adolescents (champ de vision).

« La nuit, la Plate est déserte. On n’y descend pas. Difficile de se garer sur la corniche, de surcroît dans un virage. Et puis c’est malfamé, dit-on, ça craint, c’est sale, pas éclairé. On va ailleurs, on préfère les places bruyantes, les terrasses pleines, le glouglou des fontaines, les palmiers de bronze illuminés par le dessous, leurs longues feuilles découpées noires sur le noir du ciel et ployant tels des sabres, on préfère les cafés du port. Même les amoureux ne font plus la balade. » (p.82)

Dans ce paragraphe, l’auteur nous fait percevoir une zone de la ville qui est fréquentée par des individus de mauvaise réputation comme cette bande. C’est un endroit sale, où « ça craint », où personne n’ose s’aventurer. Nous avons donc une vision d’un lieu où se regroupe des jeunes de classes sociales défavorisées que ne côtoient pas les classes supérieures, « les amoureux ne font plus la balade ». Dans la suite de cet extrait, on voit qu’il y a une séparation socio-spatiale entre ces deux classes, avec d’un côté un endroit laissé à l’abandon et un autre où les terrasses sont pleines, où l’on entend le glouglou des fontaines.

On peut en conclure que cet auteur manie sa langue à la perfection, car il arrive à passer de phrases moyennement complexes où l’on doit faire appel à notre déduction, à des phrases comparatives. Maylis de Kerangal mélange donc deux types d’écritures différentes, une écriture soutenue qui représente les gens de la classe moyenne/supérieure comme ce policier diabétique qui « indexa l’amplitude de son champ d’action à son champ de vision » (déduction), et une écriture plus relâchée avec des mots familiers, « ça craint, c’est sale ». De plus, ces deux extraits sont représentatifs de l’ensemble du texte qui met sans cesse en opposition les différentes classes de la société.

Complément:

Personnellement j’ai trouvé que ce livre reflète la réalité, avec la présence de deux catégories sociales complètements opposées. D’un coté nous avons une bande, des délinquants qui bravent l’interdit et qui mettent à rude épreuve l’autorité, la surveillance des forces de l’ordre qui doivent être tout le temps sur le qui-vive. Et d’un autre côté nous avons les policiers qui sont là pour faire régner la sécurité, le calme dans la ville, pour éviter les débordements qui sont la plupart du temps provoqués par des bandes de jeunes. Comme je l’ai dit au début, ce texte est le reflet de la réalité car les phénomènes présents dans ce livre sont observables dans la vie réelle. Ce texte était très intéressant de par la comparaison des deux classes sociales mais aussi par l’écriture comme avec la présence de cette phrase où nous devons faire appel à notre déduction. J’ai donc pris du plaisir à lire ce livre très captivant.

Alexandre, 1S2

Sujet :

Il est ici question d’une bande de jeunes adolescents entre treize et dix sept ans, surnommés « Les ptits cons de la corniche » ou encore « La bande ». Ces adolescents défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Un commissaire, derrière ses jumelles, est chargé de surveiller cette zone du littoral. Les adolescents, avec leur goût de l’interdit, franchissent des seuils de sécurité improbables en faisant de nombreux plongeons de plus en plus dangereux. Le commissaire a donc pour mission de les sanctionner.

Verbe :

Nous pouvons remarquer que la magie de ce roman ne tient qu’à un fil, celle d’une écriture sans temps mort, cristallisant tous les vertiges. On pourrait penser qu’elle a écrit son roman comme si elle le disait oralement. Par exemple elle utilise de très longues phrases, comme si elle commençait à parler jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de souffle. Le vocabulaire est assez divers et peut être compréhensible par un jeune public, variant un vocabulaire soutenu et familier par moment. C’est un récit appartenant au réel car il relate de la vie de personnes ordinaires avec une histoire qui pourrait très bien se passer dans la vraie vie. 

« La peur les saisit quand ils penchent la tête en bas, cherchant les repères habituels, ne voient rien, l’eau est noire et lourde, festonnée de mouse claire au pourtour des rochers, bave lactescente, agitée, dégradée, renouvelée sans cesse car la mer est grosse, et forte, si bien qu’on s’y perd. Aussi les gosses vont-ils devoir tout se rappeler : les plongeons et les sauts, les élans, les angles, les impulsions et les détentes, tout se rappeler, au millimètre près, au newton et au kilojoule, au bar près, tout se rappeler pour pouvoir tout refaire, à l’aveugle. Ils vont devoir libérer la mémoire de tous les bonds contenus dans leur corps. Une poignée de secondes plus tard, on entend la voix d’Eddy hurler dans la nuit depuis le Face To Face que taillade un mistral rugueux : ok, mise à feu ! alors aussitôt chaque voltigeur enflamme ses torches avant de les maintenir dressées à la verticale, à bout de bras, genoux joints, christs en croix photophores.

Fumées rouges, fumées blanches, fumées rapides. Elles écument le ciel humide, aspergent les plongeurs d’une lumière crue, très blanche, qui troue l’atmosphère de lueurs blafardes, s’amplifient et auréolent le Cap d’un halo neige tramé au magenta, lequel mousse et se propage à toute vitesse si bien que les premières silhouettes paraissent aux balcons des hôtels, aux terrasses que parfument l’eucalyptus et le gardénia, aux hublots des voiliers qui croisent dans la baie, si bien que les voitures intriguées ralentissent sur la corniche, les dîneurs penchent la tête au-devant du caboulot, les girafes dodelinent du cou derrière les grilles du zoo, les goélands halètent, gonflent et vident le torse, si bien que les chiens aboient et que Sylvestre Opéra tressaille derrière ses jumelles, putain qu’est ce qui se passe en bas ?"

Ce passage est situé pas loin de la fin du livre. C’est ici la dernière action des adolescents avant d’être rattrapés par la justice. Leur dernier saut, le plus dangereux. C’est dans ce passage (1er paragraphe) que nous pouvons voir la gravité de la scène ; les actes dangereux et inconscient de ses adolescents. Ce passage est également représentatif du roman car nous pouvons voir dans le deuxième paragraphe que c’est un événement hors du commun auquel le commissaire ne s’attendait pas.

L’évolution des jeunes est ici l’enjeu majeur de ce roman. Au début, ils sont puissants, dominants, ils sont les rois du monde et contrôlent la corniche Kennedy. Puis, c’est le drame, ils deviennent faibles, impuissants et dominés par l’autorité. Tout leur petit monde s’écroule pour faire face à la réalité de la vie. Ce qui nous donne une leçon de vie ; l’autorité est là, prête à nous remettre dans le droit chemin mais surtout vigilante et bienveillante comme le commissaire..

Complément :   J’ai trouvé tout d’abord ce livre très facile à lire. C’est un livre auquel nous pouvons accrocher dès le début. Suivis de plusieurs différentes actions successives, je m’attendais personnellement à une chute ou encore un événement qui aurait pu changer le cours de l’histoire mais ça n’a pas été le cas. J’ai été déçue par cette fin plutôt banale mais ce roman montre bel et bien la réalité ; des faits totalement réels. Une histoire qui pourrait très bien finir de même : des jeunes inconscients qui défient les lois et finissent devant la justice, pour un jugement qui les punira de leur erreur.

C’est ce côté réaliste qui m’a particulièrement plu dans ce livre.

Chloé Gr. 1S2

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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 14:11

Paru en 2011, ce roman relate globalement la même histoire que Mon traître que l'auteur a publié en 2008 mais cette fois l'histoire est présentée du point de vue de Tyrone Meehan qui dit dans le prologue daté du 24 décembre 2006 : "Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence." L’expérience relatée est en effet douloureuse puisque membre actif de l'IRA, l'Armée Révolutionnaire Irlandaise, il a traversé les moments les plus difficiles de son histoire, combats armés contre des chars britanniques, emprisonnements sans jugement dans des conditions particulièrement sordides, torture, grève de l'hygiène, grèves de la faim, ...et pourtant Tyrone a fini par trahir. De malheureuses circonstances ont fait de lui une proie facile pour les services secrets britanniques et il s'est ainsi transformé de héros en traître durant plus de 20 ans. Lorsque la paix a été conclue, les britanniques ont jugé bon de discréditer les combattants de l'IRA en dénonçant la traîtrise de Tyrone et de deux autres personnes dont ils cachent le nom afin de créer les soupçons et d'interdire ainsi à l'organisation d'ériger quelques-uns des siens en héros ou en martyrs.

Le récit retrace à travers Tyrone l'histoire de l'IRA et de son organisation politique mais c'est aussi un hymne à l'engagement, à la solidarité, à l'humanité célébrés par une langue pleine de poésie où l'on croise de belles images bien saisissantes : "Gueule cassée, regard glace, Meehan vent mauvais" c'est le portrait de Patraig, le père de Tyrone (p 13), "le silence était en ruine", tel est l'effet ressenti par Tyrone encore enfant après les bombardements de Belfast par les Jerrys c'est à dire l'armée allemande (p 41)..

En somme, un roman nécessaire pour comprendre l'histoire de l'Irlande du Nord et une œuvre puissante comme le sont aussi Le Quatrième Mur et Profession du Père. Le métier de journaliste et les éléments de sa biographie se conjuguent dans l’œuvre de Chalandon à une plume à la fois délicate et acérée.J'espère qu'il écrira encore d'autres œuvres de ce type. Son seul roman de pure fiction m'avait semblé moins convaincant même si on y retrouve des thèmes récurrents chez Chalandon, comme celui de l'amitié ou celui de l'engagement.

Extrait choisi (et c'est un choix difficile !) : "Alors nous avons parlé de la misère. De la Grande Famine. Des enfants sans chaussures dans la boue. De la lèpre du pain, qui suinte au coin des bouches mal nourries. De mon père mort de givre. Nous avions une colère commune. Et la haine, aussi. Comme nous, Tom Williams avait fui son quartier. Une bombe loyaliste jetée sur un groupe d'enfants qui jouaient dans un parc. Il y avait eu des morts. Et c'est Terry Williams, son oncle, qui avait été emprisonné pour avoir défendu sa rue. Mais pas les tueurs protestants. C'était injuste. Tout était injuste...." p. 88

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18 août 2016 4 18 /08 /août /2016 21:15
Kundera, Milan, La Valse aux adieux

La Valse aux adieux, est un roman écrit en tchèque en 1973 par cet auteur qui ensuite a écrit ses œuvres en français et qui a cette année-là quitté définitivement son pays. Il a lui-même revu cette édition en folio Gallimard.

L'histoire se déroule dans une station thermale, à l'automne, en cinq jours. Les huit personnages apparaissent à tour se rôle et se croisent immanquablement dans l'espace réduit de la station. L'histoire initiale se réduit à la situation de Ruzena, jeune infirmière qui se morfond dans cette ville où vu ce qu'on y traite (stérilité et problèmes de cœur), elle désespère de rencontrer quelqu'un d'autre que des vieillards ou des femmes stériles ! Mais deux mois plus tôt elle a couché avec un musicien de passage venu de la capitale. Elle est enceinte et aimerait bien que ce célèbre artiste reconnaisse la paternité. Celui-ci, Klima, marié à une femme très jalouse dont il est très amoureux n'est pas facile à convaincre... Sur cette trame se greffent divers épisodes au cours desquels les six autres personnages jouent un rôle plus ou moins volontaire dans l’histoire de Ruzena, une histoire resserrée, sans les digressions habituelles.

Plus que l'intrigue, ce sont surtout les personnages eux-mêmes qui retiennent l'attention : l'Américain Bertlef, riche et prodigue, peint des saints aux auréoles bleues et se trouve parfois lui même entouré d'un intrigant halo bleu. Le solitaire Jakub, quant à lui, a dû subir la prison à cause d'un faux ami qui ensuite à été exécuté mais Jakub avait une petite pilule bleue offerte par son ami le docteur Skreta pour en dernier recours échapper aux bourreaux en se suicidant. Cette pilule bleue ressemble à s'y méprendre aux pilules bleues tranquillisantes que prend l'infirmière Ruzena, Jakub va devenir coupable par accident ! Quant au fantasque docteur Skreta, ils soigne les femmes infertiles en sélectionnant les femmes auxquelles il injecte sa propre semence de sorte de Jakub est frappé par le nombre d'enfants qui ressemblent à Skreta dans la région! Ce sont les trois personnages les plus fascinants mais les cinq autres sont également de très beaux personnages.

Extrait choisi (page 321) : "Le gamin aux grandes lunettes était debout contre la fenêtre, comme pétrifié, le regard fixé sur la mare. Et Jakub s'avisa que ce gamin n'y était pour rien, qu'il n'était coupable de rien et qu'il était venu au monde, pour toujours, avec de mauvais yeux. Et il songea encore que ce pour quoi il en voulait aux autres était quelque chose de donné, avec quoi ils venaient au monde et qu'ils portaient avec eux comme un lourd grillage. El il songea qu'il n'avait lui-même aucun droit privilégié à la grandeur d'âme et que la suprême grandeur d'âme c'est d'aimer les hommes bien qu'ils soient des assassins."

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3 août 2016 3 03 /08 /août /2016 17:33
Brecht, Bertolt, La Résistible Ascension d'Arturo Ui

Je viens d'achever la lecture de La Résistible Ascension d'Arturo Ui traduit de l'allemand par Hélène Mauler et René Zahnd pour les éditions de L'Arche. Quelle histoire ! Chacun connaît aujourd'hui, avec plus ou moins de détails, la crise de 29, la montée du nazisme en Allemagne, la prohibition aux États-Unis, Al Capone et ses gangsters, Hitler et ses tristes sbires Göring et Goebbels... La pièce compose avec tout cela en 15 scènes écrites en vers blancs, précédées d'un prologue et closes par un épilogue dont le célèbre dernier vers

"Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde"

est traduit de façon plus allusive et plus proche du texte initial par :

"Le ventre est encore fécond d'où ça sort."

On le voit, la fable est sombre et la réalité qu'elle évoque (la montée d'Hitler au pouvoir) est rappelée et expliquée à l'issue des scènes par des tableaux montrés au public et écrits en lettres capitales). Pourtant la théâtralité de certaines scènes, voire le comique, conduisent à une sorte de mise à distance de cette sinistre réalité : le marché qui met Chicago à feu et à sang est le marché du chou-fleur ! dans la scène 6 Ui prend des leçons de diction et de maintien (à la manière shakespearienne) et la scène rappelle Le Bourgeois Gentilhomme. Dans la scène 13, la présence de UI et de ses sbires à l'enterrement du journaliste Dullfeet qu'ils ont fait assassiner, puis le chantage exercé sur l'épouse de Dullfeet et dans la scène 14 où Ui reçoit la visite en songe de Roma, son ami depuis 18 ans, qu'il a pourtant froidement assassiné, on se croit chez Shakespeare.

En somme, l'enjeu est bien d'attirer l'attention sur le processus qui a amené Hitler au pouvoir et de démonter que cette "ascension" était "résistible". Ainsi le "Troisième gars de Chicago" alors que lui et ses collègues n'ont pas su résister à Ui, déclare aux gars de Cicero (alias l'Autriche, prochain objectif de conquête de Ui) :

"Vous entendez, vous devez

Vous défendre, les gars ! Cette peste noire

Doit être stoppée ! Faut-il que le pays

Tout entier soit dévoré par cette épidémie ?"

Mais la pièce est d'autant plus efficace qu'elle ne se borne pas à son enjeu et exploite avec éclat les diverses potentialités du genre qu'est le théâtre. Écrite en 1941 mais déjà en germe en 1934, la pièce n'a été créée qu'en 1958. J'attends avec impatience de voir comment elle sera interprétée en 2017 par Philippe Torreton (Ui) dans une mise en scène de Dominique Pitoiset.

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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 21:11
Echenoz Jean, Envoyée spéciale

Décidément j'aime beaucoup les histoires farfelues et si ingénieuses de Jean Echenoz. Voilà Constance kidnappée à Paris puis mise au vert dans la Creuse, puis cachée par des gardiens au sommet d'une éolienne pour la protéger des commanditaires de l'enlèvement. Il y a bien une demande de rançon mais le conjoint fait la sourde oreille, il y a aussi l'envoi de la dernière phalange d'un auriculaire (mais pas celui de Constance ! ), sans plus de succès. Lou Tausk, le conjoint en question a bien consulté un avocat (son frère) mais très vite il s'est mis en ménage avec la blonde secrétaire de l'avocat. Plus tard, quand son frère aura changé de secrétaire, il remplacera aussi la première par la suivante ! Pendant ce temps, Constance est envoyée en Corée du Nord pour jouer les Mata-Hari et aussitôt séduite par un haut dignitaire, Gang Un-ok elle n'a aucun mal à obtenir des confidences sur l'oreiller. Mais voici que Gang Un-ok est victime d'un processus "que l'on nomme plâtrage des éléments antiparti" dont je vous laisse découvrir les subtilités p 274/275 et c'est grâce aux gardes de Constance qu'il parvient à s'échapper. On les retrouve bientôt dans la DMZ et c'est là l’élément documentaire de l'histoire. En ce qui me concerne j'ignorais l'existence de cette zone paradoxalement démilitarisée mais truffée de mines.

Bref, Echenoz excelle à raconter des histoires rocambolesques mais ce que j'apprécie le plus, c'est qu'il s'amuse sans cesse avec le lecteur. Par exemple, P. 54 l'auteur s'associe au narrateur (?) et dit "nous, qui sommes toujours mieux informés que tout le monde, savons très bien où se trouve Clément Pognel. Nous n'avons eu aucun mal à le localiser"... ou encore page 293, il indique parlant de la DMZ "Tout au plus pouvait-on déduire de leur présence qu'outre les animaux rares déjà cités, devaient aussi traîner dans le coin quelques éléphants, pour les raisons exposées au chapitre 13." En effet, presque 200 pages plus tôt, alors qu'il évoquait la faune de la Creuse, il avait raconté les théories du docteur L Elizabeth, L Rasmussen sur la parenté des éléphants et ... des papillons. Plus loin, page 296, il traite le lecteur avec désinvolture déclarant à propos de Constance et d'Objat qui l'accompagnait pour traverser la DMZ "Dès cet instant, nous perdons leurs traces." (p 296)... Et le récit est sans cesse entrecoupé de ces clins d’œil qui lui donnent son relief et font le bonheur du lecteur qui se laisse mener comme les personnages.

Et l'on croirait entendre l'auteur parlant de ses personnages et de son intrigue lorsque p.124/125 Paul Objat dit à son Général "ça mijote [...] c'est comme en cuisine [...] Il faut surveiller de temps en temps, faire revenir, déglacer, rajouter des épices au bon moment [...] j'ai monté mon dispositif. J'ai dû prendre un peu de temps pour distribuer les rôles. ça ne se fait pas tout seul, un casting, ça se fignole, mais là je crois que ça va. Tout est en place et chacun joue sa partie. Ils n'ont aucune idée de ce qu'ils font, mais ils font tout comme je l'avais prévu. Parfait, a soupiré le général [... ] ça me rappelle le titre d'un roman de Balzac, s'est-il laissé aller, Les Comédiens sans le savoir, je ne sais pas si vous connaissez." ( p 124/125)

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