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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 21:55

Jardins d'exil publié aux Éditions du lointain, est le premier roman de ce jeune auteur. C'est un récit très étonnant, car construit d'une manière éclatée, ce qui déstabilise le lecteur habitué à des structures plus conventionnelles et, sans doute, plus policées.

Ici les ruptures sont constantes, le monde vole en éclats, entre Ve siècle av JC  et XXIe s, entre Montreuil, Le Caire, Al-Bariya au Maroc, L'Espagne, Israël, L'Iran, la Crête ...,  entre bars de nuit, laboratoires de recherches, appartements et hôpital, entre aventures et "bitures"... L'entrée dans le roman par un rêve d'ivrogne, un rêve sans queue ni tête a priori est d'ailleurs annonciatrice de ce monde désarticulé.

Et pourtant, on s'y fait et même, on s'y laisse prendre : Laura, jeune sœur du héros Alejandro survivra-t-elle à sa leucémie ? Aemilia, jeune alexandrine des débuts de l'époque byzantine, est-elle morte des suites d'une leucémie ou a-t-elle été assassinée ou n'a-t-elle pas réussi à surmonter la douleur du départ de son amante Théodora repartie pour Antioche ?

Les personnages aussi sont attachants : les doutes et complexes du grand frère Alejandro vis-à-vis de sa jeune sœur Laura, les questions qui taraudent les exilés comme Azadeh, Hakim, Youssef, le personnage de Sacha aussi est intéressant. Le titre "Jardins d'exil" a beau être au pluriel, il ne rend compte que d'une petite partie du roman.

Le roman est aussi rempli de références culturelles diverses mais passionnantes : l'origine de la religion copte, l'histoire de la reine Théodora, les progrès scientifiques liés aux greffes ou liés aux possibilités de recherches par l'étude de l'ADN. 

Je trouve toutefois que dans les premières pages le recours aux métaphores est excessif et maladroit : "les zones les plus reculées de mon cerveau prennent alors les commandes [...] un cadavre pompéien de spaghettis [...] Une ultime nuée de fumée sonne comme un chant du cygne gastronomique..." Heureusement, cela ne dure pas. Les scènes érotiques et dans une moindre mesure les scènes d'alcoolisation tombent presque toujours à plat, transformant le lecteur en voyeur puisque ces descriptions n'ont pas d'autres enjeux véritables. C'est dommage  car ce récit valait mieux.

J'ai repéré aussi quelques coquilles qui ne sont pas passées au crible de l'éditeur : p 88 "Il m'a toujours aimé"  P197 "Mais tu m'as rassuré" p 213 "Elle organise, transfert" p 220 " Une dictature vielle" "p 287 " Azadeh était déçu" Surprenant, car je suppose que ce livre a été lu et relu avant d'être édité. Ce premier roman mérite le meilleur !

Extrait choisi : "Des nouveaux rôles se dessinaient malgré nous dans notre minuscule tribu. J'épousais celui de l'esprit subversif et ma sœur de l'irréprochable modèle. Elle suivait la voie royale, et moi une voie sans issue. Elle appelait régulièrement pour donner de ses nouvelles, je ne répondais jamais au téléphone. Elle prenait soin d'elle, comme de ses affaires, je perdais souvent mes cartes bleues, mes clés ou mes portables et ne revouvelais que très rarement ma garde-robe. Enfin, j'avais des relations compliquées avec des filles impossibles, elle rencontrait des garçons charmants, bien sous tous rapports. Cette caricature participait à écrire la légende familiale"

 

 

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2 mai 2021 7 02 /05 /mai /2021 13:23

Près de 400 pages pour que les hommes comprennent aux quatre coins du monde qu'ils deviennent "le sexe faible" ! Les femmes en effet sont doté dans ce roman d'une arme redoutable : un faisceau électrique les parcourt si bien qu'elles peuvent tuer un adversaire du bout des doigts.

Publié chez Calmann Lévy, ce roman a été traduit de l'anglais. Je ne peux pas dire que cette écriture m'ait séduite. Quant au sujet, il permet de parcourir  la condition féminine telle qu'elle est aux quatre coins du monde, c'est son atout. L'idée du faisceau électrique comme outil de pouvoir me semble tout même très kitch et surtout l'idée de regagner du pouvoir dans la société en rabaissant, torturant ou tuant les hommes est particulièrement déplaisante. L'élévation de l'une des femmes, Eve, dans un statut de messie guérisseur ne parvient pas à compenser ces travers, au contraire. Certes, c'est un roman mais sur cette question de la condition féminine il y a sans doute mieux à faire.

Bien sûr, c'est mon point de vue et chaque lecteur a le sien. Je serais curieuse de connaître d'autres avis

Voici un extrait  :

"Roxy comprend sur le champ et sans la moindre ambiguïté ce qui est arrivé à Ricky.
Il est devant la télé, allumée, mais sans le son. Il a un plaid sur les genoux, et des bandages en dessous ; le docteur est déjà passé.
Il arrive que des filles qui travaillent pour elle, en Moldavie, se fassent coincer par des types. Roxy a vu que ce que l’une d’elle avait fait aux trois hommes qui s’étaient relayés pour la violer. Sous la ceinture, ce n’était plus que des chairs calcinées et des motifs de fougères sur les cuisses, dans les tons rose, marron, rouge vif et noir. Il s’en tirera probablement. Ce genre de blessure finit par cicatriser. Roxy a cependant entendu dire qu’ensuite les choses pouvaient s’avérer compliquées."

C'était une sélection envoyée par la Kube, j'espère que les suivantes seront plus à mon goût.

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26 octobre 2020 1 26 /10 /octobre /2020 09:59

Impatientes, patience, Munyal, patior, endurer, supporter, subir, souffrir, être victime.

Les trois impatientes de ce roman, "fiction inspirée de faits réels" sont contraintes à endurer, supporter, subir, souffrir et être victimes de la tradition patriarcale polygame et musulmane des Peuls. Sans cesse, on leur serine le même refrain "patience".

Ramla et Hindou sont demi-sœurs, Ramla aime les études, rêve de devenir pharmacienne et d'épouser Aminou, un futur ingénieur dont elle est amoureuse. Sa demi-sœur Hindou n'a pas de goût pour les études et se plaît aux activités féminines. Toutes deux sont mariées de force le même jour, leur père ne tolère aucune protestation, leurs mères les exhortent à obéir, leur propre sécurité de co-épouses du père, est en jeu. Le jour du mariage, elles doivent écouter les préceptes du mariage selon les pères et les oncles jusqu'à ce que les mères et belles-sœurs les poussent "sans ménagements" vers la voiture de leur mari.

Hindou a été donnée en mariage à son cousin Moubarak, elle ne quitte donc pas la "concession" où vivent les oncles et son père mais elle n'a pas le droit de revenir chez elle, même quand Moubarak la bat, même quand il couche avec une prostituée dans le lit conjugal. Elle sombre un temps dans une profonde dépression mais ce n'est qu'une porte de sortie provisoire. Lasse des exhortations à la patience, elle finit par partir, on ne sait où.

Ramla a été donnée en mariage à Alhadji , un homme politique riche et prospère, un homme de 50 ans, elle est sa seconde épouse. Contrainte de taire sa révolte, elle semble avoir adopté l'attitude de patience qu'on attend d'elle mais la jalousie de sa co-épouse, la "daada-saaré" finit par lui rendre la vie impossible. Elle finit par partir, elle aussi.

La 3e femme dont on entend la voix dans ce roman est Safira, la " daada-saaré" de 35 ans qui voit d'un mauvais œil arriver Ramla, la nouvelle épouse qui n'a encore que 17 ans.  Lorsque Ramda lui prend son tour, son walaande, la jalousie de Safira n'a plus de bornes.

Extrait : Le huitième jour, c’est mon tour. Mon walaande ! La lune de miel instaurée par la religion est achevée et, désormais, Alhadji doit se partager entre sa nouvelle épouse et moi. Je m’apprête à revoir mon mari.

Quand il m’a annoncé son désir de prendre une nouvelle épouse après vingt années de mariage, il avait pris une décision unilatérale qui, selon lui, n’avait rien à voir avec ma personne. Il s’en est arrogé le droit et a refusé d’en discuter. Par contre, j’étais libre de refuser cet état de fait et, en ce cas, il pouvait me libérer. Or, entre son envie de se remarier et son désir de me conserver, il avait déjà fait son choix. Il m’a rappelé que je ferais mieux d’être raisonnable et sage :

« Ouvre les yeux, Safira ! m’a-t-il dit. La polygamie est normale et même indispensable pour le bon équilibre du foyer conjugal. Tous les hommes importants ont plusieurs épouses. Même les plus pauvres en ont. Tiens ! Ton père est aussi polygame, non ? Si ce n’est avec moi, ça sera toujours avec un autre. Jamais tu ne seras seule chez un homme. Si tu étais un peu reconnaissante, tu remercierais plutôt Allah d’avoir été seule pendant toutes ces années. Tu as bien profité de ta jeunesse sans partage. C’est égoïste à présent de montrer de l’amertume. Et puis, serais-tu plus sage que le Tout-Puissant qui a autorisé les hommes à avoir jusqu’à quatre épouses ? Es-tu plus importante que les épouses du Prophète qui ont accepté dignement cette polygamie ? Penses-tu être un homme pour affirmer qu’on ne peut aimer plusieurs femmes à la fois ? »

Pourtant l'hospitalisation de Ramla rapproche un temps les deux femmes : " Comme toi, j’ai eu le cœur brisé le jour de ce mariage. Comme toi, je ne suis qu’une victime. Je ne suis qu’un caprice pour lui. À peine m’a-t-il aperçue qu’il a décidé que je lui appartiendrais, peu importe ce que j’en pensais. Mes parents non plus n’ont pas tenu compte de mes sentiments et n’ont pas entendu ma détresse. Je n’ai pas choisi d’être ta rivale ou de te prendre ton époux.

— Je ne savais pas. J’en suis désolée. Mais tu sais, tu es encore jeune et…

— Je ne suis plus jeune. On m’a volé ma jeunesse. On m’a volé mon innocence.

— À moi aussi."

Ce roman polyphonique évoque la condition féminine dans les peuples musulmans polygames au XXIe siècle, à l'époque du smartphone, de l'Internet, des voyages intercontinentaux en avion. On pourrait l'oublier tant la réalité évoquée dans ce roman est rétrograde ! À plusieurs reprises, j'ai même pensé aux Lettres Persanes de Montesquieu, seuls manquent les eunuques ! Le recours à des Marabouts et à des pratiques magiques invraisemblables accroît encore cet effet d'un autre temps. Comment des mondes aussi distants peuvent-ils coexister, même à l'ère d'internet et des voyages en avions ?

Ce roman se lit très vite et sans peine, l'écriture est classique, la construction polyphonique explore diverses dimensions de la polygamie musulmane mais c'est un pamphlet très puissant dont on ne sort pas indemne.

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21 octobre 2020 3 21 /10 /octobre /2020 10:34

A priori, rien de nouveau dans ce livre, ni le nom de l'auteur, journaliste littéraire au Figaro, ni le titre du livre, déjà trouvé sous la plume d'Antoine Bello (Gallimard, 2009)  et sans l'article, sous celle de

La lecture m'a souvent déstabilisée : j'attendais un roman, j'y ai en effet trouvé quelques personnages, un héros narrateur proche parent de l'auteur, son ami le philosophe, son ami Bizness, une quête, retrouver Nadia. Mais ces personnages semblent avoir l'étoffe de héros de roman tout en restant des ébauches, la quête est à peine crédible et finit par perdre son sens. D'ailleurs derrière l'artifice de cette quête, une autre se dessine : trouver la fêlure qui conduit certaines personnes à s'engager dans l'action pour accompagner les "funambules". C'est en effet une question intéressante qui conduit notre narrateur à interroger de multiples personnes et à présenter diverses associations qui toutes pallient les insuffisances de l'État : Les Restos du cœur, ATD quart  monde, Les Petits frères des pauvres, ... jusqu'au Collectif Morts de la rue. Souvent alors j'ai eu l'impression de lire un essai bien plus qu'un roman même si le prétexte de ces enquêtes et interviews est l'engagement du héros narrateur dans le projet du grand neuropsychiatre Jean-Patrick Spak pour un ouvrage intitulé L'Écriture est la vie.

En somme, je trouve ce livre très intéressant voire nécessaire pour tout ce qu'il m'apprend mais comme roman, il me semble juste côtoyer le romanesque sans y entrer. En lisant un livre sélectionné" pour le Goncourt, je m'attendais plus clairement à un roman.

Extrait choisi : "Tout au long de mes rencontres j’apprendrai à quel point l’homme est insondable.

Monique enchaîne. « J’ai rencontré un homme qui avait un très bon poste et qui a été licencié parce qu’il buvait trop. Il s’est retrouvé dans la rue. En général, ce sont des hommes qui meurent jeunes. Il y a quelques femmes, de plus en plus, mais en général ce sont des hommes. Et puis une fois qu’on est dans la rue, une fois qu’on n’a plus de toit… c’est presque irréversible. C’est l’une des plaies du chômage. J’ai eu une amie qui s’est retrouvée sans emploi. Elle était cadre dans une entreprise. Elle m’a expliqué qu’elle avait encore un enfant à charge. Seule. Au début, elle se levait tous les matins, elle préparait son petit déjeuner, accompagnait son fils à l’école. Puis, au fil des semaines, au fil des mois, elle ne s’est plus levée. L’enfant se débrouillait pour prendre son petit déjeuner, allait seul à l’école. L’énergie a diminué pour disparaître complètement. Les liens avec les autres se sont défaits. Et quand ça dure trop longtemps, eh bien, c’est presque impossible de retrouver ces liens. Il y a comme une installation dans cette précarité, qui est très difficile à surmonter. »

Monique ajoute, un peu irritée : « C’est vraiment simpliste, ce discours que j’entends : Si les SDF sont dans la rue, c’est qu’ils le veulent bien. Il y a des circonstances dans la vie… ça peut être la boisson, une famille qui éclate, une situation qui explose. »

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11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 22:41

C’est le dernier livre de cette prolixe romancière. La ligne directrice engage trois personnages qui a priori auraient pu ne jamais se côtoyer : un universitaire germano-portugais venu du Brésil, une universitaire chilienne et une jeune immigrée guatémaltèque. Ces personnages se rencontrent à Brooklyn alors que le froid et la neige bloquent la ville et provoquent un banal accident de circulation. La rencontre lie les trois personnages de façon aussi rocambolesque que définitive : ils se dirigent ensemble et en pleine tempête de neige vers une cabane au Canada avec dans le coffre un cadavre et l’arme du crime.

Or cette aventure rocambolesque tient le lecteur en haleine alors que l’histoire de chacun des protagonistes est relatée :

Lucia Maraz a quitté le Chili de Pinochet alors que son frère venait d’être arrêté et que la menace pesait aussi sur elle. Elle a passé ensuite son temps à enquêter sur les disparus avant de venir s’installer à Brooklyn.

Le professeur Richard Bowmaster vit seul avec ses chats, rescapé d’une terrible histoire familiale qui l’a conduit du Brésil à Brooklyn.

Evelyn Ortega a dû quitter le Guatemala après que ses deux frères ont été cruellement assassinés par des bandes de narco trafiquants. Elle-même a subi cette violence sauvage au point qu’elle s’est retrouvée bègue et blessée obligée de quitter son pays et sa grand-mère et de franchir la frontière vers les USA malgré les dangers effroyables avant de retrouver sa mère à Chicago puis de venir travailler à New-York. :

"En fait, la traversée durait seulement quelques minutes. Ils retrouvèrent les deux autres sur l’îlot et se tapirent dans la végétation, sur le sol sablonneux. Immobiles, ils observaient la rive des États-Unis, si proche qu’ils entendaient la conversation de deux patrouilleurs à bord d’un véhicule dont le puissant projecteur pointait dans leur direction. Plus d’une heure passa de la sorte, sans que l’Expert manifestât la moindre impatience. En vérité, il semblait s’être assoupi, tandis que les autres tremblaient de froid, claquaient des dents et sentaient sur leur peau les insectes et le frôlement des reptiles. Sur le coup de minuit, l’Expert secoua son corps ensommeillé, comme s’il avait une alarme intérieure, et à cet instant précis le véhicule des gardes-frontières éteignit son faisceau. Puis ils l’entendirent s’éloigner.

De ce côté, il y a moins de courant, nous pouvons y aller tous ensemble en barbotant, mais attention, pas le moindre bruit une fois parvenus sur la terre ferme », ordonna-t-il.

Ils entrèrent à nouveau dans le fleuve, cramponnés au pneumatique. Sous le poids des six personnes, il s’enfonçait au ras de l’eau, mais ils le guidèrent en ligne droite. Peu après, ils touchaient le fond et gravissaient le versant marécageux de l’autre bord. Ils étaient arrivés aux États-Unis.

Ils entendirent alors le moteur d’un autre véhicule, mais ils étaient à l’abri de la végétation, hors de portée des projecteurs. »

L’amitié, l’empathie, l’amour sont les valeurs sur lesquelles repose l’unité du trio alors que leur point commun, ils sont « latinos » émigrés aux USA, évoque l’histoire des pays Sud-Américains et aussi l’actualité des flux migratoires entre Amérique du Sud et USA.

 

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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 18:51

Ce récit faisait partie de la liste des titres retenus pour le Goncourt à l'automne dernier. Je ne l'avais pas lu à cette époque. Je viens de le finir. Est-ce un roman ? Il me semble que non, c'est l'histoire du grand-père de l'auteur, Vicente, qui rejetant  à la fois sa nationalité polonaise et sa judéité, avait quitté l'Europe pour vivre en Argentine où il s'était installé sans se soucier de sa mère et de son frère restés en Pologne :

 

"Vicente avait été un homme installé : quarante ans, marié, deux filles et un fils, des amis, un magasin qui marchait, une ville qui ne lui était plus étrangère. Il avait été un homme comme plein d’autres hommes, heureux et malheureux, chanceux et malchanceux, vif, fatigué, présent, absent, souvent insouciant, parfois passionné, rarement indifférent. Il avait été un homme comme tant d’autres hommes, et soudain, sans que rien n’arrive là où il se trouvait, sans que rien ne change dans sa vie de tous les jours, tout avait changé. Il était devenu un fugitif, un traître. Un lâche. Il était devenu celui qui n’était pas là où il aurait dû être, celui qui avait fui, celui qui vivait alors que les siens mouraient. Et à partir de ce moment-là, il a préféré vivre comme un fantôme, silencieux et solitaire."

En effet, lorsque la guerre se déclare, que sa mère est enfermée de même que son frère, dans le ghetto de Varsovie, Vicence se mure à son tour dans son "ghetto intérieur", cessant de parler, de s’intéresser même à sa famille et dilapidant son argent aux jeux. A Buenos Aires il ne reçoit pourtant que des nouvelles parcellaires par le courrier et les journaux mais cela suffit à le tourmenter, il se sent coupable, d'avoir aimer la culture allemande dans sa jeunesse, de n'avoir pas insisté pour que sa mère le rejoigne, d'avoir renié sa judéité.

Pour pallier le manque d'informations précises de son héros, le narrateur  énonce parfois les épouvantes réalités, les terribles chiffres qu'il faut en effet rappeler et faire entendre pour éviter autant que possible le retour cyclique que redoutent Pythagore comme Borges.

"De la même manière que la plupart des Argentins, quarante ans plus tard dans cette même ville de Buenos Aires, allaient refuser de croire que la dictature militaire avait fait des milliers de disparus, les gens, en Allemagne, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Roumanie, dans les pays baltes, en Crimée, en Ukraine, en Russie, comme partout dans le monde, préféraient ne pas parler, ne pas savoir. Tout le monde préférait ne pas parler de cette horreur pour une raison élémentaire et intemporelle : parce que l’horreur crue de certains faits permet toujours, dans un premier temps, de les ignorer."

Cela suffit à rendre à ce récit nécessaire mais j'ai du mal à le considérer comme un roman malgré la présentation éditoriale.

 

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27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 19:57

« Letter Bee » a été écrit en japonais et publié pour la première fois en 2006 au Japon par Hiroyuki Asada. C'est un manga qui appartient au genre fantastique ou fantasy car il se déroule sur une autre planète avec des insectes géants.


Il y est question d'un monde plongé quotidiennement dans la nuit nommé l'Amberground. L'action se passe principalement dans les contrées les plus éloignées du pays qui s'appellent le Yodaka. Les principaux personnages sont Lag Seeing qui est le héros de l'histoire ; il y a aussi Gauche Suede qui est un Letter-Bee, c'est-à-dire un postier ; et enfin il y a Niche qui va devenir le compagnon de Lag à la fin de leur long périple.
Cela me rappelle le roman « Seuls » tiré de la BD où plusieurs enfants et adolescents se retrouvent dans un monde hostile et se lient d'amitié petit à petit pour survivre. Cela me rappelle aussi la féérie des musiques de « La flûte enchantée ».
J'ai senti un certain attachement pour les personnages principaux. Je trouve aussi que l'histoire est intéressante et elle me donne envie de lire la suite. L'auteur a su mêler action, intrigue et amitié dans ce manga.

Mon quiz https://www.babelio.com/quiz/44629/Letter-bee
Thomas, 4C

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11 novembre 2019 1 11 /11 /novembre /2019 21:48

Ludo est bousculé et moqué tous les jours par six garçons. Un jour les moqueries vont trop loin et Ludo se

fait frapper dans les douches du vestiaire, il est amené à l'hôpital. Il ne veut pas dénoncer les six garçons car il a peur d'eux et de retourner à l'école. Mais Alice, une fille qu'il connaît un peu, l'aide à reprendre confiance en lui. Il retourne à l'école un peu stressé mais les six garçons ne font pas attention à lui de la journée, comme s'ils l'avaient oublié. Maintenant Ludo va mieux mais il déménagera avec sa maman dans une autre maison et elle prendra plus de temps pour lui.
 

Le quiz de Florent et Gwenn https://www.babelio.com/quiz/44321/Six-contre-un

Le résumé puis le nuage de mots de Florent 4C :

Tous les jours Ludo va à l'école la peur au ventre , humilié, bousculé par un groupe de six garçons de son collège. Il ne dit rien pour ne pas empirer les choses, mais le harcèlement continue jusqu'à ce qu'il décide d'en finir en se jetant sous le train. Mais grâce à son amie Alice qui va l'empêcher de se suicider, ils vont en parler à leurs mamans, porter plainte et réapprendre à vivre sans la peur. Léo va retrouver confiance en lui .

 

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28 octobre 2019 1 28 /10 /octobre /2019 11:27

"Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pour enfants parce qu’il n’avait pas trouvé mieux que l’empêchement, l’éloignement, la privation, la restriction, l’enfermement et un tas de choses qui n’existent qu’entre des murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c’est-à-dire des gens qui filent droit."

Ainsi commence Le ciel par-dessus le toit. Le titre bien sûr nous rappelle le poème de Verlaine dans Sagesse et il sied comme un gant à ce court  roman où l’on enferme un jeune Loup, frère de Paloma et fils de Phénix, en prison où devenu « Écrou 16587 », il pense à ce poème appris quand il était à l’école, qui parlait du ciel par-dessus le toit mais ce n’est pas la même chose. » La prison pour mineurs, la vie de Loup, de sa sœur Paloma, de sa mère Phénix autrefois Aliette, non tout cela n’a pas grand-chose à voir avec le poème de Verlaine.  Aliette, victime de l’amour de ses parents, s’est retirée de la civilisation pour devenir Phénix et vivre en marge de la ville. Elle a couvert son corps de tatouages, un énorme dragon grime dans son dos, elle a deux enfants de pères inconnus et leur a donné des noms d’animaux, Paloma et Loup pour les protéger des humains. C’est sans compter l’irrépressible besoin de tendresse et d’amour qui malgré ses efforts fera tout pour ramener la famille au monde humain.  

La poésie du récit est aussi saisissante, poésie des images, des sons et des parfums : Phénix « sent la sueur, le fer, l’essence et, étonnamment, le jasmin ». Paloma a acheté des anémones et « Elle se penche sur elles, émerveillée de ce qu’elle découvre, c’est bien la première fois qu’elle remarque ce changement de couleur bien que ce ne soit pas la première fois qu’elle achète des anémones sur le quai du tram et elle chuchote C’est beau bleu.

Doucement, gentiment.

Elle sourit encore et c’est le même effet que le chatoyant de tout à l’heure et même si c’est bancal, c’est une phrase sincère qui sort de sa bouche et ce n’est pas rien. Plus tard, peut-être qu’elle reformera ces mots sans bruit pour se rappeler qu’elle a été une fois dans sa vie capable de parler aux fleurs, de dire quelque chose comme ça, quelque chose qui n’ait de sens que dans l’instant, qui n’ait de beauté que dans son imperfection. »

J’ai beaucoup aimé ce court récit, plein de fraicheur, de poésie et d’humanité.

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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 21:48

Le titre de ce livre est « Molière vu par une ado et par son chien », collection 100% bio. L’auteur de ce livre est Cécile Alix et l’illustrateur est Chadia Loueslati.

Inès a 12 ans, elle est Youtubeuse, slameuse mais surtout archi fan de Molière. Depuis qu’elle a fait connaissance avec ce pro des mots, elle s’en est découvert une vraie passion qu’elle partage avec ses abonnés. Vous ne voyez pas ce qu’un vieux ringard a à vous apprendre ? Heureusement, Inès va vous montrez à quel point Molière est toujours d’actualité.                                                                                                                            Et oui, Molière avait plusieurs talents : auteur la nuit et rappeur la nuit. En plus, Inès vous raconte ça de façon très drôle. Molière va faire des apparitions dans le livre par des BD et va aider Inès en commentant ses expériences.

 

J’ai bien aimé ce livre car il nous montre de nombreuses faces cachées de Molière et nous aide à nous faire une autre image de ce célèbre écrivain.

Ce livre me fait penser aux textes que j’ai pu étudier en primaire. J’ai apprécié de le lire car il y a beaucoup d’images ce qui m’a permis de m’imaginer le texte en détails et de rendre le livre moins ennuyant. Je conseille ce livre aux gens qui n’aiment pas beaucoup lire car il est facile à lire et intéressant.

Emma, 4C

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