Ce roman de David Foenkinos présente l'histoire de quelques quadragénaires confrontés à divers moments du récit à une sorte d'angoisse existentielle.
/image%2F1483994%2F20240207%2Fob_445628_la-vie-heureuse.jpg)
Eric le premier, cadre chez Decathlon, a investi toute son énergie pour atteindre les sommets qu'il a atteints certes, mais au prix de son divorce et de l'éloignement de son fils. Le jour où Amélie, ex-camarade de prépa au lycée Châteaubriant à Rennes, lui propose de changer de vie pour venir l'épauler dans son poste au commerce extérieur dans l'équipe du gouvernement Macron, il est surpris, mais il accepte. Ce partenariat le conduit à Séoul d'où il importe le concept vivre sa mort pour revivre.
En effet, c'est bien là le problème de tous les personnages de ce roman à un moment de leur vie : Amélie, Isabelle, Laurent et même Ben ou Magali. Chacun cherche à changer de vie, à revivre dans l'espoir de trouver le bonheur.
Roman écrit à la troisième par un narrateur extradiégétique et omniscient, ce livre ne bouscule pas les codes, si ce n'est par une alternance de chapitres consacrés à Eric ou à Amélie. Il côtoie plutôt la philosophie comme l'indique le titre emprunté à Sénèque. Mais si l'on va au bout de l'idée "Voilà pourquoi les anciens ont prescrit de mener une vie très vertueuse, et non pas très agréable ; ils entendent que, droite et bonne, la volonté ait le plaisir, non pour guide, mais pour compagnon. La nature, en effet, est le guide qu’il faut suivre ; c’est elle que la raison observe et consulte. C’est donc une même chose que vivre heureux et vivre selon la nature.", écrivait Sénèque et la quête de nos personnages tend peut-être vers cette conclusion sans pourtant y parvenir.
extrait : Cette stupéfaction dans le regard des autres le déstabilisa ; on le considérait donc comme un homme prévisible, incapable de hors-piste, un monogame professionnel. En quittant la société après près de vingt ans, il voyait son image changer subitement. Comme il était appelé au gouvernement, la direction facilita les conditions de son préavis, et son pot de départ fut des plus chaleureux. Certains de ses collègues allaient lui manquer, pourtant ils ne se verraient plus vraiment. La vie d’entreprise cimente des relations qui se désagrègent dès lors que l’on quitte les enjeux communs. On n’a subitement plus rien à dire à des personnes avec qui on connversait sans cesse auparavant. Éric échangerait tout de même encore avec un ou deux collaborateurs par messages, mais ce serait de plus en plus rare ; il allait être happé par sa nouvelle vie, oubliant progressivement tout ce qui l’avait tant animé pendant des années.