Tout frais sorti le 16 janvier dernier, ce roman nous place, d'une certaine façon, devant la palette d'un romancier ou d'une romancière : ses personnages, son atmosphère, son style, ses épisodes et péripéties, sa chronologie... tout est là, posé de façon inaboutie.
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Comment résister au charme d'Isaure Clément dont nous découvrons l'histoire de ses cinq ans à l'âge adulte. Le récit adopte son point de vue pour évoquer le père aux doigts marqués des lettres de son idole, puis de son dernier enfant, trop tôt décédé, ELVIS, la mère, deuxième épouse, défenestrée après le décès du petit Elvis, ne laissant à Isaure que le souvenir de son parfum de Prisunic, Ambre libertine, Monsieur Allain, le professeur tant admiré et puis Madame K, son professeur de Lettres, rescapée des camps de concentration et retirée au milieu des jasmins à Grasse et Madame Lavigne, professeur de latin. Au fil de l'histoire, d'autres personnages affleurent sans prendre tout à fait consistance, tels les garçons aux cheveux blonds et aux yeux gris, Laetitia, victime qui n'obtiendra jamais justice, la vieille dame aux chats dont l'offre de lire les lignes de la main d'Isaure est restée sans réponse et Franck Margelle dont on pressent la menace, mais peut-être injustement. Sans oublier le chat blanc Phantome et les nombreux objets, sabliers, kaléidoscopes, cahiers à couverture bleu roi frappée de l'écusson fleurdelisé des papeteries Delacourt., flacon d'eau de verveine de Fragonard.
Tout, absolument tout est là pour créer le roman, et on s'y laisse prendre mais c'est sans compter l'accident qui cloue Laurence Métis, amnésique, sur un lit d'hôpital !
Extrait choisi : "Voici Phantôme, que tu n'as jamais vu, et pour cause, il est insaisissable, lui avait dit Sybille Lavigne, théâtralement surmontée d'un turban fuchsia semé de paillettes d'or et drapée d'une de ses robes d'intérieur dont elle avait le génie, toute de soie chamarrée, les pieds nus aux ongles vernis de la même teinte que la coiffe extravagante. Le chat, d'une blancheur immaculée, trônait dans la bibliothèque, sur le rayonnage le plus haut, contre deux rangées de volumes latins et grecs séparés par des serre-livres, éléphants d'ébène. Isaure était restée seule dans la pièce, le temps que son excentrique hôtesse prépare un plateau qu'elle rapporterait, comme la première fois, et comme toutes celles qui suivraient, garni de deux verres de porto Fine White au goût d'agrume confit et de mirabelle, de tuiles au bleu de son invention et de ces raisins roses à gros grains sphériques que l'on trouve toute l'année."