/image%2F1483994%2F20250503%2Fob_9a76db_la-guerre.jpg)
Lire ce roman de Karine Tuil, c'est loin de se dépayser et pourtant, c'est entrer dans un autre monde ! Les personnages sont Dan Lehman, un président de la République qui vient de perdre le pouvoir, sa jeune épouse Hilda Müller, une actrice qui cherche à revenir au sommet de sa carrière après la mise entre parenthèses durant le temps de la présidence de son mari, leur fille, Anna, sourde et muette, l'ex-épouse de Dan Lehman, Marianne, écrivaine et mère de leurs trois enfants, désormais jeunes adultes, Julien, Luca et Léonie. Autour d'eux gravitent un temps le petit monde des avocats et conseillers fidèles, puis le monde du cinéma, le metteur en scène Romain Nizan, sa maîtresse, Mélanie, sa productrice, Anne Weber et l'univers du festival de Cannes. En somme, tous ceux qui font la Une de la presse nationale et de la presse à scandale.
Or, Karine Tuil parvient à nous faire côtoyer l'humanité de ces personnages pris dans la tourmente du pourvoir et de la médiatisation. En effet, elle donne accès à la conscience des uns et des autres à tour de rôle. On suit l'inexorable descente aux enfers du président autrefois acclamé et dorénavant conspué et même trainé devant la justice, cherchant soutien et consolation dans l'alcool jusqu'à frôler le drame le jour où sa fille échappe à sa surveillance et manque de mourir noyée. On suit le long et difficile renoncement de Marianne qui longtemps avait rêvé de refonder avec Lehman la famille qui les avait rendus heureux. On suit aussi l'impatience de Nizan qui croit enfin pouvoir accéder à la palme d'or au festival de Cannes sans penser que la brutalité avec laquelle il avait traité les actrices allait lui revenir à la face comme un boomerang.
Le personnage le plus tragique à mes yeux est Léonie, la fille du président et de Marianne. Le divorce de ses parents et le mariage de son père, tout juste élu président avec une starlette à peine plus âgée qu'elle, l'avait déjà perturbée, la rencontre de Nizan qui heureusement la trouve trop jeune, finit par la déstabiliser complètement lorsque qu'elle assiste à son déchainement de violence. Cette jeune femme, fervente défenderesse de la condition féminine, se trouve nulle part l'espoir qui à son âge semble nécessaire !
Extrait : "Son image médiatique avait été pulvérisée en quelques minutes : il avait incarné la modernité, le glamour, le charisme. Il était devenu un vieux clown. L’image du ridicule dans le monde entier."