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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 21:27
Ruter Pascal, Le coeur en braille

l'auteur: Pascal Ruter

le titre : Le cœur en braille

la collection et l’édition: Didier jeunesse

l'illustrateur: Anne Montel

le genre du roman: aventure et sentimental

mon résumé : Victor vit seul avec son père brocanteur, passionné de voitures Panhard. À l'école, c'est un élève très moyen . Il évolue, admiratif, dans l'ombre de son meilleur ami Haïçam, joueur d’échecs. Et puis Victor rencontre Marie-José, une violoncelliste. Il tombe amoureux. Sous la douce influence de la jeune fille, Victor fait des efforts et obtient de meilleures notes. Il est heureux, comprend qu'il se sent non pas « plus intelligent », mais « plus vivant », malgré quelques petites disputes avec son amoureuse. C'est alors que Marie-José lui livre son terrible secret : elle est en train de perdre la vue, jusqu'à devenir aveugle. Portée par l'espoir de la réussite à un concours du conservatoire, la courageuse Marie-José demande à Victor de l'aider à finir l'année scolaire sans qu'un adulte ne se doute. C'est le début d'un dangereux périple, entre visites au musée et poésies apprises par cœur...

Présentation d’ un personnage :Victor

C'est le personnage principal du roman. Victor est désorganisé au point que le matin de la rentrée, il n'avait même pas fait son cartable. Il n'est pas très bon à l’école, il va souvent chez Haïçam pour le regarder jouer aux échecs et il tombe amoureux de Marie-José qu'il rencontre un jour dans la rue et il se rend compte qu'elle est dans sa classe .Quand il rencontre Marie-José il devient bon à l’école Marie-José lui a changé la vie.

Voici un extrait de ce roman :

«C'est juste avant l’église que je suis tombé sur une des filles de la classe .Marie ...Marie quelque chose … je ne me souvenais plus . Je me suis demandé si je n'allais pas faire demi-tour, car vraiment... Mais comme elle se dirigeait également vers le village et que j'étais déjà suffisamment en retard comme ça, je me suis contenté de ralentir l'allure pour éviter de la rattraper .C'est elle qui a fini par se retourner ; quand elle m'a vu, au lieu de déguerpir comme je le pensais, elle s'est arrêtée et m'a fait un signe de la main. Moi, j’étais coincé.

-Tu crois qu'il va neiger aujourd'hui ? m'a-t-elle demandé.

-oh ! Ça va, ça va! Ça t'arrive jamais ,toi, de dire des conn...âneries ?

Elle a semblé réfléchir, comme si elle soupesait sa réponse.

-Eh bien, non, ça ne m'arrive jamais .Ça n'avait pas l'air de la rendre très joyeuse.

-Et puis c'est à cause des axes de pistons de papa ,mais évidemment tu ne peux pas comprendre .

-Tu crois ?

Un truc me trottait en boucle dans la tête ...son prénom...Marie...Marie...Marie quoi, déjà ?»

Ce passage est pages 32 et 33. J’ai choisi ce passage car c’est le moment où Victor rencontre Marie-José dans la rue.

Description de l'illustration de couverture :

Sur cette illustration on voit les personnages principaux de ce roman.

Voici mon avis sur ce livre :

Pour moi ce livre est bien car il raconte la vraie vie d'un petit garçon qui n'est pas très bon à l’école et qui un jour va trouver une fille de sa classe dans la rue et il va tomber amoureux et devenir grâce à elle bon à l’école . Et quand Marie-José lui dit son secret, Victor l'aide .C'est un moment fort de l'histoire car aider une personne que tu ne connais pas bien c’est difficile.

Océane, décembre 2015

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6 décembre 2015 7 06 /12 /décembre /2015 11:48
Reza, Yasmina, Heureux les heureux

Voilà un titre accrocheur ! parodie, tautologie, ironie ? L'illustration de couverture ne nous avance pas beaucoup non plus : un couple ? deux personnes seules ? Dans ma quête du soleil dans cet hiver noir, je n'y ai vu que du feu et j'ai ouvert ce livre en y cherchant le bonheur.

Quelle surprise ! Ce livre que je croyais roman se présente comme une série de nouvelles, chacune avec pour titre le prénom et le nom de son personnage principal. Et chaque personnage, loin d'être un chantre du bonheur, mène sa vie comme il le peut, le moins mal possible, cotoyant, comme le hasard le provoque, tel ou tel autre personnage qui a eu ou aura aussi sa nouvelle. C'est que l'architecture de ce livre est audacieuse : on imagine que l'auteure a dû fixer les personnages et leurs relations dans une carte mentale par exemple. Sinon, comment se retrouver dans cet embrouillamis de rencontres, de fréquentations diverses ? Ce n'est pas vraiment La Condition humaine, mais Yasmina Reza me semble suivre ici les pas de Balzac sur ce plan !

Autre surprise : Yasmina Reza ne fait pas de paragraphe ! l'histoire de chaque personnage se lit ainsi d'un trait, sans rupture, sans repère. Cela me rappelle l'écriture de José Saramago. Yasmina Reza supprime tellement toute mise en page que même les discours directs sont fondus dans le texte, tout juste un changement de locuteur est-il signalé par un tiret.Ainsi, le début de Rémi Grobe : "Je suis censé être qui ? je lui avais demandé._Un collaborateur._Un collaborateur ? Je ne suis pas avocat. Un journaliste, a dit Odile._Comme ton mari ? _ Pourquoi pas ? _ Dans quel journal ? _Un truc sérieux. Les Échos. Personne ne lit ça là-bas. En arrivant à Vandermines, Odile a voulu que je gare la voiture dans une ruelle derrière la place de l'église. J'ai dit, il pleut. _Je ne veux pas arriver en BMW. _ Au contraire, tu arrives dans la même bagnole que l'avocat du patron, c'est parfait. Elle hésitait. Elle s'était faite mignonne, talons plus hauts que d'habitude, coiffure dame. J'ai dit, tu es chic, tu es la Parisienne, tu crois qu'ils ont envie d'une gaucho qui vient les représenter en sabots ?" et l'histoire de Rémi Grobe se poursuit ainsi sur presque six pages et celles de Robert Toscano, de Marguerite Blot, d'Odile Toscano, de Vncent Zwada et des 17 autres se développent de la même façon en un seul grand paragraphe.

Dans un conte de fées, tout ce petit monde se retrouverait réuni lors d'un mariage. Dans Heureux les heureux, c'est.pour une crémation !

Et voilà, vous l'avez compris, Heureux les heureux n'est pas un conte merveilleux, c'est lee théâtre du monde, c'est une série de tranches de vie, sans queue ni tête, où les êtres se frôlent, se croisent, parfois plus mais sont finalement seuls au milieu de tous. C'est là une perception mélancolique mais très contemporaine de la vie. Il me semble que c'est aussi celle de Delphine de Vigan.

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 13:55
Honaker, Michel, Le Val de la morte embrassée

Titre : Le Val de la morte embrassée.

Auteur : Michel HONAKER

Édition : Flammarion

Collection : Les Incorruptibles

Couverture : illustration de Stéphanie HANS

Genre : Fantastique et Policier

Le sujet :

Jubella, une jeune journaliste anglaise au Guardian, célèbre journal d’Angleterre, reçut un message de Lord Denholm, ancien magnat de la presse, pour une interview. À son arrivée devant son grand manoir sombre au fin fond du Sussex, un drôle d’homme avec un chapeau-bougies, lui ouvrit les portes. Pendant l’interview, M. Denholm révéla un énorme secret à Jubella : il faisait partie d’une lignée de « princes charmants » capables de ramener des morts à la vie à la simple force d’un baiser !! Jubella n’en croyait pas ses oreilles ! Mais Lord Denholm continua de parler de son « don » en disant que cette interview serait peut-être la dernière de sa vie car il allait bientôt mourir. Pas par maladie, non ! Par assassinat ! Des assassins, appelés « Vicaires », spécialisés pour tuer tous les princes charmants du monde ! Ils se servent de bâtons résonateurs à onde de choc qui font fondre la cervelle ! Denholm décida de lui montrer autre chose aussi, son trésor ! Il tira sur un livre et une pièce secrète et un tableau fit face devant eux : Le Val de la morte embrassée, de W.TURNER. Le lendemain, le Lord fut retrouvé mort, devant son manoir et le tableau avait disparu !!! Jubella se lança donc à sa recherche. ..

Voici la présentation du personnage de Jubella.

Jubella est le personnage principal de ce roman. Elle est combattante, elle ne baisse jamais les bras, elle a du répondant, elle est têtue aussi. Elle va rencontrer plusieurs personnages dans ce roman : Lord Denholm, Ivan (écuyer du Lord), Daniel Byrne (petit reporter et traître), Even Clarke (fils caché de Denholm), Vitali (« ange gardien » russe d’Even) et plein d’autres aussi gentils que méchants. Jubella aime prendre soin de son père après la mort de sa mère, elle et sa mère étaient très proches à ce qu’on apprend dans ce livre. Elle a un rôle assez important dans le reste de l’histoire.

Extrait choisi:

Even ferma les yeux, comme s’il ressentait à cet endroit précis, une force inouïe, une confluence d’énergie qui revitalisait ses muscles, son esprit. Il inspira profondément. Toute vérité venait de lui apparaître. Aussi clairement que s’il l’avait toujours connue. Aussi clairement que si elle s’était toujours trouvée en lui, dissimulée dans l’obscurité de son âme, attendant une lumière pour se révéler. Cette lumière était celle du feu qui détruisait tout au-dessus de sa tête. C’était aussi celle qui lui brisait le cœur tandis qu’il contemplait Jubella sans vie dans ses bras. Il la déposa avec précaution sur la roche antique, sur laquelle le secret était gravé depuis des temps immémoriaux.

« Etendue sur la pierre glacée, si belle au val ombragé, ici et seulement ici, la morte peut-être embrassée. Par son seul amour sur terre éveillée. Par le souffle qui rend la vie. Par le baiser ».

Even caressa les joues livides de celle qui a mis son cœur à nu. Lentement, il pencha son visage au-dessus de celui de sa bien-aimée. Ses lèvres effleurèrent enfin elles de Jubella., souffle chaud sur cendres froides. » (P. 258-259, chapitre 26)

J’ai choisi cet extrait car c’est la fin de l’histoire et Even prouve son amour pour Jubella en la ramenant à la vie par son baiser. Le manoir venait de prendre feu à cause de Camilla Sabor, l’ex de Denholm, qui voulait se venger. Et j’ai choisi aussi cet extrait car je le trouve plutôt triste et il donne envie de savoir ce qu’il s’et passé avant.

Couverture :

Je trouve que la couverture incite à lire ce roman car elle a un lien avec l’histoire. On y voit Jubella et en fond, le décor du tableau de Turner.

Mon avis :

J’ai trouvé ce livre très intéressant car il y a une sorte de mélange d'enquête et de conte fantastique, ce roman nous fait également découvrir la peinture de Turner et le métier de journaliste. On se laisse entraîner dans cette enquête, voyageant des terres anglaises aux rives de la Seine parisienne en passant par Prague. Je vous invite à lire ce livre.

Tom, 4D, décembre 2015

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14 novembre 2015 6 14 /11 /novembre /2015 16:11
Jarry, Isabelle, Magique aujourd'hui

C'est le titre de ce roman, édité en juin 2015 chez Gallimard, qui d'abord m'a attirée lorsque je cherchais au hasard un bon livre pour mon temps personnel c'est à dire, à l'heure où je le cherchais, un ivre qui puisse me divertir et m'enrichir sans me donner des idées noires.

Or, il faut arriver à la dernière page (p. 330) pour trouver d'où vient ce titre :

"La voix du rossignol s'éloigne

La lumière s'éteint

Magique aujourd'hui"

C'est un haïku écrit en marge d'une carte par Toshirô Izumi, un japonais nonagénaire qui vit depuis 2011 dans la zone contaminée de Fukushima. Ce haÏku est rapporté au jury de la thèse de Thimothée Bix par son assistant, Today, un androïde de type 10XF, en l'an 2047 !

Alors, pourquoi "Magique aujourd'hui" ? Et pourquoi cet assistant est-il nommé "Today" ? Peut-être parce que l'"instant t" impose "un avant et un après", alors que les "notions d'avant et d'après ne sont pas aussi pertinentes dans un processus lent et progressif comme" le serait "le réchauffement climatique" Alors, Today, l'androïde pour Tim, "Aujourd'hui" pour le japonais imposent à l'homme une adaptation qu'il choisit en partie et qu'il subit en partie.

Alors que son androïde expose sa thèse devant le jury, Tim, lui, est en train de traverser une forêt après s'être échappé de chez Mme Hauvelle où il a été envoyé en cure de déconnexion. Cette dame vit en zone blanche où aucun objet connecté n'existe. Peu amène, elle propose au jeune chercheur des tâches plutôt ingrates : construire un mur de soutènement pour retenir un talus qui menace de s'écrouler puis détruire une épaisse haie de bambous. Les pages de combat contre ces bambous sont particulièrement épiques, à faire lire au préalable par toute personne qui manifesterait une vélléité de planter des bambous ! (chap.17 p 170 à 176). Tim s'exécute, sans vraiment rechigner. Son séjour forcé à la campagne lui permet de se confronter aux forces de la nature, de s'émerveiller des paysages, du chant des oiseaux, de la vie animale et aussi de faire le point sur sa vie sentimentale. Mais cette dénonnexion forcée ne règle pas son besoin de retrouver Today. Revenir en arrière ne semble pas résoudre quoi que ce soit. "Aujour'd'hui", Today, impose une autre réalité, pas nécessairement mauvaise ou triste, juste différente. Il parvient en tous cas à séduire le jury de thèse en l'absence du jeune doctorant !

En exergue, une belle citation de Henri Michaux :

"Science est leur Dragon

doué de puissance

d'ubiquité.

Éclatantes sont les lumières

La ville de demain sera magnifique." (À distance)

Bref, il y a peut-être quelques longueurs mais c'est un joii livre, amusant, poétique, philosophique et une philosophie qui me sied, particulièrement en ce jour, lendemain du 13 novembre 2015.

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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 18:09

Titre du livre : Piège au Royaume des Ombres (Tome 3)

Edition : Michel Lafon

Collection : Les Chevaliers d’Emeraude

Auteur : Anne Robillard

Résumé : Kira grandit ; elle a désormais 15 ans et vient d’être adoubée Ecuyer ! Il y a maintenant 14 Chevaliers et ils ont chacun deux Ecuyers sauf Bridgess qui, elle, en a trois. Mais ce n’est pas tout ... Il se passe des choses horribles sur le continent d’Enkidiev : lorsque les Chevaliers ont eu fini de décapiter l’armée de l’Empereur Noir au Royaume de Zénor, Wellan reçoit un appel d’urgence de Jahone provenant du triste Royaume glacé et enneigé des Ombres. [...] Sage va faire son apparition dans la vie de Kira et va guider les Chevaliers jusqu’à Alombria pour se rendre compte que seule Jahone a survécu à l’attaque magique d’Asbeth. Kira et Sage vont se découvrir de nombreux points en commun quant à leurs goûts et leurs origines. Le grand étalon noir nommé Hathir revient importuner Kira mais finit tout de même par devenir la monture de cette dernière.

L'ordre et la carte d'Enkidiev sont présentés sans le document ci-joint.

mon avis sur le livre : Comme les autres tomes, je l’ai beaucoup aimé car il y a du suspense, de l’amour, de l’action et du fantastique.

 

Camille G. le 7 Novembre 2015.

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7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 08:59

C'est le 2nd roman de Sorj Chalandon, il a été publié en 2006 et a obtenu cette année-là le prix Médicis. Après la lecture de deux romans plus récents, Le Quatrième Mur (2013) et Profession du père (2015), j'ai eu l'impression de ne pas reconnaitre l'auteur ! l'écriture comme le sujet m'ont semblé complètement différents. Je ne m'attendais pas à ces personnages d'un milieu populaire mayennais, je ne ne m'attendais pas non plus à toute cette délicatesse d'écriture et à cette poésie qui fait la spécificité de ce roman, je m'étais habituée au narrateur-personnage.

La surprise passée, j'ai poursuivi la lecture, touchée par l'amitié sans faux-semblant qui unit les personnages, par l'humanité qui se dégage de chaque portrait de personnage, par l'extrême délicatesse de l'écriture... mais aussi dérangée par le sujet : tout le livre concerne un deuil! Sans doute suis-je dans une période de la vie où un tel sujet pèse particulièrement.

Extrait qui me parait représentatif (p.174/175) :

"_ Voilà, c'est mon histoire. Elle n'est pas comme les vôtres, il lui manque un milieu et une fin, mais c'est la seule que j'ai.

_C'est bien que tu l'aies racontée, dit Madeleine.

_ Bien ou pas, je m'en fous complètement, lui répond Berthevin.

_Il s'en fout ? Tu crois ? demande Fauvette.

Étienne a les yeux fermés, comme quand la mort vous gagne.

_ Il est bouleversé, répond son mari.

_Tu crois que les autres le savent ?

_ Qu'est-ce que nous savons les uns des autres ?

Elle regarde son vieil homme. Elle sourit. Ils entendent l vie qui murmure dans la pièce du bas."

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31 octobre 2015 6 31 /10 /octobre /2015 12:06

Littoral est la première des quatre pièces qui composent Le Sang des promesses. J'ai lu la seconde, Incendies, avant la première mais ce n'est pas un problème. Les deux pièces ont en commun une manière toute particulière de composer : Wajdi Mouawad part de l'histoire qu'il a en tête et qui est le fruit de ses expériences puis c'est avec les comédiens que la pièce se compose et que les personnages se créent. "Ainsi naît la conviction que, dans son cas, l'écriture ne peut précéder le spectacle sans prendre le risque de se séparer de lui ou de le perdre" explique Charlotte Farcet dans la postface de Littoral édité chez Babel. Toutefois, qu'il s'agisse de Littoral, d'Incendies ou du roman Anima, on retrouve les mêmes préoccupations d'une œuvre à l'autre : le rapport père/fils et le mystère concernant l'identité du père le tout en lien avec un Liban jamais tout à fait nommé mais tout de même identifiable, un Liban en guerre, un Liban déchiré par le massacre de Sabra et Chatila ou un Liban dévasté où ne restent que des orphelins égarés.

C'est justement ce dernier point qui fait l'originalité de Littoral : Wilfrid puis Simone, puis Amé et aussi Sabbé et Massi et Joséphine, tous des orphelins, se rencontrent successivement et traversent le Liban pour gagner ensemble le littoral. Wilfrid est orphelin depuis peu et vient au Liban avec la dépouille de son père, qu'il n'a quasiment pas connu vivant, afin de la déposer dans son pays d'origine. Mais où l'enterrer ? Dans ce pays dévasté par la guerre civile, tous les cimetières sont pleins. Simone "chante à fracasser les crânes [...] folle de colère " depuis qu'elle a vu son amoureux quand il a "explosé, feux, flammes et sang, comme un crachat lancé au visage cruel de sa vie." Amé allume une lumière pour répondre à ce chant du village plus loin. Amé voudrait quant à lui, poser des bombes pour venger les morts, il a lui même tué son père sans s'en rendre compte, pris dans la folie meurtrière mais Simone le convainc de venir avec elle pour raconter ce qui s'est passé et empêcher l'oubli. Sabbé aussi répond depuis longtemps aux messages de Simone, il rit ! lui aussi est orphelin. En chemin ils rencontrent Joséphine qui traîne une quantité de bottins et récite d'interminables litanies de noms de crainte que les morts soient oubliés... Arrivés au littoral tous ensemble, sous la caméra du réalisateur qui depuis le début filme Wilfrid, ils lavent le corps du père de Wilfrid qu'ils considèrent tous comme représentant de leur propre père disparu, ils le lestent des bottins apportés par Joséphine et le confient à la mer, gardien pour toujours des noms des disparus.

Littoral est ainsi le récit d'un parcours initiatique pour le héros Wilfrid qui pourra à la fin se passer du chevalier médiéval qui l'accompagnait tel un ange gardien. Pour ceux qu'il rencontre, ce parcours est surtout celui de la mémoire et du deuil nécessaire.

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 14:48
Vigan (de), Delphine, Les heures souterraines

Ce court roman de presque 250 pages retrace une journée de la vie de Mathilde, veuve, cadre dans une société parisienne,mère de trois enfants un lundi 20 mai exactement et cette même journée de la vie de Thibault, célibataire et médecin à SOS Médecin à Paris. Tous deux, seuls, la quarantaine, vivent une journée très particulière de leur existence : Thibault parce qu'il a quitté la femme qu'il aimait, Lila car manifestement elle ne l'aimait pas. Mathilde car une voyante lui a prédit qu'un homme interviendrait pour la délivrer le 20 mai or elle a atteint un tel niveau de désespoir, qu'elle est prête à renoncer à sa rationalité pour croire une voyante ou s'accrocher à une carte chance que son fils lui a offerte, "Le défenseur de l'Aube d'Argent". Tandis que Thibault se débat pour atteindre les patients qu'il doit soigner et pour supporter le malheur qu'il prévoit parfois pour les malades, Mathilde se débat pour arriver à son travail malgré les surprises du RER et du métro, pour comprendre pourquoi Jacques dont elle était la collaboratrice la harcèle, pour s'adapter aux diverses tactiques que Jacques met en œuvre pour l'exclure, l'humilier, la réduire au néant. Quand la journée s'achève, Mathilde rentre chez elle, elle a démissionné, exactement ce qu'il ne fallait pas faire, elle n'a plus de travail et plus d'espoir, elle rate son train, elle "se tient à l'écart, elle observe les gens, la fatigue sur leur visage, cet air de contrariété, cette amertume sur leurs lèvres [...] Pour autant cela ne les rassemble pas, ne crée aucun lien entre eux." Thibault "maintenant [...] sait combien la ville est brutale et qu'elle fait payer le prix fort à ceux qui prétendent y survivre [...] Il arrive un moment où le prix est devenu trop élevé. Dépasse les ressources. Où il faut sortir du jeu, accepter d'avoir perdu. Il arrive un moment où l'on ne peut pas se baisser plus bas."

Quand cette journée s'achève, le lecteur s'accroche à l'idée qu'ils pourraient au moins se rencontrer, se consoler dans les bras l'un de l'autre et peut-être à partir de là, commencer une nouvelle vie. Ils sont en effet un moment face à face ce soir-là dans le métro mais ce roman n'est pas un conte de fées, le métro n'est pas un lieu de rencontre. "Emporté par le flot dense et désordonné, il a pensé que la ville toujours imposerait sa cadence, son empressement et ses heures d'affluence, qu'elle continuerait d'ignorer ces millions de trajectoires solitaires, à l'intersection desquelles il n'y a rien, rien, rien d'autre que le vide ou bien une étincelle, aussitôt dissipée."

Ce roman réaliste sur la vie urbaine présente une étude très précise et très vraisemblable de ce qu'est le harcèlement au travail, une description lucide des difficultés de circulation à Paris, une observation sans illusions de la solitude dans la ville. C'est un roman moderne et cruel.

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 14:28
Chalandon Sorj, Profession du père

C’est le dernier roman de Sorj Chalandon et il me tardait de le lire. Voilà je l’ai lu, d’une traite. C’est encore un roman à la première personne. Cette fois, c’est Émile qui raconte, Émile Choulans, ce fils qui ne fait qu’écrire sur la ligne « Profession du père » de ses fiches de rentrée scolaire. Il est vrai que ce père ne quitte jamais la maison sauf pour aller s’assoir chez le garagiste d’à côté. Pourtant il revêt robe pastorale noire à rabats blancs et étole violette pour confesser son fils et même, une fois, pour l’exorciser, il a un béret rouge de parachutiste sur la plage arrière de sa voiture, il est chanteur mais a sacrifié sa carrière pour permettre aux Compagnons de la chanson de réussir la leur, il est un rebelle de l’OAS aux côtés de Salan, Challe, Jouhaud et Zeller, il est aussi agent secret.
Émile vit seul avec son énigmatique père et avec sa mère. Tous deux subissent les brimades et la violence d’André Choulans, le père. La mère la subit en silence, parce que c’est ainsi. Quand son époux bat Émile ou quand il le contraint à un entrainement militaire en pleine nuit, elle l’ignore ou elle vient ensuite vers Émile en lui disant qu’il le sait bien, que son père est comme ça.
Outre le sujet poignant de ce récit, ce que je trouve intéressant c’est le regard d’Émile comme narrateur. Il est Émile enfant, prêt à tuer le général de Gaule quand son père le lui demande, prêt enrôler un camarade dans l’OAS pour faire comme son père, prêt aussi à se mettre en boule, en position fœtale pour subir les coups de ceinture de son père, pleurant avant et après les coups mais jamais pendant. Et on le voit jeune adulte chassé de chez lui, jeune papa venu présenter son enfant et ne rencontrant qu’indifférence de ses parents puis homme racontant leur histoire familiale aux médecins de l’hôpital où son père a été interné et puis en 2011 seul avec sa mère : « Nous n’étions que nous, ma mère et moi. Lorsque le cercueil de mon père est entré dans la pièce, posé sur un chariot, j’ai pensé à une desserte de restaurant. Les croque-morts étaient trois. Visages gris, vestes noires, cravates mal nouées, pantalons trop courts, chaussettes blanches et chaussures molles. Ni dignes, ni graves, ils ne savaient que faire de leur regard et de leurs mains. J’ai chassé un sourire. Mon père allait être congédié par des videurs de boîte de nuit. »

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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 21:14
Hamon Philippe, Puisque réalisme il ya

auteur : Philippe Hamon

Titre : Puisque réalisme il y a

éditeur : LaBacconnière

Collection : Langages

Année d'édition : 2015

Je dois cette découverte à Babelio que je remercie et à Masse critique qui m'a offert ce livre. C'est un recueil de douze articles de l'universitaire spécialiste du roman et de la description, Philippe Hamon. Il place ce recueil sous le sceau du réalisme du XIXe en prenant le titre d'un article écrit par Baudelaire à propos des tableaux de Courbet, titre que Baudelaire reprend à Courbet écrivant à Champfleury... Le cadre est donc dressé dès le titre.

Un tel livre ne se lit certes pas comme un roman, il ne se critique pas non plus de la même manière : je l'ai lu d'une traite pour Babelio mais j'y reviendrai volontiers lorque l'un des artices me semblera en lien avec les sujets du moment car c'est un texte très documenté, érudit même et amplement enrichi de notes. Un trésor sur le réalisme.

"Comment écrire le réel ?" (I) L'auteur dresse un bilan des travaux sur les caractéristiques d'écriture des écrivains réalistes et naturalistes avant de souligner combien la question descritères de l'analyse pose problème. Il retient cependant deux des critères d'Auerbach comme représentatifs et féconds : celui du genre d'une part, que l'on peut envisager comme cadre d'un horizon d'attente. Le réalisme est conforme au réel du genre dans lequel il s'inscrit, il y a un réel du conte qui n'est pas celui du roman. Celui du "sérieux" d'autre part qui suppose neutralité, objectivité, effacement alors même que l'auteur dirige et contrôle le roman. Le recours fréquent au discours indirect libre apparait comme une technique pour résoudre cette contradiction.

Dans un deuxième article, "Voir le réel" (II), l 'auteur s'intéresse plutôt à l'acte de voir pour un écrivain, à ses implications dans l'écriture et à la façon dont l'auteur réaliste donne à voir ce que le lecteur voit en lisant. Au XIXe s. entre peinture, affiches, cartes postales, photographie, les images nouvelles se multiplient et influencent l'écriture réaliste et naturaliste.Par ailleurs l'abondance des brouillons, schémas, dossiers préparatoires forme aussi un ensemble de vues de l'écrivain qui pré-voit. Toutefois "les images mentales" de l'écrivain comme du lecteur sont "in-descriptibles par essence" et forcément individuelles.

Suivent "Misère de la mimésis"(III), "Écrire les passions"(IV), "Vibrations" (V) où l'auteur s'intéresse à ces réalistes qui cherchent la réalité dans le mouvement, entre concret, observable et immatériel (Balzac jeune, Maupassant), "Mettre en listes" (VI), "Défiler"(VII), "Le Corps au travail" (VIII) en particulier dans l'oeuvre de Zola.

"Exploser les reliques" (IX) à travers les oeuvres de Balzac, Flaubert, Maupassant permet de retrouver plusieurs dimensions d'ordre esthétique du réalisme : le réel comme référent, la relation du réel avec la question du vrai et du faux, le réel comme fragment exposé, le réel par le biais des indices grâce à la métonymie et à la synecdoque, figures privilégiées des réalistes, le réel par le biais du détail.

"Poésie et réalisme" (X) est l'article qui a le plus retenu mon attention, sans doute parce qu'a priori c'est une association improbable.En tous cas, c'est pour l'auteur l'ocasion d'une réflexion sur la définition du réalisme, courant de la Mimesis que l'on fait remonter à Homère et école localisable autour de Zola et de ses avatars italien, portugais, ensemble de doctrines esthétiques et littéraires ou méthode de travail incluant l'enquête et le recours au discours socialement marqué ou ensemble de sujets particuliers comme les moeurs, le corps ou encore manière de traiter ces sujets de façon neutre et objective, "sans tabou ni censure', en "tranches de vie" plus que dans une intrigue ou bien encore le réalisme se définit-il par ses modèles comme L'Éducation sentimentale, Germinie Lacerteux et l'Assommoir ?

En tous cas, "le fantasme d'adéquation entre le réel et le texte" , le désir de Zola de mettre ce réel en exposition sous "une vitre", c'est la poésie, plus que le roman qui le réalise, explique Philippe Hamon. Il entreprend alors de chercher dans les récits réalistes et naturalistes comment est représenté le poète. Modèles ou repoussoirs quant aux valeurs du vrai, du réel, du moderne ou du matériel, le poète est souvent ridiculisé. Puis il entreprend de sonder les sujets abordés et la manière de les aborder (mode sérieux, objectivité, neutralité) et il observe alors que Coppée, Richepin, Vehaeren empruntent à Zola sujets et postures. Par le recours au prosaïsme, au conte en vers, Copée comme ses épigones Gros, Nouveau, Rimbaud, Verlaine, voire Baudelaire par exemple dans "une Charogne" fragmentent le réel. Puis l'auteur s'attarde sur les multiples "discours croisés" comme la correspondance entre Zola et Mallarmé, l'envoi de son roman Madame Bovary par Flaubert à Lamartine, les chroniques de Zola pour la presse sur les Parnassiens, sur Copée, Baudelaire, Gautier et même Hugo. Enfin les nouvelles écritures _ poème en prose et prose poétique qui relèvent du croisement des genres suscitent des réactions diverses des réalistes. Philippe Hamon souligne que "Les connivences structurelles sont manifestes, presque à l'oeil, ou à l'usage, entre description et poésie" or la description systématique est l'une des caractéristiques du récit réaliste et note que la pratique du récit bref comme les nouvelles rappelle le caractère fragmenté de la poésie. Et c'est finalement l'opposition tiangulaire habituelle entre poésie, réalisme et ironie qu'il convient de remettre en cause à partir du moment où on ne réduit pas ces notions à quelques poncifs.

"Balzac, l'ironie et le calembour"(XI) l'article suivant, pose justement la question de l'ironie dans le recit balzacien. Puis le dernier article, "De l'allusion en régime réaliste" (XII) explore la tension entre la volonté de tout peindre, de tout dire de tout voir des réalistes et la part de l'implicite, de l'allusion dans le récit réaliste. Alors que le roman policier, le pamphlet, la fable... exigent l'allusion, le récit réaliste a priori la proscrit. Pourtant, observe l'auteur en analysant un extrait de Nana, l'allusion est nécessaire pour faire communiquer des groupes sociaux trop éloignés, elle apparaît comme "fait de société" .

Un recueil d'articles à exploiter et consulter au gré des recherches et des travaux.

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