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12 juin 2025 4 12 /06 /juin /2025 15:30

Goncourt des lycéens en 2008, ce roman était dans ma bibliothèque, mais je ne l'ai jamais chroniqué ! Réparons cette injustice ! Un brillant avenir s'ouvre sur le suicide de Jacob, découvert par son épouse, l'héroïne, en 2003 : les ressorts de la tragédie sont en place ! 

Cependant, ce temps où la tragédie s'achève est une entorse au récit qui est réalisé du point de vue d'Elena Tiberescu/Helen Tibb, épouse de Jacob Steinovici entre 1941 et 1975, mais à travers une alternance de points de vue entre Helen et sa belle-fille Marie entre 1988 et 2006. Cela scinde la vie d'Elena/Helen en deux : Le passé de la fuite de la Bessarabie que les Russes envahissaient en 1941 vers la Roumanie où Ceausescu régnait en tyran, période reléguée bien loin par le recours au passé simple comme temps du récit et le passé récent aux États-Unis avec Jacob, mais aussi leur fils unique Alexandru et son épouse française, Marie, période racontée au présent de narration.  Est-ce à dire que le brillant avenir est immanquablement américain ? Au regard de l'actualité brûlante de cette année 2025, cela parait plutôt cocasse !

La période de 1975 à 1988 n'occupe que deux chapitres à peine, mais elle est, elle aussi, relatée au passé simple du point de vue d'Elena. Cette période place au cœur du récit, même si elle est reléguée à la fin du livre la question de l'appartenance à un groupe religieux. Elena est d'origine catholique, Jacob est Juif. En Roumanie, il était regardé avec méfiance, les parents d'Elena ne voulaient pas qu'elle épouse un Juif, mais en Israël, c'est Elena qui est perçue comme  différente : « Elena n’est pas juive. Il faut être juif pour comprendre ce pays. » Plus tard, à Rome, lorsqu'ils s'adressent au Bureau d'aide aux immigrants israélites, ils essuient un refus, car Elena n'est pas juive. Or, Elena veut quitter Israël car elle comprend que l'avenir de son fils y serait sombre.  Et là encore, quelle résonance avec notre époque tourmentée !  En somme, un roman qui traverse l'Histoire et nous fait voir ses effets à long terme ! Mais alors, quel est le brillant avenir annoncé par le titre ?

extrait choisi : "   — Oui, répondit Nancy en hochant la tête. Il n’a pas eu une vie facile. C’est un rescapé d’Auschwitz, et il a perdu son fils cadet en 67. »

Elena ouvrit de grands yeux. « Quelle horreur ! Un accident ?

— La guerre des Six-Jours.

— Oh, pardon. »

Nancy désigna du doigt une maison qu’elles venaient de dépasser et murmura : « Ils ont perdu leur fils l’an dernier, à la fin de la guerre du Kippour. Un fils unique. Une tragédie. Ils ont émigré de Russie il y a trois ans. — L’an dernier !

Il avait quel âge ?

— Dix-huit ans ? Il allait entrer à l’université pour étudier les sciences politiques. Igor. Un garçon charmant, et un violoniste de talent. Quelle tristesse. »

Dix-huit ans. À peine plus âgé qu’Alexandru. Un enfant. Elena frissonna. Sa belle-mère désigna du menton une autre maison, devant laquelle avait été installée une rampe pour permettre l’accès d’une chaise roulante. « Ici, leur fils a perdu ses deux jambes l’an dernier. À Kiryat Shmona. » 

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1 juin 2025 7 01 /06 /juin /2025 10:07

Si ce livre se lit comme on regarde une série policière, ce n'est malheureusement pas un texte de fiction !

Il a fallu que Dominique Strauss-Kahn en soit victime en 2021 pour que la justice, sollicitée par American Express, soit enfin saisie et que des voleurs soient arrêtés. DSK a pu être remboursé, mais c'est à peu près le seul, car les banques refusent toujours de rembourser, prétextant la faute du client-victime, afin de s'épargner une mauvaise publicité, hantise de la plupart des banques. Pourtant, aussi bien la Banque Postale que la BNP, que la Caisse d'épargne ou le Crédit Mutuel et bien d'autres, toutes les banques sont concernées. Des appels frauduleux usurpant le numéro de conseillers bancaires demandent au client de valider un code pour stopper une fraude en cours et le client valide sans s'en rendre compte une fraude qui parfois vide son compte chèque et tous ses livrets d'épargne, parfois même déclenche en son nom des prêts à la consommation !  Comme Dominique Strauss-Kahn, le Juge Bruguières et des centaines de victimes anonymes  tombent dans le piège et plusieurs se font totalement dépouiller.

C'est que l'usurpation des numéros de téléphone est une simple formalité pour ces voleurs, de même que la copie des numéros de compte, des numéros de cartes bancaires, des cartes d'identités et passeports. Tour se vend sur le Dark-Web et toutes les stratégies s'apprennent sur Telegram. Aujourd'hui, la police a même découvert deux IMSI-catchers, matériel en principe réservé à la DGSE ou à la DGSI, promenés dans Paris l'un dans une ambulance et l'autre dans la voiture d'une jeune fille : avec cet outil, ce sont "toutes les données mobiles des passants dans un rayon de deux cents mètres" qui sont captées. Facile ensuite de leur envoyer SMS, mails ou appels frauduleux.    

La difficulté des banques à embaucher comporte aussi un effet pervers : elle engage des personnes intérimaires (chez Manpower) dont le casier judiciaire n'est pas toujours aussi vierge qu'ils le prétendent ou bien, elles rémunèrent si mal que des employés se laissent convaincre contre récompense financière de voler les coordonnées de clients et la copie de leurs comptes. Lorsqu'ils sont découverts, ils sont licenciés d'une banque sans judiciarisation pour éviter toute mauvaise publicité et aussitôt engagés dans une autre banque. 

Avec désormais le développement de l'intelligence artificielle et l'arrivée de E-Sim, les fraudeurs ont une voie royale devant eux et il ne nous reste qu'à devenir paranoïaques, car ni les banques, ni les fournisseurs d'accès, ni les Gouvernements ne veulent ou ne peuvent arrêter le phénomène alors même que les fraudeurs sont souvent des jeunes sans diplôme, sans emploi qui flambent l'argent volé comme s'ils s'enivraient absurdement et sans le moindre regret ni la moindre pensée pour ceux qu'ils ont ruinés !       

Extrait: "Une enquête récente (2024) du cabinet Deloitte estime que l'intelligence artificielle va multiplier par 3,25 le montant annuel des pertes liées aux arnaques d'ici quatre ans, passant de 12,3 à  40 milliards de dollars aux États-Unis entre 2023 et 2027. Si l'on rapporte cette estimation à la situation française, le montant annuel de la fraude aux moyens de paiement passera de 1,2 (stable depuis 2021) à 3,9 milliards de dollars en 2027. Directement piochés dans les comptes des Français"

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8 mai 2025 4 08 /05 /mai /2025 14:06

Rimbaud le fils, quel bel hommage à Rimbaud. Biographie, roman biographique, biographie romancée, essai, poème, les genres s'entremêlent pour célébrer le poète et nous aider à le comprendre. 

Le titre révèle l'interprétation dominante : Rimbaud est le fils, il ne serait pas Rimbaud sans sa mère, Vitalie Rimbaud, née Cuif, la "Carabosse" qu'il enfermait dans son "cagibi intérieur" dont "le clapet [...] n'était pas fermé complètement" et sans son père, le Capitaine au clairon "lointain comme le tsar et peu concevable comme Dieu"qui "annotait des grammaires et lisait l'arabe" mais "devint tout vif un fantôme". Et pourtant la gloire du poète repose finalement sur le refus de la filiation : "Enfin, [...] peut-être, il cessa d’écrire parce qu’il ne put devenir le fils de ses œuvres, c’est-à-dire en accepter la paternité. Du Bateau ivre, de la Saison et d’Enfance, il ne daigna pas davantage être le fils qu’il n’avait accepté d’être rejeton d’Izambard, de Banville, de Verlaine." Cependant, le texte est scandé par la formule "On dit" qui préserve le mystère. 

Le récit suit l'ordre chronologique et s'appuie sur les photos présentes dans l'édition de la Pléiade, la "Vulgate". Mais ce qui assure son unité et sa beauté, c'est avant tout la reprise comme en refrains d'images comme celles du père-clairon et de la mère-patenôtres, du cagibi ou puits intérieur, de la langue de bois-de décembre (le latin) opposée à langue de juin qu'est la poésie en français, de la Carabosse, de la tringle de l’alexandrin, du Gilles de Watteau auquel ressemble Théodore de Banville, de la petite bouture qui permet d'entrer dans le monde parisien des poètes et de la chanterelle, être la poésie personnellement.

Le récit souvent fait écho aux poèmes. "On dit qu'une plus longue fugue, un rêve, à la fin de l'été le porta en Belgique, vers Charleroi par de petits chemins avec des mûres sans doute, des moulins dans des arbres, des usines surgies au bout d'un chant d'avoine, et nous ne saurons jamais exactement où il passa, où son esprit jeune bondit sur tel quatrain aujourd'hui plus connu en ce monde que Charleroi, où le lacet de la grande godasse lui resta dans la main, sous la Grande Ourse, mais nous savons qu'au retour il s'arrêta à Douai, chez les tantes d'Izambard, trois douces Parques au fond d'un grand jardin, couturières, chercheuses de poux et que ces jours dans un grand jardin à la fin de l'été furent les plus beaux de sa vie, peut-être les seuls. On dit aussi que dans ce jardin il fit ce poème que tout enfant connait, où il appelle ses étoiles comme on siffle ses chiens, où il caresse la Grande Ourse et se couche près d'elle..."   

"Hélas, Rimbaud a le don d'enfariner ceux qui l'approchent , et ce disant mes mains pendent, je m'enrhume ; si je bats mes basques il en sort de la farine".

 

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3 mai 2025 6 03 /05 /mai /2025 13:52

Lire ce roman de Karine Tuil, c'est loin de se dépayser et pourtant, c'est entrer dans un autre monde ! Les personnages sont Dan Lehman, un président de la République qui vient de perdre le pouvoir, sa jeune épouse Hilda Müller, une actrice qui cherche à revenir au sommet de sa carrière après la mise entre parenthèses durant le temps de la présidence de son mari, leur fille, Anna, sourde et muette, l'ex-épouse de Dan Lehman, Marianne, écrivaine et mère de leurs trois enfants, désormais jeunes adultes, Julien, Luca et Léonie. Autour d'eux gravitent un temps le petit monde des avocats et conseillers fidèles, puis le monde du cinéma, le metteur en scène Romain Nizan, sa maîtresse, Mélanie, sa productrice, Anne Weber et l'univers du festival de Cannes. En somme, tous ceux qui font la Une de la presse nationale et de la presse à scandale. 

Or, Karine Tuil parvient à nous faire côtoyer l'humanité de ces personnages pris dans la tourmente du pourvoir et de la médiatisation. En effet, elle donne accès à la conscience des uns et des autres à tour de rôle. On suit l'inexorable descente aux enfers du président autrefois acclamé et dorénavant conspué et même trainé devant la justice, cherchant soutien et consolation dans l'alcool jusqu'à frôler le drame le jour où sa fille échappe à sa surveillance et manque de mourir noyée. On suit le long et difficile renoncement de Marianne qui longtemps avait rêvé de refonder avec Lehman la famille qui les avait rendus heureux. On suit aussi l'impatience de Nizan qui croit enfin pouvoir accéder à la palme d'or au festival de Cannes sans penser que la brutalité avec laquelle il avait traité les actrices allait lui revenir à la face comme un boomerang.

Le personnage le plus tragique à mes yeux est Léonie, la fille du président et de Marianne. Le divorce de ses parents et le mariage de son père, tout juste élu président avec une starlette à peine plus âgée qu'elle, l'avait déjà perturbée, la rencontre de Nizan qui heureusement la trouve trop jeune, finit par la déstabiliser complètement lorsque qu'elle assiste à son déchainement de violence. Cette jeune femme, fervente défenderesse de la condition féminine, se trouve nulle part l'espoir qui à son âge semble nécessaire !

Extrait :  "Son image médiatique avait été pulvérisée en quelques minutes : il avait incarné la modernité, le glamour, le charisme. Il était devenu un vieux clown. L’image du ridicule dans le monde entier."

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13 avril 2025 7 13 /04 /avril /2025 15:47

Le Pays blanc m'a rappelé un projet européen qui m'avait permis de rencontrer Aleksandra et quelques autres et m'avait conduite à Poznan pour un échange sur l'identité européenne. Justement, l'un des sujets majeurs de ce roman est la construction de son identité, celle des quatre générations de personnages, mais aussi celle de la Pologne, le "pays blanc". L'histoire commence en 1926 à Nowa Wies et s'achève de nos jours à Cracovie.

Une des caractéristiques de la famille de ce récit est la gémellité qui se reproduit dans deux générations, mais aboutit à un même effet : les jumelles se séparent, l'une quitte la Pologne pour la France et veut oublier ses origines polonaises, chacune garde secrète l'histoire de leur séparation de sorte que leurs descendants sont confrontés à une énigme. 

Autre caractéristique de la famille : La rencontre d'un Juif par deux des femmes de la famille pose manifestement un problème et aboutit à la naissance d'enfants illégitimes, ce qui complique encore la quête d'identité des descendants.

C'est que la Pologne a vécu avec encore plus d'acuité que la France la question juive puisqu'une grande partie de la population juive d'Europe vivait en Pologne, or ce pays a longtemps cherché ses frontières, lorgnées par l'Autriche, puis l'Allemagne Nazie et par l'Ukraine et la Russie !

L'image choisie pour la couverture du roman publié chez Fleuve édition est représentative de la quête solitaire que mène les héros de ce roman et la ligne tracée dans la neige peut évoquer ces frontières fragiles, souvent redessinées, qui font de la Pologne une sœur de l'Ukraine actuelle.   

extrait choisi :  Elle hésite, attrape un coussin et le pose sur ses genoux, tout en continuant à se balancer. Du bout des doigts, elle caresse la couture du tissu bariolé, ouvre les lèvres, inspire, s’apprête à parler. Ne dit rien finalement. 

Dans ce silence, j’estime le poids de son secret. Et il me pèse. 

Je pourrais insister, mais je lui fais assez confiance pour savoir que ce qu’elle me tait est voué à me protéger. Janek garderait le silence, lui aussi, j’en suis sûre. Je pourrais jouer la carte de l’inquiétude, avancer que maman n’est plus la même, se plaint de fatigue, est peut-être souffrante… Janek, autant qu’elle, saurait à quoi s’en tenir. À part du passé, Stanisława n’est malade de rien. Cette maladie mérite toutefois d’être prise au sérieux. 

Dans mon for intérieur, j’en viens à penser que nous étions juifs avant. Forcément. Pourquoi maman réagirait-elle si vivement, sinon ? Ses paroles refluent parfois dans ma mémoire : « Nous allons revenir à notre place. » Dans le ghetto, souricière des Juifs affamés, violentés et déportés par milliers… « On n’échappe pas à son destin, de toute façon. » Fatalité. Je savais pourtant ce qu’elle me répondrait si j’osais lui poser la question qui me brûlait les lèvres dès que nous passions un moment ensemble. 

« On était juif dans la famille, avant ?

— Enfin, qu’est-ce que tu vas chercher ? On est catholique, rien d’autre que catholique ! Cesse de te mettre de pareilles idées en tête, c’est ridicule. » 

Son ton serait tellement incisif que je n’oserais pas lui rappeler les paroles qu’elle avait laissé échapper par mégarde, pas plus que je ne m’aventurerais à lui signaler ses plaintes et sa fatigue continuelles.

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26 mars 2025 3 26 /03 /mars /2025 14:45

L’agent secret


Ce récit publié en 1907 s’appuie sur un événement historique. Il se déroule en Angleterre, particulièrement à Londres, à la fin du XIXe siècle. Seul roman de cet auteur qui se déroule à Londres, "l'Agent secret" dresse le portrait d'une ville sordide minée par des anarchistes souvent médiocres.
Le héros, Verloc, doit organiser un attentat terroriste, afin de perturber l’ordre bourgeois qui règne en Europe. Ce héros est un agent secret et il est piqué au vif, lorsque à l’ambassade, on lui intime d’agir pour mettre fin à la tranquillité bourgeoise de Londres. Il s’agit de faire croire à un attentat anarchiste en faisant sauter l’observatoire de Greenwich, symbole de la science. Mais pas de chance, c’est son jeune beau-frère, dont il avait la charge qui saute et se retrouve éparpillé sur la chaussée !
L’auteur décrit alors l’univers interlope des anarchistes, l’univers tout aussi trouble des ambassades, l’univers corrompu de la police, et l’ironie est mordante.
Borges considérait ce roman comme «  le meilleur roman policier de tous les temps » ! Aujourd'hui, le rythme du récit peut sembler traînant, tant l'auteur s'attarde sur les personnages et sur les lieux. 

C’est surtout un roman politique qui s’appuie sur de multiples descriptions et portraits parfois très marqués par l’époque.


Extraits représentatifs : 

Sa vision de la vérité était devenue si intense que le son d’une autre voix ne parvint pas cette fois à le dérouter. Sans détourner ses regards des charbons ardents, il reprit son exposé : la préparation de l’avenir était nécessaire, et il admettait que le grand changement sortirait peut-être d’un soulèvement général. Mais la propagande révolutionnaire est œuvre délicate et de haute conscience puisqu’elle implique l’éducation des futurs maîtres du monde ; il y faudrait apporter autant de soin qu’à l’éducation des rois. Il fallait expérimenter ses principes avec précaution, timidement même, dans l’ignorance où nous sommes de l’influence qu’un changement économique pourra produire sur le bonheur, les mœurs, l’esprit, l’histoire de l’humanité. Car l’histoire est faite par des instruments et non par des idées ; et en changeant les conditions économiques, on change tout du même coup, l’art, la philosophie, l’amour, la vertu, jusqu’à la vérité… 

Le charbon dans la grille se tassa avec un léger bruit. Michaelis, ermite visionnaire du pénitencier désertique, se leva brusquement. Pareil à un ballon gonflé, il ouvrait ses bras courts comme s’il allait, d’un effort, tenir serré sur son cœur un univers régénéré. Et d’une voix que la passion rendait plus haletante, il conclut :

– L’avenir est aussi certain que le passé : esclavage, féodalité, individualisme, collectivisme, ces divers états doivent logiquement et indubitablement succéder l’un à l’autre. C’est la formule d’une loi et non une creuse prophétie.

La moue dédaigneuse qui plissait la lèvre épaisse du compagnon Ossipon accentua encore le type négroïde de sa face.
P 50

Alexandre Ossipon, dit« le Docteur », auteur d’une brochure médicale sur un sujet équivoque, et conférencier qui ex posait l’hygiène sociale aux associations ouvrières, savait au besoin s’affranchir des entraves d’une moralité de convention. Mais il se soumettait aveuglément aux décrets de la science. En examinant cette femme, sœur d’un dégénéré, dégénérée elle même à coup sûr et du type le plus dangereux, il invoquait Lombroso, à la manière dont le paysan d’Italie se recommande à son saint favori. Son œil scientifique scrutait les joues, le nez, les yeux, les oreilles… Mauvais ! mauvais ! Fatal ! Et comme les lèvres pâles de Madame Verloc se détendaient à la chaleur attentive de son regard, il put considérer aussi les dents… Plus de doute… Le type assassin ! P 296

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7 mars 2025 5 07 /03 /mars /2025 11:12

Grand reporter et fille de paysans, c'est le grand écart annoncé par le sous-titre et c'est en effet le sujet du prologue :" Je suis une évadée de mon milieu d’origine", écrit l'autrice, expliquant le sentiment d'illégitimité qu'elle a parfois éprouvé puisque issue du milieu paysan de la campagne bretonne.

Mais ce sentiment est vite balayé par une multitude d'autres problèmes auxquels elle doit faire face : en formation à Strasbourg, on lui reproche sa voix qui la condamne à la presse écrite. Qu'à cela ne tienne, elle travaille sa voix avec une orthophoniste et fait oublier ou accepter cette voix par la variété et l'actualité brûlante de ses reportages.

En 2000, alors qu'elle est déjà un reporter reconnu pour son reportage sur la peste en Inde et surtout pour son reportage sur les Kosovars fuyant devant l'arrivée des Serbes en 1999, elle est capturée, avec son équipe, par les islamistes philippins. Ces sept semaines de captivité auraient pu mettre un frein à son investissement dans le journalisme de reportage, mais l'actualité l'attend, elle repart. 

Fille de paysans et femme à la voix de fausset, ex-otage de terroristes islamistes sur l'île de Jolo en 2000  durant sept semaines, Maryse Burgot est aussi mère de deux enfants. Cela ne l'empêche pas de repartir comme correspondante à Londres, puis à Washington, entrainant son époux et ses enfants. Elle évolue vers le reportage de guerre en Syrie puis en Afghanistan puis en Ukraine sans jamais couper les ponts avec ses enfants : "Mon téléphone sonne. Il est dans la poche de mon gilet pare-balles. Impossible de ne pas répondre, même si la voiture avance à toute allure sur cette route défoncée. C’est l’un de mes fils. Entre les soubresauts et la panique, je décroche. Cet appel vient du monde, si éloigné de nous, où la guerre est une abstraction. Il s’agit d’un problème de cuisson de riz. « Quelle est la meilleure méthode pour qu’il soit bon ? C’est-à-dire un peu collant, comme au restaurant, mais pas trop. » Et j’explique ma méthode. Je ne parle pas trop fort, j’ai peur que les membres de mon équipe ne me prennent pour une folle en s’exclamant : « Tu viens d'échapper à la mort, mais tu parles cuisine le plus calmement du monde ?" 

Toutefois, cette qualité de femme et de mère contribue à la rendre plus sensible au sort des enfants. " Où que j’aille, dans les endroits les plus improbables de la planète, dans les circonstances les plus joyeuses ou les plus dramatiques, mes deux enfants ne quittent jamais mon esprit. La maternité a colonisé mon âme, les recoins de mon corps et de mon cœur.", écrit-elle et cela explique peut-être son attachement à sauver le petit Jerry d'une mort certaine sur un trottoir de Port-au-Prince après le tremblement de terre de janvier 2010  ou à Kaboul pour éviter à un couple de devoir vendre son bébé.

Concernant le travail de reportage, Maryse Burgot insiste sur le travail d'équipe : partout où elle va, c'est en équipe qu'elle travaille. Un cameraman et un monteur, hommes ou femmes, sachant que le métier de preneur de son en reportage a disparu  depuis les années 90-2000. Le monteur envoie le sujet quelques minutes seulement avant pour la diffusion ! L'équipe s'étoffe aussi des fixeurs qui sur le terrain mettent l'équipe en relation avec les personnes ou les organismes concernés. Ces fixeurs sont des gens du pays, auxquels il faut que l'équipe puisse faire confiance et cela demande une bonne cohésion d'équipe et une capacité à décider. Ainsi, lors du reportage au Kosovo, ils font appel à Jovana qui "n’est pas du tout dans le monde du journalisme, c’est plutôt une intellectuelle, un peu artiste à ses heures. Un rien mondaine, blondissime et portant en permanence tailleur et bijoux. Elle est la maîtresse d’un prince monténégrin. Notre preneur de son l’appelle gentiment la Castafiore. " Ils lui font confiance et elle devient l'une de leurs meilleures fixeuses. Lorsque la presse est interdite d'entrée comme à Gaza, l'équipe s'étoffe encore de "relais sur place, des journalistes palestiniens, des caméramans. Des contacts précieux entretenus de longue date par notre bureau permanent et de nombreux journalistes de la rédaction. Ces personnes de confiance nous font parvenir leurs images, nous racontent. Leurs récits nous permettent de mettre des sujets à l’antenne sur la situation sécuritaire et humanitaire à Gaza."   "Ces contacts dans l’enclave sont pourtant nos yeux et nos oreilles à Gaza puisque aucun journaliste occidental ne peut entrer dans l’enclave sauf autorisation rare et encadrée de Tsahal." De même, L’Iran, l’Afghanistan, le Yémen, le Soudan rendent l'accès à la presse occidentale très difficile. Cela constitue un sérieux problème pour le métier de journaliste, car les "relais sur place" n'ont sans doute pas la neutralité nécessaire pour témoigner comme il le faudrait. Au-delà, l'équipe s'étoffe aussi d'une direction : " Je ne décide pas seule de rentrer ou de rester. Nous avons une hiérarchie qui fait ces choix éditoriaux." Et l'équipe se complète encore d'"une cellule dont le travail consiste à vérifier l’authenticité de ces images. Leur mission est désormais très précieuse et indispensable. Nous avons aussi un service chargé de visionner les milliers d’images et de vidéos envoyées par des agences professionnelles comme l’AFP, l’Agence France-Presse, ou encore AP, Associated Press, ou CNN, la BBC, la télévision iranienne, chinoise, russe, etc. [...] Des journalistes de France Télévisions spécialisés dans ce service d’échanges nous signale quotidiennement les images qui méritent notre attention."

Passionnant pour qui veut découvrir le travail de journaliste reporter et je pense aussi aux élèves de quatrième et de seconde pour lesquels la découverte de la presse est au programme, ce livre l'est aussi par le rappel de l'actualité des 30 dernières années, un rappel précis, sensible, détaillé qui me semble particulièrement précieux à une époque où une information chasse l'autre ! 

Extrait Juin 2012 USA : " Ce matin-là, je choisis de suivre plus particulièrement une jeune femme. Elle a vingt-trois ans, elle est jolie. Elle attend avec sa mère dans la longue file d’attente. Je ne sais pas bien expliquer pourquoi je me dirige vers elle. Ce sont les grands mystères du hasard dans le métier de reporter. J’ignore combien ce qu’elle va vivre dans ce gymnase se révélera éprouvant. Je remarque assez vite qu’elle parle en prenant soin de ne surtout pas montrer ses dents. Nous lui demandons si elle accepte d’être filmée. Elle hésite beaucoup et finit par dire oui. Elle me dit qu’elle souffre depuis trop longtemps, qu’elle n’en peut plus. Elle est ici, dit-elle, pour qu’on lui enlève toutes ses dents ! Je remarque les ombres noires sur l’émail de ses dents, je me rends compte que toutes ses incisives et canines supérieures et inférieures sont cariées. Elle ne sourit jamais. Je comprends les souffrances physiques et psychologiques endurées par cette jeune femme brune, caissière dans un supermarché. Sans assurance santé, elle n’a pas les moyens de payer des frais dentaires."

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21 février 2025 5 21 /02 /février /2025 14:39

"Dire le sens de nos vies est moins facile que d’exalter leur complexité." Cette première phrase du roman en pose bien le cadre. En effet, tout le récit exalte la vie bien complexe d'un vieil homme rencontré sur un banc dans un cimetière niçois. 

Cet homme, Valdas, avait 15 ans en 1913 et passait les vacances dans la villa mauresque de l'Alizé en Crimée avec sa belle-mère, Léra, entourée d'artistes avec lesquels elle jouait la comédie, tandis que son père, Guéorgui Bataeff, éminent avocat, devait rentrer à St. Petersbourg pour son travail. Déjà, Valdas éprouvait un certain dégoût pour cet univers d'argent et de comédie ! 

L'envie d'aller voir plus loin le mène sur la côte, là où les contrebandiers sont pourchassés par les gardes-côtes. C'est là qu'il rencontre, Taïa, celle dont il se souvient encore, lorsque, vieillard, assis sur un banc de cimetière niçois, il dit " « La femme que j’aimais ne demanderait rien d’autre – ce vent ensoleillé et la ligne de la mer entre les cyprès. Désormais, cela nous suffit pour être vivants…" Cette femme pourtant ne croise Valdas que ponctuellement et lorsqu'ils se retrouvent, par hasard, fuyant la violence de la guerre civile qui ravage le pays, ce n'est que peu de temps en 1920, avant qu'elle ne tombe sous le feu des révolutionnaires.  «Ne dites jamais, avec reproche : ce n’est plus. Mais dites toujours, avec gratitude : ce fut." Cette inscription sur une tombe du petit cimetière illustre bien la dévotion de Valdas pour cette femme, bien plus tard. 

Dans sa vie, en Russie puis à Paris, il rencontre d'autres femmes, il en épouse même une mais décidément, comme sa belle-mère autrefois, les femmes sont infidèles.  C'est la comédie humaine !

Durant la guerre 39-45 à Paris, Valdas rencontre deux personnes qui suscitent son admiration : un résistant qu'il retrouve plus tard, revenu des camps de concentration et Rohr, oublié des dieux, qui cache Valdas poursuivi par la Gestapo, mais meurt sous les balles allemandes lors de la Libération de Paris ! Mais il a aussi Julien Soupault pour qui il accepte de mentir lorsque celui-ci a besoin du secours d'un résistant pour échapper à une condamnation pour collaboration.

Le détachement et la magnanimité de Valdas sont en effet ce qui marque le plus dans ce personnage : à son épouse qui le trompait, il laisse la maison qu'il vient de construire et s'accuse de tromperie pour éviter qu'elle se sente coupable ! Au collaborateur qui avait accaparé le cabinet d'architecture d'un déporté, il porte secours!

Comment peut-on raconter une vie si pleine en si peu de pages ? C'est une prouesse et Andrei Makine relève avec brio le défi ! L'écriture, toujours précise, claire, travaillée, parvient à donner à une telle puissance aux portraits et aux situations que je ne les oublierai pas de si tôt !

extrait :  Ils finirent par se revoir, en 54, de façon pas vraiment inattendue car conviés tous deux à la célébration du dixième anniversaire de la libération de Paris. Dire que Jean Holtzer avait vieilli eût été une figure de style : c’était une ruine, à la démarche lente, un homme que Valdas n’aurait pas reconnu au milieu d’une foule. Mais là, les organisateurs épelèrent tous les noms et il vit ce qu’était devenu Holtzer. Après la cérémonie, ils se saluèrent, avec une retenue gênée : chacun redoutant d’apprendre le côté sombre de l’autre. Valdas proposa d’aller prendre un verre et, difficilement, comme s’ils étaient encore obligés de garder le secret, ils se parlèrent, surpris de s’être si formidablement trompés l’un sur l’autre. Non, ce n’était pas Holtzer qui avait dénoncé Valdas mais un tout jeune homme, un simple « agent de liaison » qui escomptait être bien rémunéré par les Allemands. « C’est même plus compréhensible qu’une trahison sous les menaces et les coups, expliqua Holtzer. On n’imagine jamais le nombre de gens qui seraient prêts à trahir pour se payer un dîner ou épater une jeune femme… C’est ce que ce gars avait obtenu. » Lui-même n’avait pas pu s’échapper et, après des tortures qui avaient « ébranlé sa foi », s’était retrouvé à Buchenwald, ne rentrant à Paris qu’en juin 1945

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12 février 2025 3 12 /02 /février /2025 15:29

Prix Goncourt des Lycéens 2024, ce roman dont l'histoire se déroule hors du temps, dans un pays-arrière, on ne sait où, est longtemps pris en charge par un narrateur énigmatique, _le chien de Rose !_  puis par un narrateur extradiégétique. Le récit présente d'une façon quasi toujours chronologique la vie d'un hameau des Montées : trois maisons abritent, tant bien que mal, trois familles : celle de Rose, qui vit seule avec son chien jusqu'à l'arrivée de Madelaine. Celle d'Ambre et de son mari, sabotier, mais ivrogne, Léon. Celle d'Aelis, jumelle d'Ambre, de son mari, bucheron, Eugène et de leurs trois fils, Germain, Artaud et Mayeul. Eugène a la chance d'avoir un cheval, Jéricho, qui lui est fort utile dans son travail.  

Tout ce petit monde vit sur les terres des seigneurs du coin, les Ambroisies et redoute les impôts que les Ambroisies exigent chaque année et redoutent plus encore, la folie d'Ambroisie-le-fils qui parcourt les campagnes avec son cheval, décimant les récoltes, écrasant les enfants et troussant les femmes.  À cela s'ajoute, la rigueur du climat qui saccage le travail des paysans, la faim, le gel qui torturent les êtres, la fatalité qui empêche tout espoir ! la solidarité familiale permet certes de mieux supporter tous ces fardeaux, mais elle ne garantit jamais le bonheur. La révolte est si périlleuse que seule la jeune Madelaine l'ose et cela provoque de grands malheurs dans le village. 

Construit comme une tragédie, le prologue annonçant déjà l'inévitable malheur, ce roman est touchant par ses personnages dont on partage les espoirs, les colères, la soumission à la fatalité !

Terrible tragédie, hors du temps, dans un univers quasi mythologique où se côtoient le fleuve Basilic, le cheval Jéricho et les seigneurs Ambroisie, c'est aussi un roman de la misère et de la révolte qui rappelle la terrible histoire de Jacquou Le Croquant d'Eugène le Roi.

Le roman se teinte cependant d'une certaine modernité, accordant à la question de la place des femmes dans le monde, une place privilégiée. Est-ce ce qui a séduit cette année les lycéens ? 

Extrait choisi : " Je n’en avais jamais vu avant elles. Ambre et Aelis sont des jumelles. Cela n’arrive pas souvent et les gens se méfient quand les ventres des mères donnent la vie deux fois coup sur coup, soulagés lorsque l’un des deux enfants meurt à la naissance. Car pour eux, il n’y a rien de normal dans ces corps et ces visages qui se ressembleront goutte pour goutte tout au long de la vie, ces êtres dont on ne saura jamais vraiment si c’est l’un ou l’autre, si c’est humain, si au fond ce n’est pas le diable. Rose a ri en racontant il y a longtemps qu’Ambre et Aelis ont survécu toutes les deux et cela a causé bien du souci à leurs parents d’accueillir deux enfants d’un coup, deux filles qui plus est, qui n’auraient pas la force des fils, qu’il faudrait marier et presque payer pour qu’on les emmène. D’ailleurs il s’en est fallu de peu qu’on ne les jette dans le Basilic une nuit quand tout le village dormait. Cependant les nouvelle-nées étaient d’une beauté saisissante ; sans doute leurs parents les ont-ils gardées par une sorte de superstition confuse, mélange de fascination et de peur, n’osant défaire ce que le ciel avait fait si seulement c’était lui."

   

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31 janvier 2025 5 31 /01 /janvier /2025 14:44

Voilà un livre que je quitte à regret, surprise à la dernière page, de le voir fini !, c'est qu'il n'a pas réellement de début ni de fin ! l'auteur nous raconte une tranche de vie, de sa vie et de celle de son frère ! certes, le récit commence par une naissance, celle d'un veau, lorsque l'auteur avait 15 ans alors que son frère avait "à peine treize ans" mais c'est qu'il y a là, un moment crucial : "Mon frère n’était pas aussi confiant. Je sentais la présence en lui d’une menace, d’un traumatisme naissant. L’adolescence est une période de remodelage du cerveau : le programme de maturation qui bientôt fournira les codes de l’âge adulte fait l’objet d’importants bouleversements. De nouvelles connexions neuronales se mettent en place, tandis que d’autres s’évanouissent. Des accidents se produisent, paraît-il, lors de cette grande période de reconfiguration, qui rendent certaines jeunes personnes particulièrement fragiles inaptes à gérer les situations émotionnellement éprouvantes. Cette nuit-là en tout cas, dans sa petite chambre jouxtant la mienne dans la maison familiale, j’ai entendu mon frère sangloter au creux de son lit. Le lendemain, les premiers signes de sa vertigineuse descente se manifestaient".

 

Cet événement constitue le premier chapitre du récit qui pour l'essentiel se déroule quarante-cinq ans plus tard. Tout comme le titre et tout comme l'image de couverture, il met au premier plan ce qui fait la singularité du frère cadet de l'auteur : il est schizophrène. Une large partie de ce récit biographique est alors consacrée aux relations qui unissent l'auteur et son frère : "Le mot schizophrénie, formé à partir du grec skhizein (fendre) et phrên (esprit), ne pourrait mieux illustrer le coup de hache qui un jour a fait voler en éclats l’existence de mon frère, et ouvert en lui une brèche impossible à refermer. Je tente comme je peux de me glisser avec lui dans cette ouverture, mais n’y parviens jamais qu’à moitié."

L'auteur, lui-même, laisse à plusieurs son esprit ou son âme (c'est le terme qu'il emploie" s'éloigner du simple réel pour accéder aux intuitions, de telle sorte que lors d'une crise de paranoïa très violente de son frère, l'auteur voit un roitelet monter au ciel en emportant son âme ou que lors d'une promenade dans la campagne, il marche avec son père, pourtant décédé.  

Mais ce qui marque surtout dans ce roman, c'est la sérénité que l'auteur trouve avec son frère, avec son épouse, Livia, mais aussi avec ses voisins, avec les animaux, son chien Pablo et son chat Lennon, avec la nature ! Sa vie consiste pour l'essentiel à écrire, à jardiner, à parler avec son frère de jardinage ou de poésie et à l'aider, à se promener dans la campagne et à ne rien faire. Et ce récit qui ne raconte finalement pas grand-chose est extrêmement apaisant.

Extrait choisi : « La vie passe, m’a dit ce matin mon frère une fois achevée sa lecture de mon manuscrit. La vie passe, banale, insignifiante, et pèse pourtant à ce point sur la pensée, le caractère et l’âme qu’elle finit par leur donner une raison d’être. Oui, presque rien n’arrive dans cette histoire, mais tout y a un sens. »

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