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19 juin 2017 1 19 /06 /juin /2017 15:11

C'est mon premier manga ! Au départ, cela semble déconcertant mais on s'y fait vite et cela se lit très vite. Celui-ci a un intérêt documentaire évident : on découvre la cuisine turque et la danse ou plutôt les danses orientales en détail. L'intrigue, elle, me parait plus faible et improbable : cela commence par l'enlèvement à Tokyo de Yako une jeune étudiante en école de mode. Le kidnapper est un vieillard, un restaurateur turc qui en est à son troisième enlèvement ! Or, contre toute attente, Yako accepte de devenir serveuse au restaurant, L'akşehir. Le vieil homme l'avait remarquée car elle avait au cou un nazar boncuk , amulette turque destinée à écarter le mauvais oeil. Yako devient alors l'amie de Zakuro, japonaise mais danseuse orientale au restaurant. L'intrigue ainsi lancée marque une pause, jusqu'à ce qu'à la fin, au cours d'une intrigue sentimentale naissante, elle se relance et s'achève sur une énigme : quel est le sens de cette amulette offerte à Yako par une ancienne amie soudain revenue pour la lui offrir avant de se suicider ?
J'ai demandé leur avis à trois collégiennes habituées aux mangas. Toutes trois apprécient la dimension documentaire mais chacune formule un ou deux bémols : il y a trop peu de rebondissements ; les dessins, en particulier de danse, seraient mieux animés ; le contexte japonais n'est pas assez mis en valeur ; enfin l'héroïne est un peu fade par rapport aux personnages secondaires.

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2 juin 2017 5 02 /06 /juin /2017 18:55

Il s'agit d'un récit que j'hésite à nommer roman tant il est bref (à peine 116 pages) pour 27

chapitres. Le film d'Alain Corneau, que je n'ai pas encore vu, a sans doute beaucoup contribué à la renommée de ce roman qui à lui seul ne me semble pas mériter toute l'attention qu'il a pu soulever (grâce notamment aux programmes de l'Éducation nationale).

De quoi s'agit-il ? En 1650, Monsieur de Sainte Colombe, un musicien, perd  son épouse et se trouve ainsi chargé d'élever leurs deux filles, Madeleine et Toinette. Il confie le soin de leur éducation à Monsieur de Bures, un représentant des Jansénistes de Port-Royal et passe quant à lui le plus clair de son temps dans sa cabane au fond du jardin où il joue de la viole et compose. Dès que ses filles arrivent en âge, il les initie à son art. Prié de venir à la cour afin de jouer pour le roi, il refuse et se retire encore un peu plus dans sa cabane au bord de la Bièvre. Un jeune homme, chassé de la maîtrise du roi en raison de sa mue, vient lui demander de l'accueillir comme élève. Bien qu'irascible et taciturne, Monsieur de Sainte Colombe accepte. Le jeune homme, Monsieur Marin Marais, séduira à tour de rôle les deux filles avant de se faire chasser pour avoir brûlé sa viole à la chaufferette de la reine. Madeleine sombre dans la dépression et finit par se pendre, sa soeur se marie et devient mère de cinq enfants. Monsieur de Sainte Colombe dans sa cabane a reconstitué la tableau Nature morte aux gaufrettes de Lubin Baugin et lorsqu'il joue de la viole, il parvient à faire revenir son épouse disparue jusqu'au jour où, à son tour il approche à son tour de la mort et confie à Marin Marais "un ou deux arias capables de réveiller les morts."

De 1650 à 1689, c'est donc une quarantaine d'années que l'auteur relate en cette centaine de pages. Les ellipses sont nombreuses, les références (à Port-Royal, au jansénisme, au baroque, aux Libertins) allusives, les écarts érotiques parfois crus détonnent et semblent des concessions incongrues à la modernité voire au commerce, les éclats de colère du héros qui parle peu mais casse beaucoup sont excessifs. La poésie peine à s'insinuer, sauf peut-être dans la description des paysages :

"Il aimait le balancement que donnait l'eau, le feuillage des branches des saules qui tombait sur son visage et le silence et l'attention des pêcheurs plus loin [...] Il écoutait les chevesnes et les goujons s'ébattre et rompre le silence d'un coup de queue ou bien au moyen de leur petites bouches blanches qui s'ouvraient à la surface de l'eau pour manger l'air."  (p.35)

En somme, un petit roman, vite lu et sans doute vite oublié si je n'avais pris le temps d'écrire cet article.

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31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 16:00

Je viens de lire ce roman publié en 2008 à propos de la trahison de Tyrone Meehan.

C'est dans Retour à Killybegs, publié en 2011 que l'on comprend comment ce héros de  l'IRA a pu devenir un traître. J'ai donc lu l'explication avant le récit de la trahison. C'est un itinéraire que je conseille car ainsi le personnage prend chair de manière plus puissante.

Le titre de ce roman peut surprendre : "Mon traître". La lecture de l'oeuvre l'éclaire : de même que dans l'incipit du Quatrième mur, publié en 2013, le narrateur désigne son ami Marwan par "mon druze", le narrateur désigne ainsi son ami "traître". Entre déterminant et nom, il y a comme un oxymore, un hiatus que le héros narrateur, Antoine, un luthier parisien, peine à transformer.

Ce roman, comme la plupart de ceux de cet auteur, est largement inspiré de la réalité : quand Sorj Chalandon, grand reporter à Libération, rencontre Denis Donaldson, leader charismatique de l’IRA et de sa branche politique, le Sinn Fein, ils deviennent amis. Le roman est surtout un hymne à l'amitié, thème qui se retrouve aussi dans Une Promesse, publié en 2006, à l'époque du jugement de l'ami traître, renommé Tyrone Meehan. Mise à mal par la trahison, l'amitié qui unit le luthier parisien et le membre de l'IRA est ici présentée de sa naissance à la disparition  de Tyrone, assassiné à Killybegs.La rencontre d'une vieille irlandaise permet cependant de conclure sur une note apaisée :

"Elle a dit qu'il y avait des Tyrone partout, dans les guerres comme dans les paix, et que cela ne changeait rien. Ni à la paix, ni à la guerre. Ni même à Tyrone.Elle a dit que nous l'avions aimé sans retenue parce que c'était lui.Et que nous lui avions donné notre confiance parce que c'était lui. J'ai hoché la tête. J'ai souri. J'ai revu nos gestes. Cette façon que nous avions de relever nos cols de vestes à la pluie. Ms pas dans les siens. Son regard sous la visière. Nos verres levés. Sa main. J'ai regardé la salle. J'ai laissé faire une larme." (p 216)

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20 mai 2017 6 20 /05 /mai /2017 11:38

Ce roman a été publié en 1813, deux années plus tôt que le précédent que j'ai lu, Emma.

Qu'importe,ils se lisent indépendamment l'un de l'autre et on y retrouve les mêmes analyses sociales de la gentry et le même esprit frondeur ici incarné par Lizzy et non plus par Emma.

Lizzy est la seconde des cinq filles de Mr et Mrs Bennett. Celle-ci n'a qu'une préoccupation : marier ses filles. Pour Mrs Bennet, toutes les préoccupations tournent autour du nombre de livres de rentes que pourraient avoir ses gendres et, en conséquence, des maisons et des robes que pourraient avoir ses filles.Entre caprices et crises de nerfs, Mrs Bennet apparaît surtout comme une femme sotte et  vulgaire. Son époux est un gentleman, il s'est fait une raison : il se retire presque toujours dans sa bibliothèque et lorsqu'on le consulte, il prend presque toujours des décisions contraires à celles de son épouse.

Parmi les filles, Lydia, la troisième, épousera in extremis un aventurier sans foi ni  loi avec elle lequel elle s'était enfuie, L'honneur de la famille est atteint mais sauf. Jane et Lizzy, les deux aînées, plus proches de leur père, au terme de multiples péripéties, épouseront tout de même des gentlemen qui auront su vaincre par amour pour elles, orgueil comme préjugés.

Dans ce roman plus que dans le suivant, l'écart social est important. Le récit nous permet de découvrir quelques personnages représentatifs de ce microcosme. Parmi les portraits  soigneusement dressés, le plus souvent du point de vue de Lizzy, il y a l'obséquieux Mr Collins dont Lizzy a fort justement repoussé l'offre de mariage, la très orgueilleuse Lady Catherine de Bourgh, et bien sûr son neveu, le beau ténébreux Mr Darcy qu'épousera Lizzy après l'avoir  une première fois repoussé :

"Après un silence qui dura quelques minutes, il s'avança vers elle dans un état de grande agitation et commença ainsi :

_J'ai lutté en vain. Je n'en puis plus. Je ne puis dompter mes sentiments. Il faut que vous me permettiez de vous dire à quel point je vous admire et vous aime ardemment.

L'étonnement d'Élizabeth ne peut se dépeindre. Elle ouvrit de grands yeux, douta et garda le silence. Il prit cela pour un encouragement suffisant et l'aveu de tout ce qu'il avait éprouvé, et éprouvé depuis longtemps pour elle, suivit immédiatement. Il s'exprimait bien mais il n'avait pas que son amour à exprimer et l'orgueil ne parlait pas moins fort dans sa bouche.C'est ainsi que profondément convaincu de leur différence de rang, il mit en lumière l'abaissement auquel il consentait, les obstacles familiaux que son jugement avait toujours opposés à son inclination, le tout avec une chaleur que justifiait l'extrême importance donnée par lui à ces choses, mais qui paraissait peu propre à recommander sa demande.

En dépit de son antipathie profondément ancrée, elle ne put rester insensible au compliment que présentait pour elle l'affection d'un tel homme ; et, bien que sa résolution n'ait pas chancelé un instant, elle regretta, d'abord, la peine qu'elle allait lui faire...." (p 236/237)

 

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22 avril 2017 6 22 /04 /avril /2017 11:43

Jane Austen est une romancière anglaise de fin XVIII/début du XIXe siècle, elle a publié Emma en 1815, époque où chez nous Chateaubriand occupait largement la une littéraire laissant Mme de Staël Marceline Desbordes-Valmore bien en retrait. Or Jane Austen avec Emma écrit un vrai gros roman qui mêle intrigues sentimentales, analyses psychologiques, étude de moeurs, humour, sarcasme, critique sociale, suspense. En somme, un roman total, étonnamment moderne dans lequel Emma, une jeune femme de 21 ans, manigance et conjecture au sujet des personnes de son environnement de la gentry provinciale de Surrey ce qui donne l'occasion à l'auteure de créer des personnages parfois caricaturaux comme la trop bavarde Miss Bates, l'hypocondriaque Mr Woodhouse, parfois complexes et particulièrement travaillés comme Mr George  Knightley, Miss Jane Fairfax, Miss Hariett, l'odieuse Mrs Elton... Et cela offre aussi l'occasion d'explorer les moeurs provinciales de ce temps, soirées au coin du feu, soupers, pique-niques, visites, promenades et même un bal, de décrire la campagne anglaise et  de se livrer à une critique sarcastique des règles sociales en vigueur.

Extrait choisi, Emma vient de se moquer de Miss Bates au cours d'une journée de pique-nique collectif à Box Hill et Mr Gorge Knightley le lui reproche :

  "Oh ! s'écria Emma, je sais qu'il n'existe pas au monde une meilleure créature qu'elle, mais vous savez aussi que la bonté et le ridicule forment la base de son caractère.

_ Cela est vrai, dit-il, je l'avoue. Mais si elle était riche, j'admettrais même que le ridicule surpassât la bonté ; si elle avait de la fortune, je ne trouverais pas mauvais que ses absurdités fussent pour vous un objet de dérision. Si elle était votre égale par sa position, je ne vous ferais aucun reproche. Mais, Emma, considérez la distance qu'il y a de vous à elle : elle est très pauvre, elle est déchue de l'état de prospérité dans lequel elle était née, et, si elle vit longtemps, son sort deviendra encore plus malheureux. Sa situation devrait exciter en vous la pitié. En vérité, vous vous êtes mal conduite. Vous, qu'elle a vue enfant, vous qu'elle a vue grandir lorsque ses attentions vous honoraient, vous venez maintenant, par l'étourderie, par un orgueil mal entendu, de vous moquer d'elle, de l'humilier devant sa nièce et devant les gens dont quelques-uns imiteront votre exemple.Ce que je vous dis, Emma, ne vous est pas agréable, sans doute, et je vous assure que cela me l'est encore moins. Mais il est de mon devoir de vous faire ces représentations. Tant qu'il sera en mon pouvoir de vous dire la vérité, je le ferai. En vous donnant de bons conseils, je vous prouve la sincérité de l'amitié que j'ai pour vous : rt je me flatte qu'un jour ou l'autre vous me rendrez plus de justice que vous ne le faites à présent.

Tout en parlant, ils s'approchaient de la voiture. Elle était prête et, avant qu'elle pût dire un mot, il lui avait donné la main pour y entrer. Il avait méconnu les sentiments qui l'avaient engagée à tourner la tête et l'avaient empêchée de parler. C'était un composé de colère contre elle-même, de mortification et de chagrin." (p 414-415)

J'ai dévoré ce roman qui m'a tenue en haleine d'un bout à l'autre car l'auteure sait créer et soutenir le suspense jusqu'au bout. Les manigances d'Emma pour prévoir et organiser des mariages, ses maladresses et les patients reproches de Mr Knightley qui se comporte toujours en sage gentilhomme sont pour beaucoup dans le plaisir de cette lecture. Emma est en effet un roman à suspense et aussi un roman d'initiation. Je ne m'attendais pas à une telle modernité dans une oeuvre datant de 1815. Je l'ai lue traduite pour l'édition archipoche par Hélène Seyrès.

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 18:55

Le roman s’appelle La folle rencontre de Flora et Max.

Il a été écrit par Martin Page et Coline Pierré. Martin Page est écrivain français né le 7 février 1975, mais il écrit aussi sous le pseudonyme de Pit Agarmen. Coline Pierré est une romancière française née en 1987.

C’est l’histoire d’une rencontre à travers les mots. Donc ce sont deux adolescents qui sont enfermés pour des raisons différentes et ne peuvent se rencontrer. Ils échangent sur plusieurs mois. Flora est en prison pour avoir plongé une élève dans le coma à la suite d’un harcèlement, tandis que Max est prisonnier de lui-même, incapable d’affronter le monde extérieur. À chaque lettre qu’ils s’envoient, ils vont se trouver des points communs comme s’ils étaient liés.

Extraits représentatifs :

"Je suis pathétique, je sais, mais ça me rassure, je veux dire, tu ne vas pas me juger parce que je suis bizarre. Après tout, tu as presque tué quelqu'un : tu dois être très tolérante vis-à-vis des défauts des autres (excuse-moi d'être si direct)."

" Tu as le droit de m'écrire en prison comme tu aurais eu le droit de me parler dans la cour du lycée. On devrait se permettre d'aller à la rencontre de ceux qu'on ne connaît pas. "

" Nous vivons tout de même dans une société étrange : comment est-il possible que nous ne nous soyons pas trouvés alors que nous étions chaque jour à quelques mètres l'un de l'autre ? On dirait que les vraies rencontres ne sont possibles que par accident."

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 15:45

Didier Jean et Zad ont écrit «Mes rêves au grand galop». Je ne connais aucune autre œuvre de ces auteurs. Il a été écrit en 2013. Ce n’est pas une époque particulière. Ce texte est écrit en français à l’origine. C’est un roman.

En le lisant, j’ai pensé à des images et à des sons, plus particulièrement aux chevaux. Je m’imagine les chevaux tels qu’ils sont décrits, avec la couleur de leur robe et de leur crinière, et leur caractère. J’entends le bruit de leurs sabots quand ils galopent.

L’action se passe à la campagne, pendant les vacances scolaires. Les personnages principaux sont Inès et Sébastien dont les mères sont meilleures amies. Ils doivent passer une semaine ensemble alors qu’ils ne se supportent pas. Mais ils vont se trouver une passion commune… 

Je peux résumer l’histoire en quelques phrases : Fleur et Sabine, de très bonnes amies d’enfance, décident de se retrouver pendant les vacances. Elles espèrent que leurs enfants s’entendront bien mais ce n’est pas le cas. Inès, une jeune fille en fauteuil roulant après un accident, aimant la nature et surtout les chevaux, et Sébastien, un garçon de 13 ans détestant la campagne, ne se supportent pas. Pourtant, la passion d’Inès pour les chevaux les rapproche et ils finissent par devenir très proches.

J’ai beaucoup aimé ce roman. L’histoire était émouvante. J’ai facilement compris l’histoire. Les auteurs ont écrit ce texte pour nous montrer que l’amitié est la plus belle chose au monde et que cela rend les gens heureux. Je suis d’accord avec ces auteurs qui ont voulu mettre en avant les joies de l’amitié. Ils s’y sont pris en émouvant les lecteurs avec deux personnages principaux très attachants qui ont retrouvé le sourire grâce à leur rencontre.

Ce texte est destiné à tout le monde ; le narrateur ne s’adresse à personne en particulier. Ses intentions sont faciles à percevoir et on ne peut pas hésiter sur le sens de son texte.

Loane R, 4D, 26 mai 2017

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23 février 2017 4 23 /02 /février /2017 21:41

Édité chez Calman Lévy en janvier 2017, ce premier roman d'une jeune américaine originaire du Ghana âgée de 27 ans a été publié en 2016  à New-York. Je l'ai lu dans la traduction d'Anne Damour. Je n'ai donc pas tout à fait accès à la langue originale de ce roman mais déjà la version traduite est tout à fait merveilleuse.

Ce roman nous fait parcourir en quelques 400 pages trois siècles d'une famille africaine constituées de deux branches issues d'une ancêtre commune mariée d'abord à Cobbe Otcher, un Fanti dont elle a deux enfants dont Effia.puis capturée et mariée à Grand Homme, un chef de la tribu Ashanti dont elle a une fille Esi. Alors qu'Esi sera capturée par  la tribu rivale et vendue comme esclave aux Anglais, Effia épouse un militaire Anglais. Chacune aura ensuite son itinéraire  et nous suivons l'histoire de leurs descendants jusqu'au jour où la dernière descendante d'Effia et le dernier descendant d'Esi retournent ensemble au Ghana sur les traces de leurs ancêtres, chacun portant une phobie issue de l'histoire de sa famille (celle de l'eau pour Marcus dont l'ancêtre a traversé les océans dans la cale d'un négrier, celle du feu pour Marjorie dont plusieurs ancêtres ont eu à subir la violence), chacun venant sur cette terre d'origine s'en délivrer.

Entre cette figure tutélaire de Maame l'ancêtre commune et les figures des jeunes Marcus et Marjorie, jeunes étudiants américains venus en avion sur les pas de leurs ancêtres, on découvre un multitude de personnages souvent très attachants et tous très singuliers, et avec eux on parcourt les champs de cotons et de cannes à sucre, les mines de Pratt City, le ghetto de Harlem et  les universités d'Alabama, on découvre surtout ce que cela représente d'être noir au temps de l'esclavage, certes mais aussi et encore aujourd'hui. A travers Marjorie on apprend même la difficulté d'être noire mais perçue par ses camarades de classe en Alabama comme une blanche : "Tu parles comme une fille blanche. Fille blanche. Fille blanche. Fille blanche." (p 367) tandis que son professeur préféré lui assène : "Ici, dans ce pays, les Blancs qui gouvernent ne se préoccupent pas de savoir d'où tu viens. Tu es ici à présent, et ici le noir est noir, et sera toujours noir." ( p 374) 

Ce roman est à la fois fascinant et édifiant ; à mon avis,il est incontournable pour qui veut mieux comprendre ce que représente le fait d'être noir. Les personnages y sont campés d'une telle manière qu'ils nous semblent familiers, le parcours des itinéraires parallèles présentés en alternance est judicieusement orchestré pour tenir en haleine et un arbre généalogique aide le lecteur à s'y retrouver.

La couverture dans l'édtion Calman Levi, sied tout à fait à ce roman.

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13 février 2017 1 13 /02 /février /2017 15:58

Publiée chez José Corti dans une traduction de l'allemand par Huguette Duvoisin et René Radrizzani, cette pièce écrite en 1933 revisite le conte de Grimm La Gardienne d'oies mais l'auteur fait ici du prince et non de la princesse le personnage principal. En effet, Manao VInje riche fermier et encore plus riche en devenant éleveur de rennes s'éprend de la plus pauvre des villageoises la frêle Sofia mais la cruauté monstrueuse d'Anna et de son comparse Gunvald rendent impossible leur union. Il faut arriver presque à la fin pour que Manao et Sofia, tous deux bien écorchés par la vie puissent se retrouver avant que Sofia s'étiole puis décède en confiant Manao à la jeune Jytte. Jytte comme Sofia est une femme fragile proche de la nature et du monde animal : " J'ai fait semblant de venir de nulle part, de surgir du sol, et d'avoir dû suivre les traces dentelées des rennes pour dire devant cette porte : Me voilà, je m'appelle Falada."confie-elle à Sofia. Mais Falada n'était-il pas le nom de la jument de Manao, cruellement mutilée et tuée par Gunvald à la demande d'Anna ? Tout comme le furent Sofia et son enfant ! 

C'est que Manao vit en harmonie avec la nature, les montagnes et les femmes qui en sont proches au contraire de la riche et plantureuse Anna, froide, cupide et sans cœur. Autour de lui d'ailleurs se déploie tout un monde magique qui lui sert de guide : Tunrider, le spectre d'un amoureux suicidé l'invite à le rejoindre alors que Brönnemann sorte de génie des eaux l'enjoint à vivre sa vie d'homme et que le Troll Yngve guide sa vie : "Il n'est pas nécessaire que tu trébuches. Tu dois simplement aller de l'avant. Tu es un peu écorché. Mais cela ne laissera pas de trace." prédit-il à Manao dans le dénouement. La pièce ne se laisse donc pas enfermer dans la tragédie même si elle côtoie souvent le tragique.

L'oeuvre se lit comme un roman. Que donnera la mise en scène de Pascal Kirsch que je verrai en mars ? La présentation donnée sur le site du théâtre, "Réflexion violente et crue sur l'amour, drame paysan entre éleveurs-cultivateurs riches et valets pauvres..." me semble à la fois à côté du sujet et pourtant objectivement pertinente.    

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9 février 2017 4 09 /02 /février /2017 19:28

Voilà j'ai dévoré les trois premiers tomes de L'Arabe du futur, roman graphique autobiographique sous titré "Une jeunesse au Moyen-Orient (1978 à 1987). J'attends avec impatience la parution d'un quatrième tome.

Avec humour et fraîcheur, l'auteur retrace en une suite de petites scènes étonnantes, touchantes, historiques, critiques, didactiques ou drôles sa jeunesse d'enfant franco-syrien, blondinet élevé à Tripoli dans la Lybie de Kadhafi puis en Syrie, près de Homs, pays de son père, fervent défenseur du panarabisme, et d'Hazed Al-Assad. Parfois,il revient cependant en France, pays de sa mère et plus particulièrement en Côtes d'Armor où il s'extasie devant ... l'Euromarché de Langueux et la profusion des produits qu'on y trouve ! C'est que le monde de son père est fort différent de celui de sa mère. Titulaire d'un doctorat, son père veut faire de Riad l'Arabe du futur mais la voie est étroite et difficile.A la fin du 3e tome, Riad et ses deux jeunes frères subissent la circoncision par "un sosie syrien d'Arnold Schwarzenenegger en plus âgé". L'opération doit faire de lui un homme et voilà que son père annonce sa nomination à l'université de Ryad en Arabie saoudite et ça ne semble réjouir que lui. Vivement le tome  4 !

 

Extrait du tome 2 pour mes lecteurs costarmoricains :

 

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