Entre l'"Autoportrait de l'homme au repos" et "Une course exemplaire", les vingt-deux nouvelles qui constituent ce recueil racontent toutes un épisode de la vie de sportifs de haut niveau dans divers domaines : ski de fond, saut en hauteur, cyclisme, football, boxe, lancer du poids, patinage artistique, course de haies, rallye automobile, tennis, rugby, sprint, golf, planche à voile, lancer du marteau, volley, basket, saut à la perche, course équestre, avec une nette prédominance du cyclisme toutefois.
Quel que soit le sport, les mêmes notions reviennent avec plus ou moins d'insistance : entraineur, entrainement, motivation, argent, masseur, psychologue. mental, technique, excellence, admiration, muscles…, et le lexique spécifique de chaque discipline achève de créer l'atmosphère.
Chacune de ces nouvelles est un modèle du genre : souvent un seul personnage principal, un cadre spatio-temporel restreint et réaliste, et le meilleur pour la fin, la chute !
L'humour constitue à mes yeux la plus grande qualité de ce recueil, un humour parfois souriant, mais aussi, assez fréquemment grinçant quant l'évocation se fait satire.
Il faut dire que l'auteur, président de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature potentielle) et cycliste, est maitre en la matière. Publié en 1988, ce recueil a été couronné du Goncourt de la nouvelle en 1989.
Extrait choisi dans "Le Tueur" : Après la pesée, il lui restait exactement vingt-sept heures pour devenir un tueur. Il était un athlète permanent, un de ceux qui sont à la salle chaque jour, qui savent se mettre en sueur et qui ne reculent jamais devant une corde à sauter ou un sac de sable.
En trois semaines, monsieur Jean avait fait de lui une lame. Un poids moyen puissant, longiligne, belle allonge, jeu de jambes vif ; la grâce, l’élégance, le punch et ce foutu crochet du gauche meurtrier qui avait couché un à un les voyous de Chevilly, les boxeurs amateurs du département, puis de l’Île-de-France et qui l’avait sans accroc conduit au professionnalisme. Un pro qui allait mener son treizième combat et à qui il restait vingt-sept heures pour devenir un tueur."