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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 20:18

Sans l'avoir jamais rencontré, Philippe Jaenada s'engage dans les pas de Modiano en quête de la jeunesse perdue des années cinquante à Saint-Germain des prés.

Le prétexte [?] ici est le mystère qui entoure le suicide de la jeune Jacqueline Harispe alias Kaki en 1953 chez Moineau, un café de la rue du Four où elle et ses amis passaient le plus clair de leur temps. L'enquête le mène à évoquer le passé de ces jeunes qui avaient 10 ans pendant la guerre, l'âge de comprendre et l'âge de ne pouvoir rien faire. Kaki était alors fille d'un collabo, membre notoire de la Cagoule et d'une femme au service de la même extrême droite, où se trouvaient aussi les patrons de l'Oréal ou de Lesieur. Elle s'y impliquait bien plus que dans un rôle de mère ou d'épouse. Dans les années 50, Kaki vit libre de toute attache, comme ses amis du café des Moineaux.

En contrepoint de cet enfermement des jeunes sans avenir, sans passé, le narrateur parcourt la France par ses côtes et par ses frontières, d'hôtel en hôtel, de café en café, à l'écoute des gens qu'il croise, la plupart du temps sans les rencontrer. 

Extrait :

Au démarrage sur le parking de l’hôtel Merveilleux, jeudi matin, la Kuga m’annonce encore une fois que je dois changer son huile moteur bientôt. Le temps s’allonge, bientôt recule. Ça devrait aller, je suppose, jusqu’à Paris. (Même si je sais évidemment comment rejoindre Paris puis m’y diriger, j’ai programmé le trajet pour que Gladys me guide encore, jusqu’au parking de la gare du Nord.) Hier soir, dans la chambre, sur la table près de la fenêtre (la mer était basse, loin, dans l’obscurité, même sous le clair de lune (celui de Dunkerque vaut bien celui de Maubeuge), je ne la voyais plus), j’ai calculé sur Google Maps, de ville en ville, que de Dunkerque à Dunkerque, j’avais roulé cinq mille trois cent quarante-deux kilomètres. J’aurais dit plus.

Au long de ces cinq mille trois cent quarante-deux kilomètres, contrairement à ce que laissent entendre les chaînes info que je regardais parfois le soir dans les hôtels, je n’ai pas vu la France à feu et à sang, je n’ai pas senti le raz-de-marée de colère et de frustration qui submergerait tout et tous, extérieurement ça ne se voit pas beaucoup (sauf chez les complotistes demeurés de La Grande-Motte qui maudissaient les satellites de Macron, les homosexuels et l’électricité), les gens font comme ils peuvent, encaissent, contrôlent calmement, sourient, vivent. Mais en franchissant le périphérique à la porte de la Chapelle, j’ai compris ce que ressentent les provinciaux qui sont effrayés ou rebutés par Paris, qui trouvent la ville violente et les gens cinglés. C’est mon milieu naturel depuis toujours, l’endroit où je me sens le mieux, protégé, en sécurité, un environnement familier, d’habitude je n’entends pas le bruit, je ne vois pas la folie. Mais au feu rouge du pont sous le périph, à la frontière, coincé dans les embouteillages, j’ai pris d’un coup toute la misère et l’inhumanité dans les yeux, il faut franchir une zone où les migrants en détresse et les épaves du crack errent entre les voitures, grattent les vitres, toutes bien fermées, tapent sur les capots, un chauffeur de taxi a tenté d’en écraser un, deux types à moitié nus s’étripent au carrefour, les klaxons beuglent. Tout le monde paraît furieux, congestionné, prêt à se battre. Une demi-heure plus tard, dans le hall immense de la gare du Nord empli du vacarme d’une foule indifférente, j’ai été percuté trois fois avant d’atteindre la sortie, par des masses mobiles et butées qui ne se sont pas retournées. J’étais déshabitué. (Alors sur le chemin du retour à pied, avant de monter à l’appartement et de retrouver ma vie d’ici, Anne-Catherine qui me manque, je me réfugie un instant au Bistrot Lafayette, où je connais tout le monde et chaque centimètre du comptoir. Je comprends cette notion de refuge.)

Je n’ai pas fini, je dois passer dans les différents services d’archives pour consulter ce qu’éventuellement on n’a pas pu m’envoyer, vérifier encore certaines choses, et j’aimerais trouver la tombe de Kaki. Je n’ai pas fini, mais quand Gladys a prononcé ses derniers mots, rue de Compiègne, pour m’orienter vers la rampe d’accès au parking souterrain de la gare du Nord (« Tournez légèrement à droite et vous aurez atteint votre destination »), je suis obligé de reconnaître que j’ai ressenti, tout en ayant parfaitement conscience d’être ridicule (mais seul), un léger serrement de cœur quand j’ai répondu : « Salut Gladys. »

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22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 15:12

Étrange expérience que cette lecture en octobre 2023 d'un récit qui se déroule au premier trimestre 2020 !

La COVID est l'occasion de retrouvailles d'une famille que l'héritage avait divisée depuis une quinzaine d'années : Alexandre avait repris seul la ferme familiale, chacune de ses trois sœurs avait installé une éolienne sur le terrain qui lui revenait et était partie vivre en ville, ses parents avaient poursuivi un peu plus loin des activités horticoles d'autosubsistance,

Le confinement est i le motif qui ramène toute la famille au bercail avec enfants et conjoint. Avec l'aide de trois petits chiens arrachés à des trafiquants et grâce à l'extraordinaire patience d'Alexandre, la famille parvient même à se ressouder. L'urgence climatique devient aussi l'occasion d'une coopération jusque-là inespérée lorsqu'il s'agit de sauver la forêt en brûlant des arbres victimes de colonies de scolytes. Même au niveau planétaire, les tensions se sont mises en sourdine : la Chine aide la Russie qui à son tour vient secourir les USA.

En ce mois d'octobre 2023, le confinement, c'est déjà de l'histoire ancienne et on voit bien la sagesse est du côté des anciens, Jean et Angèle qui ont bien pris la mesure des choses en concluant que "la vie va d’une peur à l’autre, d’un péril à l’autre, en conséquence, il convient de s’abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif."

Extrait : "C’est la tempête de décembre 1999 qui avait décidé de la vie d’Alexandre, parce que en plus de balayer les bâtiments de sa ferme géante, elle avait soufflé l’idée des éoliennes à ses sœurs. Dans ce réveillon de l’an 2000 tant fantasmé, ce changement de siècle et de millénaire fêté à la bougie, il aurait fallu voir un signe : cette nouvelle ère porteuse de progrès et de paix ne tiendrait peut-être pas toutes ses promesses"

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20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 20:34

La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil

Voilà un titre à rallonges qui en dit beaucoup sur le sujet sans pourtant le dévoiler !

Ce titre est à l’image du récit qui ajoute sans cesse une nouvelle énigme, un nouveau personnage ou une nouvelle aventure à l’histoire de Dany Longo, une jeune femme blonde et myope, employée dans une agence de publicité parisienne.

On se trouve avec elle régulièrement confronté à d’impossibles énigmes : Pourquoi Dany a-t-elle été blessée à la main gauche lors d’une agression dans les toilettes d’une station service alors que personne n’a vu qui que soit entrer ou sortir des toilettes ? comment Dany s’est-elle retrouvée avec un cadavre dans le coffre de sa Thunderbird alors qu’il n’y était pas peu avant ? Pourquoi retrouve-t-elle son manteau chez une personne alors qu’elle n’est jamais chez elle ni même dans sa région ? Pourquoi Dany découvre-t-elle à plusieurs reprises des preuves de son passage où elle n’est jamais venue ? Pourquoi la maison du cadavre à Villeneuve-les-Avignons ressemble-t-elle tant à celle du patron à Paris ?

Face à ces invraisemblances, Dany se demande si elle rêve ou si elle est folle, si elle est victime ou si elle est coupable et le lecteur se le demande aussi, car reviennent en mémoire de Dany des souvenirs brutaux : elle avait battu et chassé son amie Anita qui se livrait à des frasques dans son appartement, elle avait manqué la mort de maman-sup qui était sa maman de remplacement à l’orphelinat ; sa mère et son père étaient morts dès son très jeune âge de façon très brutale, elle-même avait avorté d’un enfant conçu avec un homme déjà marié… les pensées se bousculent et Dany se retrouve à demander à plusieurs fois à diverses personnes des informations sur elle-même auxquelles on répond invariablement qu’elle doit bien savoir elle-même.

Or Dany est une personne plutôt fantasque : elle se nomme Marie Virginie Longo mais se fait appeler Dany Longo, elle conduit une magnifique Thunderbird à la demande de son patron alors qu’elle sait à peine conduire et au lieu de ramener la voiture chez le patron, elle décide d’aller voir la mer à Cassis ou à Monte-Carlo ! Ainsi, le lecteur est confronté à des anomalies temporelles comme géographiques qui sans cesse le déstabilisent.

Le narrateur adopte le point de vue de l’héroïne presque tout le récit et cela donne au texte une belle fraicheur, car Dany se sait menteuse et myope, elle manque de confiance en elle ce qui ne l’empêche pas de rêver d’aller voir la mer, de prendre l’avion…, de faire comme les autres, pense-t-elle. Au cours de son aventure, elle multiplie rencontres et retrouvailles parfois improbables qui sont autant de personnages vigoureusement campés.

Écrit en trois semaines parait-il, ce roman se lit d’une traite et il faut attendre, comme l’héroïne, la découverte d’une seconde enveloppe de paye ou la fin du récit pour obtenir des réponses aux questions qui se posent.:

Extrait : "Je me suis habillée, _ tailleur blanc, pansement mouillé, lunettes noires _  après m'être aperçue, en cherchant un peigne dans mon sac à main, que Philippe ne m'avait pas abandonnée une seconde fois sans me prendre mon argent. Mon enveloppe salaire était vide, mon portefeuille aussi.

Je ne crois pas avoir ressenti d'amertume. C'était enfin quelque chose de naturel, que je pouvais m'expliquer facilement."

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 11:14

Dans Le Printemps des monstres, Philippe Jaenada reprend le genre du roman enquête qu’il avait déjà exploité notamment dans La Serpe. Cette fois, il s’intéresse à une histoire particulièrement touchante car il s’agit du meurtre d’un enfant dont s’est accusé un homme qui probablement n’était pas véritablement le coupable. Cet homme, en s’accusant sans doute à la place d’un autre, n’était pas en mesure de prévoir qu’il passerait en prison plus de quarante années. Pendant ces années, sa compagne et lui échangeront de nombreuses lettres puis cesseront brutalement toute correspondance. Cette compagne meurt à trente et un ans, sans que son mari en soit informé !

Pourtant, à en juger par les lettres qu’ils s’écrivaient, ils formaient un couple très amoureux. Le meurtre en question est celui du petit Luc Taron en 1964 et l’accusé est un infirmier nommé Lucien Léger, un homme qui s’est laissé entraîner dans une folle fanfaronnade s’accusant d’être “l’étrangleur”! Bien sûr il devient ainsi célèbre et les journalistes s’empressent de publier ses élucubrations. Dès lors, la police, la justice, la presse et l’opinion publique voient en lui le monstre sans même se dire que l’enfant n’avait pas été étranglé !

L’auteur se lance alors dans une enquête méticuleuse qui le conduit partout sur les traces de Luc, de Lucien Léger et de son épouse Solange. Il va sur les lieux, rencontre des témoins, fouille des archives et particulièrement nous fait découvrir la personnalité riche et touchante de Solange. Les lettres qu’elle échange avec son mari témoignent de son intelligence et de son humanité sensible et chaleureuse! Or l’auteur découvre que ces lettres étaient contrôlées par l’administration et parfois interceptées à tel point que le couple finit par se défaire.

Dans cette histoire les monstres ne sont pas ceux que l’on prévoit : policiers, journalistes, justice, médecins ont des comportements qui frisent la monstruosité, broyant les gens modestes sans vergogne et tous les malfrats dans l’entourage d’Yves Taron sont manifestement monstrueux.

Ce roman enquête fleuve est surtout intéressant pour le personnage de l’enquêteur dont on ne peut s’empêcher de penser qu’il se confond avec l’auteur. Cet acharnement à faire renaître le passé et à exprimer l’humanité poignante d’êtres à jamais disparus, comme Solange, (on ne sait même pas où elle a été enterrée !) est touchant et précieux.

Extrait choisi : Mais « nullement mystérieux », Delarue pousse le bouchon. Elle abusait des cachets, elle mangeait peu et mal, elle était de faible constitution, mais elle avait trente et un ans. Elle était régulièrement victime d’étouffements, ou de sensations d’étouffement, l’autopsie a révélé des œdèmes pulmonaires, mais si elle s’était asphyxiée, ce serait assez facilement visible et donc noté quelque part, non ? Or pas un mot à ce sujet. (Des œdèmes pulmonaires ?) On ne tombe pas comme ça, morte, à trente et un ans, de façon nullement mystérieuse. Et quand le commissaire écrit que « le Dr Martin conclut à un suicide par barbituriques », c’est faux, du moins c’est une autre de ces interprétations abusives qui lui sont si souvent utiles dans son rapport : le docteur Martin n’a pas conclu ça. Sur le registre de l’Institut médico-légal de Paris, complété après l’autopsie, en face du numéro d’ordre 108, celui de Solange Léger née Vincent, on peut lire, dans la colonne « Genre de mort » (où il doit être précisé s’il s’agit d’une mort naturelle ou violente – en particulier accidentelle, toxique, asphyxique…) : « Inconnu », et dans la colonne « Causes présumées » : « Inconnues ». Ce n’est pas exactement « suicide par barbituriques » ni même « absorption de barbituriques ». Lucien, naturellement, n’a pas été autorisé à s’occuper des obsèques de sa femme. Il n’a même pas été prévenu. Si : le lundi 12 janvier, un gardien de la prison de Château-Thierry qui sortait de sa cellule s’est retourné vers lui avant de refermer la porte, comme s’il avait oublié quelque chose, et lui a lancé : « Ah, au fait, t’es veuf ! »

 

 

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21 octobre 2017 6 21 /10 /octobre /2017 14:07

Lire La Serpe n'est pas une mince affaire ! plus de 600 pages imprimées en grand format

édité par Julliard, c'est un poids à supporter quand on lit au lit ! Un triple meurtre à la serpe, une nuit de 1941 dans un château du Périgord, ça n'est pas non plus une mince affaire ! Et quand on comprend que l'inculpé puis disculpé sans autre accusé n'est autre que le fils unique du châtelain, Henri Girard alias Georges Arnaud, auteur du célèbre Salaire de la peur, on comprend que le poids du papier n'est rien vis à vis de celui de l'affaire.

Or, c'est un livre qu'on ne peut pas relâcher tant il étonne, surprend, brise les attentes. En lice pour le Goncourt (le narrateur/auteur se soucie d'ailleurs de finir son livre assez vite pour cela), il se doit d'être un roman et s'affirme bien comme tel "Ce livre, ce roman, raconte ce qu'on appelle une histoire vraie." (p. 13) Certes l'image de couverture, les schémas des premières pages suggèrent un roman à énigme, sorte d'Agatha Christie. Pourtant l'auteur se distingue mal du narrateur, la fiction se détache difficilement de la réalité, la structure retrace les faits, le procès, pour ensuite accompagner les investigations minutieuses du narrateur, auteur aux archives et sur les lieux de ce crime vieux de soixante-quinze ans afin de mettre à jour de nouveaux indices menant à de nouvelles hypothèses. Cela s'apparente à une chronique, l'histoire en arrière-plan : l'Occupation, Vichy...

Sauf que ce narrateur/auteur prend très vite l'épaisseur d'un héros de roman, d'un Columbo (auquel lui-même se compare), d'un héros à la fois picaresque et hyper réaliste débarqué à l'hôtel Mercure de Périgueux avec la valise rouge à roulettes de son fils Ernest, le foulard à pois de sa femme Anne-Catherine après un périple chaotique au volant d'une Meriva de location dont le voyant rouge s'allume dès les premiers kilomètres à la sortie de Paris."Il faut, cependant que j'apprenne à relativiser. Au pire, je finis dans la glissière de sécurité. En rade sur le bord de la route avec, peut-être, une ou deux bosses et un peu de sang sur l'arcade. La pauvre Lili aurait signé tout de suite, dans son lointain Périgord."  Des motifs récurrents parcourent le roman, sortes de leitmotivs propres au héros narrateur auteur. Ainsi dès le premier chapitre, l'incipit du Club des Cinq en roulotte  "Quelle malchance ! " est évoqué et on retrouve ainsi comme les cailloux blancs du Petit Poucet, dispersées dans le roman, diverses réflexions sur Le Club des Cinq, ses aventures, ses personnages, le sexisme dans le Club des Cinq...Bref, dans ce roman, le sordide le plus épouvantable côtoie le quotidien, le sarcasme côtoie le lyrisme, le tragique côtoie le comique. Au lecteur, de s'y retrouver et je dois le dire, on se prend au jeu. Pas dans les cent premières pages, non, car pour ma part, j'étais trop déstabilisée par la perturbation des horizons d'attente du genre romanesque mais les cinq cents suivantes se lisent avec gourmandise car Jaenada écrit bien et on se laisse entraîner sans résistance. Je lui souhaite de décrocher le Goncourt !

extrait : "Les énormités de l'enquête déboussolent mais il ne faut pas que je parte dans tous les sens (j'ai mal à la tête.), ou le tunnel va devenir labyrinthe et on n'en sortira jamais. Creusons droit. (Le mois dernier, ma mère m'a envoyé une carte postale avec un proverbe chinois : "Qui veut gravir une montagne commence par le bas." Et qui veut creuser un tunnel dedans commence par l'entrée. Le milieu, c'est plus compliqué.) Avec les jours qui passent dans la salle de lecture, je prends du recul, je vois mieux. Je dois avancer dans l'ordre, en ligne, comme à l'école (ABC ou autre)." p 397 

 

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13 février 2017 1 13 /02 /février /2017 15:58

Publiée chez José Corti dans une traduction de l'allemand par Huguette Duvoisin et René Radrizzani, cette pièce écrite en 1933 revisite le conte de Grimm La Gardienne d'oies mais l'auteur fait ici du prince et non de la princesse le personnage principal. En effet, Manao VInje riche fermier et encore plus riche en devenant éleveur de rennes s'éprend de la plus pauvre des villageoises la frêle Sofia mais la cruauté monstrueuse d'Anna et de son comparse Gunvald rendent impossible leur union. Il faut arriver presque à la fin pour que Manao et Sofia, tous deux bien écorchés par la vie puissent se retrouver avant que Sofia s'étiole puis décède en confiant Manao à la jeune Jytte. Jytte comme Sofia est une femme fragile proche de la nature et du monde animal : " J'ai fait semblant de venir de nulle part, de surgir du sol, et d'avoir dû suivre les traces dentelées des rennes pour dire devant cette porte : Me voilà, je m'appelle Falada."confie-elle à Sofia. Mais Falada n'était-il pas le nom de la jument de Manao, cruellement mutilée et tuée par Gunvald à la demande d'Anna ? Tout comme le furent Sofia et son enfant ! 

C'est que Manao vit en harmonie avec la nature, les montagnes et les femmes qui en sont proches au contraire de la riche et plantureuse Anna, froide, cupide et sans cœur. Autour de lui d'ailleurs se déploie tout un monde magique qui lui sert de guide : Tunrider, le spectre d'un amoureux suicidé l'invite à le rejoindre alors que Brönnemann sorte de génie des eaux l'enjoint à vivre sa vie d'homme et que le Troll Yngve guide sa vie : "Il n'est pas nécessaire que tu trébuches. Tu dois simplement aller de l'avant. Tu es un peu écorché. Mais cela ne laissera pas de trace." prédit-il à Manao dans le dénouement. La pièce ne se laisse donc pas enfermer dans la tragédie même si elle côtoie souvent le tragique.

L'oeuvre se lit comme un roman. Que donnera la mise en scène de Pascal Kirsch que je verrai en mars ? La présentation donnée sur le site du théâtre, "Réflexion violente et crue sur l'amour, drame paysan entre éleveurs-cultivateurs riches et valets pauvres..." me semble à la fois à côté du sujet et pourtant objectivement pertinente.    

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13 décembre 2015 7 13 /12 /décembre /2015 18:47
Judenne Roger, Le Secret de l'écrivain

Auteur : Roger Judenne

Titre : Le Secret de l’écrivain

Éditeur : Milan

Collection : Milan poche junior

Illustrateur de la couverture : Jacques Ferrandez

Genre du roman : Fantastique

C'est L'histoire d'un écrivain qui s'appelle Lionel Blanchet et signe ses livres au nom de " Nel White ". Depuis plus de six mois, il est en manque d'inspiration et il ne publie pas de livre et il n'a pas de salaire, Il vit dans appartement où le réfrigérateur est vide, le chat est maigre et le poisson rouge vire au blanc à force de manger des miettes de pain, il ne paie plus de loyer son propriétaire a menacé de le mettre dehors .

Il a pris un rituel avant de commencer à écrire : il enlève ses chaussettes et garde ses pieds nus, il met une cacahouète sur sa langue, la roule dans sa bouche et quand il s'énerve il la croque. Un beau jour il se met à essayer d'inventer une histoire comme tous les autres jours mais une idée lui vient à l'esprit. Il commence à écrire qu'un vieux avec une casquette, un parapluie et un journal s'assied sur un banc en face de l'église St-Paul (celle qui est à côté de chez lui). Ensuite le vieil homme aperçoit une silhouette grimpant l'escalier du clocher mais il s'énerve croque la cacahouète et part de chez lui. Quand l'écriture ne vient pas, il marche le long de la Loire et bien c'est ce qu'il fait ce jour mais arrivé à l'église st Paul, il voit le scénario qu'il a écrit sur son ordinateur auparavant. Sur le coup, Lionel étonné et amusé, sourit et se dit que ce n'est qu'une coïncidence. Une fois rentré chez lui, il commence son rituel puis se met à écrire et le lendemain pareil, l’histoire se reproduit. Chaque jour il essaye de rattraper les scénarios dramatiques qu'il écrit et en fait son livre.

Lionel Blanchet: il a une barbe des cheveux ébouriffés c'est le personnage principal du livre, l'histoire tourne autour de lui, il n'a pas beaucoup de relations à part quelques amis, il ne parle aucune fois de sa famille dans le livre mais par la suite il rencontre des gens formidables. Il vit seul et il est assez solitaire. Il est plutôt généreux et il a de la pitié et du respect envers les autres. L'homme n'est pas très organisé et dans son appartement il a du désordre.

Extrait choisi :

" Le curseur clignote juste après le mot : " s'endormit ".

Lionel approche la main de la souris ; c'est si facile pour lui de revoir Mehdi.

Il suffit d'ajouter deux ou trois phrases à l'histoire.

Les doigts glissent sur le clavier et caressent les touches : Mehdi passa toute la journée du lendemain au collège. A 17 heures, quand la sonnerie annonça la fin du dernier cours, le garçon jeta son sac sur l'épaule et rejoignit la Loire .Face aux Halles, assis sur le banc, Nel White l'attendait. Lionel s'appuie contre le dossier de la chaise. " Le pauvre ; la ville est grande. Son collège se trouve peut-être à une heure de marche. " Page: 52-53

J'ai choisi ce passage car Lionel essaye d'arranger les erreurs qu'il a faites, il a pitié du jeune homme.

La couverture du livre représente exactement l'image que l'on a de Lionel Blanchet entrain d'écrire. Cependant sur le dessin L'homme n'a pas les cheveux et la barbe ébouriffés comme il est dit dans le livre et il n'y a pas tant de désordre sur le bureau.

La couverture selon moi est bien faite. Elle décrit le livre. Cela n'interpelle pas forcément un lecteur car elle n'est pas très colorée et les couleurs sont plutôt foncées.

Le livre est un livre normal selon moi certes il y a un petit élément perturbateur mais rien d'exceptionnel selon moi, je n'ai pas été passionnée par ce livre.

Je lis plutôt des romans policiers et pour le coup cela ne m'a pas dérangée de lire ce livre. Je le conseille mais pour une lecture basique. Cependant il est très simple à lire.

En revanche je n'ai rien ressenti quand j'ai fini de lire mon livre, je n'en ai pas tiré de leçon.

Mon avis est positif mais sans plus.

Louise 13/12/2015

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14 novembre 2015 6 14 /11 /novembre /2015 16:11
Jarry, Isabelle, Magique aujourd'hui

C'est le titre de ce roman, édité en juin 2015 chez Gallimard, qui d'abord m'a attirée lorsque je cherchais au hasard un bon livre pour mon temps personnel c'est à dire, à l'heure où je le cherchais, un ivre qui puisse me divertir et m'enrichir sans me donner des idées noires.

Or, il faut arriver à la dernière page (p. 330) pour trouver d'où vient ce titre :

"La voix du rossignol s'éloigne

La lumière s'éteint

Magique aujourd'hui"

C'est un haïku écrit en marge d'une carte par Toshirô Izumi, un japonais nonagénaire qui vit depuis 2011 dans la zone contaminée de Fukushima. Ce haÏku est rapporté au jury de la thèse de Thimothée Bix par son assistant, Today, un androïde de type 10XF, en l'an 2047 !

Alors, pourquoi "Magique aujourd'hui" ? Et pourquoi cet assistant est-il nommé "Today" ? Peut-être parce que l'"instant t" impose "un avant et un après", alors que les "notions d'avant et d'après ne sont pas aussi pertinentes dans un processus lent et progressif comme" le serait "le réchauffement climatique" Alors, Today, l'androïde pour Tim, "Aujourd'hui" pour le japonais imposent à l'homme une adaptation qu'il choisit en partie et qu'il subit en partie.

Alors que son androïde expose sa thèse devant le jury, Tim, lui, est en train de traverser une forêt après s'être échappé de chez Mme Hauvelle où il a été envoyé en cure de déconnexion. Cette dame vit en zone blanche où aucun objet connecté n'existe. Peu amène, elle propose au jeune chercheur des tâches plutôt ingrates : construire un mur de soutènement pour retenir un talus qui menace de s'écrouler puis détruire une épaisse haie de bambous. Les pages de combat contre ces bambous sont particulièrement épiques, à faire lire au préalable par toute personne qui manifesterait une vélléité de planter des bambous ! (chap.17 p 170 à 176). Tim s'exécute, sans vraiment rechigner. Son séjour forcé à la campagne lui permet de se confronter aux forces de la nature, de s'émerveiller des paysages, du chant des oiseaux, de la vie animale et aussi de faire le point sur sa vie sentimentale. Mais cette dénonnexion forcée ne règle pas son besoin de retrouver Today. Revenir en arrière ne semble pas résoudre quoi que ce soit. "Aujour'd'hui", Today, impose une autre réalité, pas nécessairement mauvaise ou triste, juste différente. Il parvient en tous cas à séduire le jury de thèse en l'absence du jeune doctorant !

En exergue, une belle citation de Henri Michaux :

"Science est leur Dragon

doué de puissance

d'ubiquité.

Éclatantes sont les lumières

La ville de demain sera magnifique." (À distance)

Bref, il y a peut-être quelques longueurs mais c'est un joii livre, amusant, poétique, philosophique et une philosophie qui me sied, particulièrement en ce jour, lendemain du 13 novembre 2015.

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 00:00


Titre: La dame aux élixirs
Auteur: Anne Jay 
Edition: Hachette Jeunessela-dame-aux-elixirs
Genre: Roman historique
Le sujet du livre:


    A Versailles, les dames de cette cour veulent toutes avoir le remède de Madame Jouvence, qui soit disant permet de rajeunir, mais à cause de ce remède une jeune femme, Héloïse a failli mourir. Elle échappe à
la mort grâce à la guérisseuse: Cécile.


Héloïse a utilisé ces produits pour plaire au beau Silvère, donc Pauline, une amie de Cécile, tente de mettre de l'ordre
dans les sentiments.
La guérisseuse, elle, va essayer de trouver ce qui se cache derrière  le remède de cette Madame Jouvence.
Les mots qui représentent ce livre:
         -sentiments : amour de Héloïse pour Silvère
         -mystère : ce que ce cache derrière le remède
         -la chance : Héloïse a eu de la chance de ne pas mourir
Je déciderais de publier ce livre car c'est un livre intéressant qui est en rapport avec le 17e siècle donc qui peut nous
apprendre des choses. Je pense que l'auteur a réussi à créer ce livre grâce à son imagination.
                                                                                                                    
                       

Mélissa, 4A, Décembre 2013

 
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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 17:07

poursuite_olympe-copie-1.jpgTitre : A la poursuite d’olympe

Auteur : Annie Jay

Edition : Le livre de poche jeunesse

Genre : Roman

Ce livre parle d’une fille nommé Olympe de Clay-Renault, elle a une belle-mère qui n’est intéressée que par leur fortune. Olympe s’enfuit de chez elle et se fait passer pour une religieuse.

Moi je ne publierais pas ce livre, car il est trop compliqué, et je pense que beaucoup de personnes de mon âge n’aiment pas ce livre, ne voudraient même pas le lire ou l’ouvrir.

 

Azeline 4A, 5 décembre 2013

 


 

frise-coloree

 

Titre : À la poursuite d’Olympe                   

Auteur : Annie Jay

Genre : Roman historique et d’aventure


Sujet : Depuis la mort de sa mère, Olympe de Clos Renault  doit rester au couvent.

Son père s’est remarié avec une veuve, Émilie, qui le mène par le bout du nez et les ruine.

Augustin détourne l’héritage réservé pour la dote d’Olympe.

Olympe s’enfuit du couvent en se faisant passer pour une religieuse. Elle revient chez elle et découvre que sa belle mère complote contre le roi.

Elle s’enfuit à nouveau en emportent quelque bijoux. Avec ses amies, elle tente d’en découvrir plus sur les comploteurs.Elle change de nom et de cachette au gré des événements.


Ce que l’on y apprend sur le XVIIe s 

J’ai appris que les fils et fille n’étaient pas libres : c’étaient leurs parents qui décidaient pour eux. (p.12).  

Je ne savais pas qu’on pouvait détourner de l’argent d’une fille lorsqu’elle entre en religion et abandonne tous ses biens à sa famille.


 S’il fallait représenter ce livre à partir de cinq mots, je choisirais

RELIGIEUSE : car dans l’histoire il y a une affaire religieuse et Olympe devait en devenir une.

REBELLE : car elle s’obstine à beaucoup de choses et elle s’enfuit de chez elle.

TROMPERIE : parce que sa belle mère détourne de l’argent à son père, elle complote contre le roi et Olympe l’espionne.

HISTORIQUE : c’est une histoire qui se déroule au XVIIe s : il y a beaucoup de choses qu’il n’y a plus maintenant.

LIBERTE : Olympe se bat pour sa liberté.


Si je pouvais décider de publier ce livre ou de ne pas le publier, je souhaiterais  que la couverture soit plus belle pour donner envie au lecteur de lire, que l’écriture soit un peu plus grosse pour moins se fatiguer et que l’histoire soit moins ancienne.

27 /01/13  Sulryck 4 A

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