Cléo est une jeune fille avec de très beaux idéaux, mais aussi avec des idées très noires. Elle possède une très belle plume poétique, qui lui permet d’exprimer ses peurs et ses peines sans que cela tourne à une série de pleurnicheries.
Elle décrit sa famille d’une belle manière. Entre son père disparu et qui lui manque, sa mère détachée de la réalité, et sa sœur aînée qui assume beaucoup de choses pour la protéger, Cléo nous dresse un tableau atypique.
Florence Hinckel nous propose une belle histoire, joliment rédigée. Je pense qu'elle pourrait toucher de très jeunes filles (12/13ans, comme nous) connaissant les mêmes préoccupations et qui s'identifieront facilement à l'héroïne. D'autant que ce roman est agréable à lire et très court mais le seul inconvénient qu’il pourrait y avoir ça serait que je trouve dommage que l’autrice ne décrit pas plus que ça Cléo .
« Un jour de ma vie, peut-être que dans mon pays on décidera que ma couleur de peau, ou de cheveux, ou d'yeux, n'est pas acceptable. Ou alors on condamnera ma façon de parler. Ou ma façon de penser. Ou encore d'écrire. Ce que je lis. Ce en quoi je crois. Ou ne crois pas. Ma démarche ? Mon prénom. Mon nom. Le nombre de mes dents. Leur emplacement. La mesure de l'espacement entre mes deux yeux. Entre mon nez et ma bouche. D'une oreille à une autre. Ma taille. Mon poids. Qui j'ai aimé. Qui j'aime. Qui je ne dois plus aimer. Où j'ai vécu. Ce qui se trouve dans ma poubelle. Les sites Internet que j'ai visités. Ce que je possède. Ce que je ne possède pas. Le lieu où je suis née. La date. La saison. L'heure. L'empreinte de mes doigts. Des orteils. Ma séquence ADN...
Cela peut arriver. Même si les fleurs de maman, ici, continuent à fleurir, à chatoyer, cela peut arriver. La seule chose à laquelle je puisse veiller, c'est de ne pas être parmi ceux qui décideront cela, ou qui obéiront à cela. »
J’ai choisi cet extrait car je trouve que c’est le moment de l’histoire où elle se pose beaucoup de questions, elle se sent perdue et donc ça nous donne envie de continuer car il y a du suspense on ne sait ce que va se passer après .
Ce livre a été écrit par Annelise Heurtrier en 2018. Ecrit en français, ce livre est un roman.
La fille d’Avril est un livre sur le féministe, l’égalité homme femme dans les années les plus strictes sur ce sujet donc les années 60-70. Izia et sa grand-mère Catherine à la recherche d’une robe, fouillent de font en comble le grenier jusqu’à trouver un vieux polaroïd dans lequel se cache une vieille photo de Catherine jeune, avec un grand sourire, portant une robe courte. Izia découvre la vie de sa grand-mère étant plus jeune. Une vie où les femmes n’étaient pas à égalité avec les hommes, elles n’avaient pas les mêmes droits, les mêmes règles…
Catherine fait part de ses souffrances, ses joies, sa tristesse, son sentiment d’être emprisonnée à sa petite fille qui elle est du monde d’aujourd’hui.
Un jour Catherine rentrait de l’école en courant, elle sentait la force en elle, la liberté. Puis elle ne se laissait arrêter devant rien. Courir était sa liberté, sa légèreté.
Ce livre me fait penser à la chanson « Balance ton quoi » de Angèle.
J’ai beaucoup aimé ce livre car c’est un sujet très vrai qui est encore présent en 2019 et pour les années à venir. L’auteure est une femme et raconte plus ou moins les années de jeunesse de sa mère qui ne se rendait pas compte que cela était aussi grave d’entendre des abominations pareilles.
J’ai choisi Renversants de Florence Hinckel et illustré par Clothilde Delacroix. C’est un livre écrit en Français. C’est un roman qui se passe dans les années actuelles.
Dans ce livre, le féminin l’importe sur le masculin. Les personnages principaux sont Léa et Tom, ils sont frères et sœurs. Ils sont les narrateurs. Comme le féminin gagne sur le masculin, il y a beaucoup de sexisme, ce qui est triste.
Le livre m’évoque la question de l’égalité homme et femme. J’ai aussi pensé à mon petit frère en lisant le livre et il m’a fait penser que nous pouvons accomplir de belles choses ensemble. J’ai pensé à l’artiste de musique Angèle car elle défend des causes telles que l’égalité et combat le sexisme.
J’ai trouvé l’histoire émouvante, drôle, un peu triste... Je pense que l’intention de l’auteur était de sensibiliser les personnes à l’égalité homme-femme, je la trouve réussie. Je pense que les personnages ont notre âge ce qui donne encore plus l’impression de vivre l’histoire. Il serait possible que ça soit nous.
Aucune de ces égalités ne me paraît vraie, et pourtant c'est l'enchaînement de pensées le plus courant, même chez les garçons. Je me suis répété en boucle qu'être comparée à un garçon ne devrait pas être rabaissant, mais on m'avait bien balancé ça comme une insulte, et tout ça rien que parce que j'avais osé utiliser un ballon bleu ! J'ai quand même bien eu un peu envie de pleurer. Mais je n'ai pas cessé de dribler. Quand la récréation s'est terminée, j'ai rendu son ballon à Tom et il m'a fait un grand sourire reconnaissant.
Ça m'a fait beaucoup réfléchir, cette histoire. J'ai réalisé que la couleur rose, traditionnellement dévolue aux filles, n'était pas du tout mal vue. Tout le monde porte du rose, garçons ou filles, sans être moqué. Pour le bleu, c'est très différent, comme je l'ai expérimenté ce jour-là. Comme bleu = garçons, cela signifierait que les garçons sont vraiment mal perçus ? J'ai un petit peu de mal à le croire. La société n'est tout de même pas aussi sexiste. » (P.28/30)
J'ai choisi cet extrait car je trouve qu'il représente beaucoup la façon de penser des gens aujourd'hui, alors qu'en réalité tout le monde est pareil, que nous soyons une femme ou un homme, nous sommes des humains. Que nous soyons un homme qui aime le rose ou une femme qui aime le bleu, nous serons toujours des humains avec des goûts différents.
Green Class est une bande dessinée écrite par David Tako et Jérome Hamon en 2019 en français.
Cette histoire raconte qu'un groupe d'enfant (Naïa,Sato,Noah, Beth, Lucas,Linda) fait une classe verte en Louisiane, aux Etats-Unis mais cela tourne mal à cause d'un virus. Un des leurs est alors contaminé. C'est le début des problèmes.
Ce livre me rappelle une célèbre série nommée « The Walking Dead » qui parle d'une contamination qui transforme les gens en zombies.
J'ai adoré ce livre car c'est de l'aventure et c'est un type de BD que j'adore.
De plus, certains personnages sont (parfois) drôles et il y a du suspens tout au long de l'aventure.
Je note donc cette BD 4,5/5.
Le livre que j’ai choisi s’appelle La pandémie, c’est le numéro 1 de la série Green Class. L’auteur s’appelle David Tako et le dessinateur se nomme Jérome Hamon.
J’ai adoré ce livre car il y a de l’action et l’intrigue m’a plu. Mais j’ai trouvé les écritures trop petites je préfère les grandes écritures. C’est plus facile à lire je trouve.
J’ai choisi ce livre car sa première de couverture laisse imaginer que c’est une bande dessinée avec beaucoup d’action et j’adore les livres d’action. Je pense que les livres avec de l’action maintiennent le lecteur en haleine pour ne pas qu’il décroche de l’histoire, car on a envie de connaitre la suite du livre.
Je l’ai aussi choisi car la bande d’adolescents m’intriguait sur la première couverture. Je me posais des questions sur le livre je ne savais pas ce qui m’attendait. J’ai donc ensuite lu le résumé du livre : le virus qui avait transformé une partie de l’humanité en êtres dépourvus de toute volonté. J’ai tout de suite eu envie d’en savoir plus, j’ai donc emprunté ce livre pour le lire.
L’histoire est intéressante, c’est de la science-fiction. Les personnages sont courageux. J’apprécie les histoires avec des bandes de copains, car je trouve que c’est important d’avoir des amis sur qui on peut compter et avec qui on peut relever des défis, comme ici combattre le virus.
Ce qui m’a aussi intrigué c’est le nom de la série GREEN CLASS alors que sur la couverture on voit une bande d’adolescents qui semble vouloir se battre, ils ont le visage fatigué et agressif. Il n’y a rien d’écologique dans la couverture alors que le nom évoque l’écologie. Cela m’intrigue.
Comme c’est une bande dessinée, j’ai scanné 4 pages, ci-dessous. J’ai choisi ce passage car c’est un moment important dans le livre, il y a des vies en jeu, Noah un adolescent de la bande est kidnappé. C’est un moment crucial dans le livre, il y a de la tension, cela me donne envie d’avancer dans la lecture pour connaître l’issue. Les dessins montrent bien la violence et la vitesse de l’action. Les couleurs sont sombres. Les onomatopées rapportent la violence et le bruit
La mise en réseau de supercalculateurs dispersés partout sur la planète allait donner naissance à la première véritable intelligence artificielle digne de ce nom. Une fois ses performances testées, on lui confierait la gestion globale des communications et de la distribution d’énergie. La plupart des gouvernements avaient signé un accord de coopération internationale, ratifié par les grandes entreprises qui y trouvaient leur compte – toujours plus d’efficacité engendrant toujours plus de profit.Cette révolution technologique garantissait la paix et la stabilité des générations futures, clamait-on haut et fort.
Quand Tomi avait fait part de son scepticisme, on lui avait rétorqué qu’une kyrielle de systèmes de sécurité était censée empêcher tout dysfonctionnement.Et voilà aujourd’ hui le résultat, songea-t-il en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur tandis qu’il s’éloignait du village disparu sous l’averse de neige.
J'ai lu un peu plus de la moitié avec obstination pour ne pas refermer trop tôt mais
j'abandonne. Le bovarysme au masculin teinté de provocation, de misogynie, d'homophobie dans un interminable coq à l'âne, même si ça veut passer pour de l'humour, je n'en peux plus. C'est à croire que l'auteur publie ce livre car son éditeur le presse de produire quelque chose.
Je ne comprends rien à Houellebecq ? Sans doute puisque d'autres s'extasient devant ce roman. Un livre n'est rien sans ses lecteurs.
Extrait (l'incipit):
"C’est un petit comprimé blanc, ovale, sécable.
Vers cinq heures du matin ou parfois six je me réveille, le besoin est à son comble, c’est le moment le plus douloureux de ma journée. Mon premier geste est de mettre en route la cafetière électrique ; la veille, j’ai rempli le réservoir d’eau et le filtre de café moulu (en général du Malongo, je suis resté assez exigeant sur le café). Je n’allume pas de cigarette avant d’avoir bu une première gorgée ; c’est une contrainte que je m’impose, c’est un succès quotidien qui est devenu ma principale source de fierté (il faut avouer ceci dit que le fonctionnement des cafetières électriques est rapide). Le soulagement que m’apporte la première bouffée est immédiat, d’une violence stupéfiante. La nicotine est une drogue parfaite, une drogue simple et dure, qui n’apporte aucune joie, qui se définit entièrement par le manque, et par la cessation du manque.
Quelques minutes plus tard, après deux ou trois cigarettes, je prends un comprimé de Captorix avec un quart de verre d’eau minérale – en général de la Volvic.
J’ai quarante-six ans, je m’appelle Florent-Claude Labrouste et je déteste mon prénom",
Yaël Hassan et Rachel Hausfater sont les auteurs de ce livre. Je ne connais pas d'autre œuvre de ces auteurs. La version originale de ce livre est en français.
Les personnages principaux sont Suzanne, Madame Wiener, Nolwenn, Bénédicte, Anna-Sophie, Sofiane, Régime, Karim, Philippe, Simon, Leah.
Suzanne est la femme de ménage pour Madame Wiener dont le prénom est Régine. Nolwenn et Bénédicte sont sœurs. Anne -Sophie doit aider Madame Wiener. Sofiane est le meilleur ami de Anne-Sophie. Karim est le frère de Sofiane. Philippe est le docteur de Madame Wiener. Simon et Leah sont les enfants de Madame Wiener.
Sofiane est le meilleur ami de Anne-Sophie. Un jour Anne-Sophie doit partir en voyage avec sa tante mais elle doit aussi aider Madame Wiener alors Anne-Sophie demande à Sofiane s’il peut la remplacer. Sofiane accepte. Quelques mois après, Sofiane appelle Anne-Sophie et Anne-Sophie lui dit qu'elle est à Nice. Sofiane va aider Madame Wiener pendant longtemps. Puis un jour la femme de ménage, Suzanne ne vient pas faire son travail or Madame Wiener ne peut pas manger toute seule parce qu’elle est aveugle. Sofiane rentre chez lui pour préparer le repas pour son frère mais Sofiane pense à Madame Wiener. Il décide d'aller chez Madame Wiener pour lui donner le repas puis il rentre chez lui et son frère lui demande son repas. Sofiane lui répond qu’il a tout mangé. Son frère se met à le taper. Le lendemain, le docteur Philippe vient voir Madame Wiener pour voir si elle va bien. Régine c'est à dire Mme Wiener, est devenue très amie avec Sofiane. Quand sa mère lui demande où est passée l'assiette blanche. Sofiane lui dit qu'elle est chez une amie et qu’il la lui ramène tout à l'heure.
J’ai trouvé ce roman facile à lire et à comprendre. Je l’ai bien aimé car il y avait de la joie, de la tristesse puis de l'éblouissement.
Melinda, 4C
Perdus de vue est sorti le 20 janvier 2016. Les auteurs sont Yaël Hassan et Rachel Hausfater. C’est l’histoire d'une amitié entre une vieille dame et un adolescent, cela se passe mal au début mais au fur et à mesure du temps ils se dévoilent et deviennent amis. Il y a Sofiane l'adolescent et Régine la vieille dame. Sofiane s'occupe de Régine et elle lui raconte son passé ses problèmes. Au fil du temps ils tissent un lien très fort entre eux. Les scènes se passent chez Régine, dans la ville et un peu chez Sofiane, en été .
J'ai aimé ce livre. Il m’a émue par le lien que la vieille dame et l'adolescent peuvent avoir. Ses intensions sont faciles à percevoir : les auteurs veulent nous dire qu'il n'y a pas d'âges pour être amis. Je suis d’accord avec cette idée.
Extrait choisi :
Quand Régine a vu ses enfants sur le perron, elle s'est écriée :
- Leah ? Simon ?
- Mais maman, tu vois ? a demandé son fils, stupéfait.
Elle a eu l'air gêné et a simplement dit :
-Entrez, ne restez pas dehors.
Tout le monde a pénétré dans la maison en se faisant des politesses. Arrivé au salon, chacun a trouvé où s'asseoir. Personne ne disait mot et l’ambiance était à couper au couteau. Finalement, Régine a pris la parole :
-Mes enfants… C'est si bon de vous revoir.
Car elle les voyait ! Ses yeux, de nouveau, vivaient.
J'avais bien remarqué, ces derniers jours, que son regard était moins vague, qu'elle ne semblait plus aussi aveugle. Mais je m'étais dit que ce n'était pas possible, les miracles, ça n'existe pas. Et pourtant...
Elle a ajouté en soupirant :
- Cela fait si longtemps...
La réponse de sa fille a immédiatement fusé :
-Tu ne peux t'en prendre qu'à toi !
Régine a répondu :
- Je le sais bien, et je vous demande pardon, du fond du cœur, à tous les deux. J'ai mal agi et rien ne pourra réparer le passé.
Sa fille a rétorqué, d'un ton amer :
- Parlons-en justement du passé !
Mais son frère est intervenu :
- Non, justement, n'en parlons pas, en tous cas pas maintenant. On n'est pas venu pour reprendre encore et encore les mêmes querelles, ressasser les même rancœurs. Passons au présent, parlons au présent.
Il s'est alors tourné vers sa mère et a dit gravement :
-Maman, je te pardonne.
J'ai vu Régine reprendre son souffle et ses yeux se sont remplis de larmes. Elle a chuchoté :
- Merci, mon fils.
Puis elle a attendu.
Tout le monde attendait.
Et enfin, enfin, la voix de Leah, brisée et désarmée, s'est élevée :
-Moi aussi je te pardonne... maman !
Elle s'est mise debout et s'est jetée dans les bras de Régine. Simon les a rejointes et ils sont restés un long moment comme ça, enlacés.
Le complexe du papillon est un roman qui a été écrit par Annelise Heurtier. L’auteure a aussi écrit Sweet sixteen. Il a été mis en page et publié en avril 2016. L’auteure est d’origine française.
Je me suis facilement projetée dans le livre car les scènes très bien détaillées. J’ai retenu un mot important dans l’histoire: le « thigh gap »,c’est un mot très important pour le début de l’action.
Mathilde, le personnage principal, va petit à petit vouloir maigrir jusqu’à en ne presque plus rien manger, en perdre les personnes les plus proches d’elle ou se battre avec sa famille. L’action se passe à l’école, quand elle découvre une fille à la rentrée qui aurait maigri pendant les vacances, qui se serait transformée en « papillon », elle va se définir comme une chenille et va vouloir maigrir pour devenir un magnifique papillon.
Le texte veut surtout faire réagir par rapport à l’anorexie et faire comprendre qu’il faut s’assumer soi même. Le roman m’a fait éprouver beaucoup d’émotions et j’ai beaucoup aimé la façon dont le roman les faisait sortir.
Ce texte est plutôt destiné aux personnes qui risquent de plonger dans l’anorexie au risque de ne pas en ressortir, cela peut leur faire comprendre l’ampleur des dégâts que ça peut avoir. Le roman veut aussi nous faire comprendre qu’il faut aimer son corps et soi même. L’auteur l’a fait comprendre en faisant penser le personnage principal et en montrant le changement de pensées qentre le temps où elle était plongée dans son régime et celui où elle en est sortie.
Extrait du livre:
« Quand j’ai reposé ma tablette, une bonne partie de l’après-midi s’était écoulée. J’avais mal aux yeux, la langue pâteuse et des fourmis dans les avant-bras.
En m’étirant, j’ai croisé mon reflet dans le miroir de la porte de ma chambre.
Je sais bien qu’il est inutile de se comparer à des mannequins. Mais après plusieurs heures passées à observer des corps parfaits, le contraste a dû être trop violent pour mes yeux et la clémence de mon jugement. Je me suis fais l’effet d’une fille sans style, sans grâce, suffisamment bizarre pour préférer, à tout autre chose, courir autour d’un stade ou à travers les bois. Une fille en sweat et leggings, assise en travers d’un lit dans une ferme sombre, l’estomac encore lourd d’une tarte aux prunes-ou peut-être aux poires ?- Avalée sans même y prêter attention.
Les larmes me sont montées aux yeux.
Je me suis levée comme une automate sans cesser de me fixer dans le miroir.
J’ai ôté mes vêtements et détaillé, froidement, presque avec un mépris, la fille qui me faisait face.
Comment un garçon tel que Jim se laisserait séduire par si peu de charme, de personnalité ?
Je me suis tellement inspectée que je suis étonnée que le miroir n’ait pas demandé grâce en explosant à mes pieds.
Louison a tort. Aucune robe ne réussira jamais à donner l’illusion que je suis devenue un papillon.
Tout simplement parce que je ne suis pas un papillon. Je suis une chenille flanquée de deux énormes cuisses. »
Hippolyte est célèbre pour ses reportages BD pour la revue XXI. Il a travaillé avec Patrick de
Saint Exupéry sur cette bande dessinée "reportage au cœur du génocide" Rwandais sous titrée Rwanda 1994. Par de larges bandes colorées de vert et de bleu à la manière des aquarelles, les magnifiques paysages du Rwanda sont représentés et le texte se réduit alors à quelques cartouches : "Dans un monde immobile" "Sous un ciel bleu" "pur" "sans nuages" "rien ne bougeait" "sauf le feuillage des arbres" "agités par une brise légère" "du silence" "il n'y avait que du silence" "et des tués"... On entre alors dans l'indicible "il n'y avait plus de mots".
Antoine de Saint-Exupéry était reporter de guerre pour Le Figaro en 1994 au Rwanda, il était là lorsque l'opération Turquoise de l'armée française s'est mise en place, accueillie avec des cris de joie par les génocidaires qui voyaient là une intervention alliée. Les militaires français quant à eux découvraient avec stupéfaction la réalité et restaient réduits à l'impuissance faute de décision politique pertinente. Deux mois plus tôt pourtant un dimanche au Home Saint-Jean 4300 hommes, femmes et enfants tutsis avaient été rassemblés dans l'église et sauvagement assassinés, comme une répétition d'Oradour mais à plus grande échelle. Le même jour, au stade non loin de là, 9000 tutsis ont été tués. A leur arrivée, les soldats français découvrent la réalité avec stupéfaction et impuissance.
Quand Antoine de Saint-Exupéry revient 20 ans plus tard avec Hippolyte, la paix est revenue mais le choc est toujours violent. Des planches de vignettes bleues viennent scander le récit comme des plongées dans la conscience et des personnages flottent au milieu de multiples corps disloqués. Dans les bulles, des paroles entendues forment comme un écho, des cartouches répètent "un génocide..." "... c'est d'abord du silence." "un silence étourdissant"
Ce roman vient de sortir en poche folio mais il a remporté en 2016 à sa
sortie chez Alma Éditeur le prix Renaudot des lycéens. C’est un premier roman déjà bien établi en somme.
Dans la lignée de femmes héroïnes de ce roman, Marie, sa fille Magdalena, sa fille Libuse, sa fille Eva qui se ressemblent et s’engendrent comme des poupées gigognes, sans papa ou presque. Bien sûr, il y a bien eu des géniteurs mais sur la ligne ad hoc des filles, pas de nom du père. Celui d’Eva est peut-être un beau blond russe, mais il a disparu, chassé par le beau-père de Libuse, le jour même où il a apporté sa petite graine, celui de Libuse est le fils d’un propriétaire qui a dû s’exiler lorsque sa propriété a été confisquée au profit des coopératives, celui de Magdalena est un médecin juif qui s’est enfui avec sa famille quand la menace est devenue trop oppressante à Vienne. Les pères sont donc absents et les beaux-pères, alcoolique et violent pour l’un, absent pour l’autre, ne font pas office de pères.
Ces femmes par conséquent s’assument seules : Marie est tour à tour et parfois simultanément sage-femme, brodeuse, cuisinière et aubergiste, Magdalena aussi brode et soigne les vaches, puis travaille en usine, … Elles ont de la volonté et du caractère.
Autour d’elles gravitent toute une panoplie de personnages plus ou moins sympathiques et tolérants : une française qui vit entourée de livres, une enseignante qui teste les capacités d’Eva à entrer dans la grande école, un maire, embarrassé par la mission d’expulsion qu’il doit exécuter, un jeune communiste qui n’hésite pas à brûler la grange de son patron pour l’obliger à renoncer à sa propriété et qui gravit ensuite les échelons, …
C’est que dans cette fiction qui se construit avec en arrière-plan l’histoire de la Tchécoslovaquie des années 30 à aujourd’hui on est bien loin de l’Ostalgie ! Les communistes y élèvent les vaches en batterie_ce qui scandalise nos héroïnes , ils dépouillent les propriétaires, ils imposent l’uniforme scolaire à la jeune Eva, la seule de toutes semble-t-il, qui ait été scolarisée, ils exigent des élèves qu’ils participent à des groupes de jeunes pour des activités civiques. Dans la lignée de ces femmes, on pratique une résistance passive en évitant les réunions communistes et en évitant l’adhésion. Pour Eva, comme l’entrée à la grande école est conditionnée par cela, le costume, l’étoile rouge et la participation aux groupes « Étincelles » est toléré mais ensuite Eva préférera quitter l’école plutôt que de devoir joindre le groupe des « Pionniers » puis les « Jeunesses communistes » où il faudrait travailler sans même être payée, lui prédit son arrière beau-père (celui qui est un ivrogne, violent, incestueux).
Mais même si ces femmes, sauf Eva, ne sont pas scolarisées, curieusement, elles aiment les romans, notamment La Dame au camélia !
Le texte est écrit avec ce goût manifeste des mots et plusieurs pages la poésie. Comme c’est demain la fête des mères, je choisis cette citation pour preuve : « Ma maman Liba, Libunka. Quand le nom ou le prénom est beau, ça ajoute du beau au beau, j'ai remarqué ça. J'appelle ma maman Libunka, c'est le plus joli de tous les prénoms, je trouve. »