Ce roman publié en 2017 est le premier roman d'une jeune femme qui jusque là s'était investie dans le cinéma. 2017, c'est le temps de #metoo, des femen et des pussy riots, les femmes sont au devant de la scène... mais au même moment des femmes afghanes sont emprisonnées car leur mari a été tué ou car elles ont quitté leur foyer ou car elles ne se sont pas laissé violer, c'est ce que Sonia Naudy montre dans son photoreportage ... et tant d'autres femmes dans tant d'autres pays sont traitées comme des esclaves.
La Tresse sélectionne aussi trois histoires dans une multiplicité, celle de Smita, l'Intouchable , celle de Giulia, la jeune sicilienne, celle de Sarah, avocate canadienne. Giulia n'a que vingt ans, elle découvre l'amour, apprend à faire le deuil de son père et à imposer ses décisions. Les deux autres sont mères, Sarah a trois enfants qu'elle élève seule mais surtout un métier et des ambitions jusqu'à ce qu'un cancer lui brise les ailes. Smita a une fille de six ans et pour lui donner un avenir, elle quitte avec elle sa maison, son mari, son travail. L’auteure tresse leur histoire, elle se montre dans quelques poèmes en intervalles dans ce travail de tressage et elle travaille de sorte qu'une tresse de cheveux sera le lien entre ces trois femmes d'Inde, de Sicile et du Canda.
Le roman offre surtout un intérêt documentaire. La vie de Sarah au Canada peut nous sembler proche de la nôtre, celle de Giulia aussi mais la vie de Smita revoie à un univers nettement moins connu et le livre est sur ce point très bien documenté :
"C'est ainsi quand on n'a plus de mari, on n'a plus rien," soupire-t-elle. Smita le sait : une femme n'a pas de bien propre, tout appartient à son époux. En se mariant, elle lui donne tout. En le perdant, elle cesse d'exister. Lackshmama ne possède plus rien, à part un bijou qu'elle est parvenue à dissimuler sous son sari, offert par ses parents pour son mariage. Elle se souvient de jour faste où, ornée de riches parures, elle avait été conduite au temple par sa famille en liesse pour célébrer ses noces. Elle était entrée dans le mariage avec somptuosité ; elle en sortait dans un total dénuement. Elle aurait préféré que son mari l'abandonne, avoue-t-elle, ou la répudie, au moins la société ne l'aurait pas reléguée au rang de paria, peut-être ses proches auraient-ils montré quelque compassion, là où ils ne lui témoignaient que mépris et hostilité. Elle aurait préféré naître sous la forme d'une vache, ainsi elle aurait été respectée. Smita n'ose lui dire qu'elle a fait le choix de quitter son époux, d'abandonner son village et tout ce qu'elle connaissait. À cet instant, en écoutant Lackshmama, elle se demande si elle n'a pas commis une terrible erreur." (p.157)