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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 16:22

Par ce roman publié en 1997, l'auteure nous fait découvrir la vie d'une famille de gitans relégués sur un terrain vague, en dehors du monde civilisé. Grace à son héroïne, Esther, une "gadjé" dont on ne sait presque rien (elle aurait un mari, et les gitanes se disent qu'il doit être très beau pour qu'elle ne le montre jamais et des fils que l'on ne voit pas davantage), on pénètre avec délicatesse dans le quotidien des gitans : leur fierté, leur mise à l'écart, leur promiscuité, leur pauvreté mais leur générosité lorsqu'ils invitent des plus pauvres à partager leur noël, leurs valeurs, le rôle des femmes, celui des maris, l'importance des enfants, le respect de l'aïeule ... Lorsque naît le petit garçon de Lulu, le père n'est pas admis à l'hôpital et son épouse l'est tout juste pour accoucher ; l'enfant n'est même pas déclaré à l'état civil, Lorsqu' Esther, qu' Angélique, la matrone du camp, finira par appeler "ma fille" parvient enfin à convaincre la directrice de l'école d'y inscrire la petite Anita, une porte semble enfin s'ouvrir mais peu après, les gitans sont chassés du terrain vague où ils séjournaient, Ester les voit moins régulièrement. Or, sa venue régulière au camp était pour les enfants puis pour tous un moment précieux car chaque semaine, elle lisait aux enfants de nouveaux livres et les écoutait réagir. A travers elle, le lecteur aussi découvre la sensibilité et l'intelligence de ces enfants avides de découvrir le monde et de rêver comme tous les enfants :

"Chaque mercredi (vers onze heures) Ester les installait l'un après l'autre dans la voiture. Elle laissait tourner le moteur et mettait le chauffage au plus fort. Tu vas bouziller ta batterie, disait Sandro. Tu crois ? s'inquiétait Esther. Il hochait la tête. Je coupe ? demandait-elle. Non ! hurlaient les enfants.Ils riaient. C'était toujours le même plaisir. La petite soufflerie ronflait. Esther prenait son livre. Ils ne bougeaient plus et hormis quelques reniflements, le silence était total. Elle ignorait qui, de la chaleur ou de l'histoire, les apaisait d'un seul coup, sans qu'ils ne demandent rien? Ils ne sont pas difficiles, se disait elle. Jamais ils ne réclamaient, jamais ils n'avaient soif ou faim comme d’autres enfants qui ont sans arrêt besoin de quelque chose . Elle lisait dans le calme. On entendait juste le ronflement d'air chaud. Les enfants avaient posé leurs mains sur leurs cuisses. "Un âne comme Cadichon est un âne à part. - Bah! tous les ânes se ressemblent et ont beau faire, ils ne sont jamais que des ânes. ". Ils entraient petit à petit dans la chose du papier, ce miracle, cet entre deux-deux. "Il y a âne et âne. " Certaines tournures leur semblaient drôle. Ils riaient sans retenue. Esther ne s'arrêtait plus de lire pendant près d'une heure, et quand elle finissait, ils s'étiraient, revenant de l'autre monde, plus enveloppant, plus rond, plus chaud que celui dans lequel ils retournaient à peine sortis de la voiture et qui les mordait au visage comme un chien fou."p 110, 111, Babel, Acte Sud

En somme, un très beau roman, plein de délicatesse.

J Bicrel

 

Grâce et dénuement est une œuvre d’Alice FERNEY éditée chez   Actes Sud et parue en 1997. Alice FERNEY alias Cécile Brossollet est née le 21 novembre 1961, elle vit à Paris et enseigne à Orléans, elle a déjà publié chez Actes Sud Le Ventre de la fée (1993) et L’Elégance des veuves (1995).

Sujet :

                C’est l’histoire d’une bibliothécaire du nom d’Esther, une « mangeuse de livre » qui un jour a commencé à faire la lecture aux enfants dans un camp de gitans. Au début, les parents étaient réticents mais ils la laissaient faire pour le plus grand bonheur des enfants. Suite à cela, les principaux membres du camp se sont mis à l’apprécier et à la considérer de la famille. Tout les mercredis matin elle allait faire la lecture, une des filles allait même à l’école grâce à elle. Mais des événements ont tout fait basculer, la mort d’un des enfants, l’exclusion d’un autre et la mort d’Angeline, la grand-mère du camp. Suite à cela, Les gitans ont déménagé plus loin c’est pourquoi Esther ne va plus aussi souvent leur faire la lecture.

Verbe :

Alice Ferney manifeste notamment une prédilection pour le style indirect libre et elle aime croiser les consciences de ses personnages. Elle emploi e aussi le discours direct.

Voici l’extrait que j’ai choisi, il est situé aux pages 25,26 :

« Le petit éléphant volant », ce fut son prénom. Le dernier-né de Misia s’appela Djumbo. Parce que sa mère n’avait pas d’idée et que son père lui trouvait de grandes oreilles. Djumbo naquit le premier sur ce nouveau territoire, mais pas plus que les autres n’y reçut sa place.

 Le voyage en camion, le travail pour s’installer et l’anxiété naturelle de la mère dans ce grand remuement s’étaient confondus avec le terme. Le lendemain de leur arrivée au potager, dans une aube fraiche et mouillée de banlieue, Misia et Lulu partirent pour l’hopital. Ils se perdirent dans le dessin inconnu des rues toutes semblables qu’ils découvraient ce matin-là. Et il devrait y avoir un dieu des mères et des enfants, puisqu’ils finirent par s’y retrouver dans le plan qu’ils consultaient.

                Tout d’abord, on les renvoya. La grossesse s’était passée ailleurs, la future mère n’était pas inscrite à la maternité. Mais l’homme qui ne portait pas son enfant souffrait plus que la mère qui le mettait au monde. Il  laissa se crever la boule d’amour et d’impuissance qui s’était faite en lui. De Misia blanche et ronde, et même plus que blanche, si blême et silencieuse, personne ne se préoccupait : Lulu devint fou. Il hurla de toute sa juste colère, le bruit qu’il fit réussit à convaincre. Un interne se mit à crier lui aussi, après ce cirque et cette honte, pour qu’enfin vienne une sage-femme. La conscience médicale acheva de faire ce qui était dû : on voyait les cheveux de l’enfant. »

Jai choisi cet extrait car pour moi il est représentatif du livre et également de la vie des gitans. Jai été scandalisée par ce passage en voyant à quel point ils étaient exclus. Une femme était sur le point d’accoucher et les services médicaux ne réagissaient pas. Je trouve cela extrêmement grave.

Complément :

Pour ma part, j’ai vraiment dévoré ce livre, du début jusque la fin. Il était à la fois émouvant et instructif.  Malgré les mésaventures, leur clan a toujours été soudé et Esther qui ramenait toujours un peu de bonheur dans ses lectures.

Ce livre met beaucoup en valeur le respect des uns envers les autres, quelle que soit l'origine. Mais il fait également énormément ressortir  les relations entre la femme et son mari. La mort est elle aussi très présente.

Clémence, 1S2

Sujet :

Des Gitans viennent occuper l’ancien potager, qui restait totalement inconstructible, d’une institutrice retraitée, celle-ci ne voulant, en effet pas le vendre à la commune. Ces gens du voyage forment une famille, effectivement la mère, Angéline, vit avec ses cinq fils, ses quatre belles-filles et ses nombreux petits-enfants. Cette famille est en marge de la société et plongée dans une grande misère. Cependant elle ne recherche pas de soutien auprès du reste de la population, d’autant plus que celle-ci  ne l’accueille pas avec joie. On observe donc deux mondes opposés qui se côtoient. Mais un jour, une bibliothécaire nommé Esther DUVAUX, va venir discuter avec Angéline, le pilier de cette tribu. Pendant un an, elle rendra visite à celle-ci, jusqu’au jour où elle propose à Angéline de venir, chaque semaine, lire des histoires aux enfants illettrés. Mais c’est tout d’abord avec un peu de nonchalance qu’Esther DUVAUX est accueillie, effectivement la vieille n’aime pas montrer qu’elle manque de quelque chose même si elle sait que des livres, jamais elle n’en a possédé. Angéline finit par accepter le projet de la bibliothécaire, les enfants s’attachent alors de plus en plus à cette femme, jusqu’à ne plus pouvoir s’en passer. Les femmes commencent à venir écouter ses histoires et même Angelo (le seul des fils d’Angéline qui n’a pas de femme). Celui-ci devient même amoureux (en secret) de cette bibliothécaire. Elle fait ainsi rêver les petits et les grands.

Verbe :

Alice FERNEY nous raconte cette histoire à travers une écriture au style plutôt courant et sobre, où elle exprime de nombreux sentiments tels que la fierté, l’amour, la haine, la tristesse… Elle emploie une majorité de phrases assez longues mais souvent ponctuées par des virgules. Ses paragraphes aussi sont très longs et sondent patiemment les secrets des gitans et les replis de l’âme. Elle nous décrit en effet la misère que vivent ces Gitans et nous fait part du portrait de ceux-ci. Cela permet ainsi aux lecteurs de rentrer dans l’intrigue et surtout de mieux pénétrer l’univers secret des gitans..

Extrait :

«Un peu plus loin, du côté des caravanes, les femmes étaient aussi entre elles-groupées autour du feu comme autour de leurs secrets, qui n’étaient pas tant ce qu’elles savaient ou fabriquaient et qu’elles auraient voulu taire, mais ce qu’elles ressentaient et qu’elles ne pouvaient pas dire. Parce qu’on a beau vouloir croire le contraire, un homme, un mari, ça ne comprend pas tout. Ça comprend rien ! disait Angéline qui pensait à ses nuits de désirs muets que l’époux n’avait pas soupçonné, lui qui avait pu dormir à coté d’elle sans la toucher. Oh mais oui ! Il avait refusé cette nature flamboyante qui avait fait cinq fils sans se coucher. Elle le répétait : Les hommes et les femmes, c’est rien de commun, et ça tient toujours à cause des femmes. Parce qu’elles en finissent assez vite de s’aveugler et de vouloir. Elles voient, après la chair, l’amour et les caresses qu’ils s’arrêtent jamais de prendre, et qu’il y a rien d’autre à faire que donner. Et ce qu’elle-même avait donné, non décidément elle ne l’avait plus, pensait Angéline, son ventre, sa douceur de nid, son élan pour diriger la vie sur un bon chemin et la gaieté d’avoir à le faire. Toute cette grâce pour vivre s’était diluée dans une grande fatigue. L’épuisement était entré en elle imperceptiblement, un jour derrière l’autre à se dire qu’elle se sentirait mieux le lendemain, un mois glacé après un autre, une année mauvaise suivant une qui n’avait pas été facile (on passe son temps à attendre au lieu d’être). L’épuisement avait d’abord emporté la fraicheur de son visage - sans que personne n’y vit rien car elle continuait de sourire elle était encore jolie. Puis la force incroyable de son corps, la vitalité inaltérable qui le portait vers une tâche, cela s’était perdu ensuite. Son visage alors était devenu ridé et gris (lui qui avait était rond et fruité) et ses yeux étaient entrés dans deux petites cavernes bleues dont elle ne sortirait plus jamais, et elle avait grossi à force de moins se remuer. Pour finir il n’était rien resté de ce qui avait fait la femme et la mère. Quand l’immense appétit (de plaisir et d’enfants, de vin, de fêtes, de bon sommeil et de vie) s’était usé contre le mari endormi, affalé, mort enfin, elle était restée seule avec une étrangère : elle-même veuve et vieillie elle était lasse maintenant, et lui, ce mari qui l’avait prise et gardée tout de même n’en était pas venu à bout : il était mort avant elle. Elle n’en avait choisi d’autre. Non qu’elle n’avait pas eu de nouvelle envie d’amour, mais c’était une envie simple et minuscule, elle aurait voulu cette fois ne donner que sa peau. Or sa peau ne pouvait suffire (ça ne suffisait jamais d’ailleurs), elle était fripée depuis longtemps. Que la vie est triste ! se disait quelque fois Angéline, on ne fait que décliner après avoir travaillé, et nous les Gitanes, on a pas le temps d’apprendre quelque chose, un métier, le monde comment il est tourné, que déjà on se trouve grosse, accaparée par les enfants et le mari. »

Ce passage se situe entre la page 46 et la page 47. Il se trouve dans la deuxième partie de l’œuvre.

Je trouve cet extrait représentatif de ce roman, en effet dans ce passage on en apprend davantage sur la vie antérieure d’Angéline car la narration se mélange au propos rapportés dAngéline. J’ai trouvé cela pertinent puisque c’est elle qui dirige la tribu, qui est le pilier de celle-ci. De plus dans cet extrait on remarque que les femmes restent ensemble et on voit le caractère franc d’Angéline lorsqu’elle affirme à ses belles-filles : « un homme, un mari, ça ne comprend pas tout. Ca ne comprend rien ! ». Je trouve aussi que cet extrait représentait bien le titre de ce roman, on y retrouve la grâce de cette vieille dame puisqu’en effet elle continue de sourire mais avec l’épuisement et le dénuement dans lequel cette famille est contrainte, Angéline perd sa force et sa vitalité.

 

Complément :

J’ai très vite accroché au roman, en effet l’action démarre in medias res et cela permet une immersion dans l’histoire. De plus j’aime beaucoup les romans qui nous racontent la vie de personnes, et en particulier dans celui-ci j’ai été très touchée par la misère de ces Gitans, d’autant plus qu’il y a des enfants, et que ces derniers ne sont même pas scolarisés. Ils ne savent ainsi ni lire, ni écrire, ni compter. C’était alors une très bonne idée de faire intervenir une bibliothécaire, qui fait preuve d’une grande patience et d’une grande générosité. Cela montre aussi à quel point la lecture peut faire oublier pendant quelques instants la misère. J’ai trouvé cela magnifique. De plus cette famille me passionnait et en particulier Angéline, qui est une femme de caractère mais elle était très touchante car à certains moments j’ai pu éprouver une certaine pitié à son égard. En effet les conditions dans lesquelles elle vit ne sont vraiment pas faciles pour une femme de cet age. Mais tous les personnages m’ont quand même intéressée, car on a l’impression de vivre leur quotidien avec eux. L’histoire nous tient en haleine jusqu’au bout, avec une fin très touchante et toujours avec l’envie d’en apprendre plus sur cette famille ! Je conseille alors vivement cette lecture, dont je me souviendrai longtemps. Un roman à ne pas rater !!       

Pauline, 1S2   

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commentaires

V
trrop coule
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J
WALLAH C TRO BIHEIN
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T
bravo
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