S'engager dans la lecture de ce roman de presque 500 pages, c'est accepter de se poser des questions d'un bout à l'autre et finalement accepter de n'avoir pas de réponse. Delphine de Vigan joue en virtuose avec les codes et avec les références. Réalité ou fiction semble être la question centrale pour l'héroïne mais manifestement, l'auteur n'est pas dupe et moi non plus : l'art du récit qui permet à l'auteur de tenir son lecteur en haleine est bien plus indispensable au romancier que ce faux débat de la réalité et de la fiction. Impossible de raconter l'histoire sans risquer de trop en dire.
Un livre à lire pour le plaisir de se laisser mener par le bout du nez mais aussi parce qu'on y retrouve nombre de références au monde de l'écriture : lecteurs, page blanche, attentes, intertextualité, singularité, réalité, fiction, romancier, singe, biographie, succès et rançon du succès, outils de l'écriture, monde de l'édition, ...
Extrait qui ne manque pas de piquant : "Dans la matinée, mon éditrice m'a appelée. Sans que j'aie eu le temps de placer un mot, elle s'est lancée dans une tirade enthousiaste, émue, transportée, elle était sens dessus dessous, c'était un texte intelligent, elle l'avait lu d'une traite sans pouvoir le lâcher, c'était perturbant et captivant,sans aucun doute ce que j'avais écrit de meilleur..." p.453
Je n'avais lu jusqu'ici que Les heures souterraines, je découvre dans cet autre roman une autre image des talents de Delphine de Vigan. J'ai bien envie de lire les autres textes.