Ce livre n'est pas un roman, loin s'en faut ! c'est le réel le plus cru, le plus déprimant, le plus désespérant possible, un récit autobiographique aux chapitres brefs, entrecoupés de pages blanches comme des abîmes.
J'avais déjà lu Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas et vu Moi, Corinne Dadat, un spectacle de Mohamed El Khatib mais je n'étais pas préparée aux premières pages de ce livre, elles ont failli me faire abandonner la lecture. Heureusement l'auteure a une plume qui lui permet de partager les affres de l'existence avec son lecteur jusqu'au bout. C'est qu'elle cumule les difficultés de sa jeunesse d'enfant d'immigrés algériens à La Ciotat au déclassement social lorsqu'après la naissance de son fils, elle ne parvient plus à retrouver un rôle au théâtre alors qu'elle jouait jusque là dans des théâtres subventionnés où elle gagnait jusque 4000 euros mensuels. Elle prend alors des heures de ménage, jusque quinze heures par semaine à dix euros l'heure et chaque journée devient un calvaire. "J'ai mal à Platonov" écrit-elle, se souvenant de Tchekhov et de son "Fou de Platonov" "C'est seulement maintenant que je peux en percevoir toute l'âpreté, car elle définit si justement ce que je ressens, l'état épouvantable dans lequel je me trouve.
J'ai mal à Platonov.
Du désenchantement de l'existence. Cette fois, à n'en pas douter, elle m'a touchée au cœur." (p 90) L'auteure, heureusement s'est maintenant fait un nom dans le monde de la littérature, juste retour des choses.