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18 février 2021 4 18 /02 /février /2021 11:02

Les tribunaux regorgent de ces faits divers plus sordides les uns que les autres, relayés ensuite par la presse. La fascination / répulsion des lecteurs alimente même la presse à scandale.

Dans ce roman, l'auteur ne nous épargne rien de l'horreur des crimes - passages cauchemardesques ! _  mais il laisse parler son personnage, Duke, victime devenue coupable et le relai de cette voix devient vite l'essentiel.  Duke écrit sa propre histoire de sa cellule alors qu'il est condamné à la prison à perpétuité, il ne s'adresse à personne de précis, c'est une parole cathartique par laquelle il affonte son "démon" hérité de la "colline aux loups" et se souvient de "la chaleur"  du "nid" où il dormait avec ses frères et sœurs, de la tendresse de sa sœur Clara, de la nature, de l'amour de son amie Billy, de Pete et Maria, sa famille d'accueil. Il alimente son récit de ses lectures, le Traité du Purgatoire Sainte Catherine  puis Les Confessions de St Augustin.  En effet, Duke raconte sa vie de sa petite enfance à sa mort sans jamais se départir de la question philosophique et morale du bien et du mal.

Sa parole dérange : il ne ponctue presque pas, il dispose d'un lexique limité et original. Le lecteur est bien obligé de prendre un peu de recul et c'est grâce à cela qu'il échappe à la fascination/ répulsion pour accéder avec Duke à des questions bien plus profondes, à une sensibilité, à un imaginaire, à un regard singulier et décapant, en somme à la condition humaine et à l'humain. 

Avec ce roman, on songe à tour de rôle à L'Etranger de Camus, au Dernier jour d'un condamné de Hugo et plus encore à Crime et Châtiment de Dostoevski.  Mais ici la langue épurée du héros nous fait accéder à une œuvre tout à fait singulière, bouleversante.

Extrait choisi : "Je me suis agenouillé et j'ai pris le sable dans mes mains ça faisait comme de l'eau solide. J'en ai passé sur mon visage, j'en ai goûté ça n'était pas bon. Je suis resté là à me rouler dedans et à approcher l'eau je sentais la force permanente du sel balayer mes instincts et je crois que j'aurais voulu mourir d'avoir rencontré autant de majesté. L'eau était froide j'ai été secoué par une vague je me suis retrouvé trempé et je criais dans l'eau lave-moi viens te battre avec le Démon." p 144

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